Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caton (suite)

Caton d’Utique

(95 - Utique 46 av. J.-C.). Petit-fils de Caton l’Ancien, à la fois homme politique et philosophe stoïcien, il poursuit la tradition familiale d’intégrité et d’austérité. Mêlé aux conflits de l’époque des guerres civiles, il s’oppose aux ambitieux qui menacent les libertés républicaines. Il obtient la condamnation des complices de Catilina. Hostile à la fois à César et à Pompée, il ne peut trouver sa vraie place dans aucun des deux camps. Après la mort de Pompée, il se replie sur l’Afrique avec quelques républicains, s’enferme dans Utique, puis, abandonné de tous après la bataille de Thapsus (46), se suicide pour ne pas survivre à la république, dont il portait le deuil depuis le début de la guerre civile.

R. H.

➙ Carthage / Rome.

 E. V. Marmorale, Cato Maior (Catane, 1945 ; 2e éd., Bari, 1949). / F. della Corte, Catone censore, la vita e la fortuna (Turin, 1949). / D. Kienast, Cato der Zensor (Heidelberg, 1954).

Caucase

En russe Kavkaz, haute chaîne de montagnes située en Union soviétique, culminant à l’Elbrous (5 633 m), longue de plus de 1 200 km, s’étendant entre la mer Noire et la mer Caspienne.


Par la tectonique et la structure, on a coutume de rattacher à la chaîne caucasienne au sens strict les massifs, plateaux et sommets volcaniques des régions dites « transcaucasiennes », s’étendant sur les territoires des trois républiques de Géorgie, d’Arménie et d’Azerbaïdjan, qui forment une « grande région économique » en plein développement.

Le Caucase représente l’une des plus belles chaînes du système alpin. Les mouvements tectoniques se sont poursuivis du Primaire au Quaternaire. À partir du Miocène, ils ont pris la forme de puissants charriages accompagnés de profonds mouvements de subsidence (dépressions de la Géorgie et de la Koura) et d’un volcanisme intense. Au-dessus d’une zone axiale cristalline, enrobée de plis formés dans le flysch détritique, se dressent des cônes éruptifs qui donnent les sommets les plus élevés. La continuité du soulèvement est marquée par une épeirogénie récente (plus de 3 000 m de déformation verticale durant le Quaternaire) ; la présence de très nombreuses sources thermales, la fréquence des séismes contemporains, les mouvements néotectoniques de la presqu’île d’Apchéron (plis diapirs, volcans de boue au-dessus de structures profondes renfermant de grandes quantités d’hydrocarbures), tous ces faits témoignent d’une activité intense des mouvements du sous-sol.

Le Caucase joue le rôle d’une haute barrière qui oppose aux masses d’air froid du nord un obstacle suffisant pour les régions transcaucasiennes, qui connaissent des hivers doux et des étés très chauds : la Colchide, en Géorgie, et la région de Lenkoran, en Azerbaïdjan, offrent de beaux exemples de climats et d’agriculture subtropicaux. La chaîne n’est traversée qu’aux deux extrémités et par la route dite « militaire », voie de pénétration des Russes au temps de la conquête, unissant Tiflis (Tbilissi) à Vladicaucase (Ordjonikidze). Ainsi, la montagne est demeurée un refuge de peuples isolés et se présente encore de nos jours comme le musée des traditions et un puzzle d’ethnies, de langues, de religions que reflète parfaitement l’inextricable découpage administratif ; celui-ci s’efforce de sauvegarder une certaine autonomie aux peuples habitant la montagne, les vallées et les dépressions.

Pendant longtemps, la montagne n’a joué qu’un rôle secondaire dans l’économie régionale. Elle fournit à l’avant-pays ses pâturages verdoyants durant l’été, fréquentés par les pasteurs semi-nomades ou transhumants des plaines. Ses eaux, assez abondantes surtout dans le Centre et l’Ouest, plus élevés, mieux arrosés et comportant plus de 2 000 km2 de glaciers, alimentent les réservoirs aux fins de production d’énergie électrique et d’alimentation des périmètres d’irrigation. Quelques ressources minérales sont exploitées dans la chaîne caucasienne, et le tourisme thermal s’est développé à Piatigorsk et à Kislovodsk (où se trouve la célèbre source « Narzan »). Mais, dans l’ensemble, la montagne s’est dépeuplée au profit de la plaine, qui offre des emplois et des sources de revenus très supérieurs : ne restent au-dessus de 1 000 m que quelques tribus de pasteurs et d’agriculteurs sédentaires, groupés dans de pittoresques villages du nom d’aoul.

Les programmes de développement économique concernent donc l’avant-pays (région du Nord-Caucase, faisant partie de la république de Russie) et les républiques transcaucasiennes. L’exploitation des ressources minières (pétrole de la région de Bakou, minerais non ferreux, notamment le cuivre, traité à Roustavi et en Arménie), l’extension des superficies irriguées à partir des grands troncs fluviaux — en particulier en Azerbaïdjan, dans la dépression Rion-Koura et en Arménie (dans la vallée de l’Araks [Araxe] et autour du lac Sevan) — et la naissance de grosses agglomérations urbaines (villes nouvelles, villes champignons et capitales dépassant le million d’habitants, comme Tbilissi et Bakou) constituent les signes majeurs du développement de régions périphériques, longtemps isolées et négligées, mais dont l’avenir s’annonce brillant. Ces régions rassemblent plus de 15 millions d’habitants, population en croissance rapide en raison du maintien de taux d’excédents naturels élevés. Elles ravitaillent l’Union soviétique en vins, fruits tropicaux, thé, riz, textiles, plantes oléagineuses et légumes. La production d’énergie électrique (environ 15 TWh) doit s’élever avec la mise en valeur du potentiel hydraulique. La prospection intense des hydrocarbures et des minerais doit entraîner une industrialisation accélérée, en particulier des branches métallurgiques, textiles et chimiques (production d’engrais). Le pipe-line Bakou-Batoum, le nouveau réseau de gazoducs qui, à partir de Bakou, atteint Tbilissi et Erevan, le percement de voies ferrées nouvelles et de routes modernes doivent permettre le désenclavement de ces régions. Enfin, dans le cadre d’une politique internationale plus ouverte, les pays du Caucase et transcaucasiens participent à l’ouverture des relations commerciales et même culturelles en direction de la Turquie, du Moyen-Orient et de l’Asie.

A. B.

➙ Azerbaïdjan / Géorgie.