Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cartier (Jacques) (suite)

Le deuxième voyage et le premier hivernage des Français

La traversée est, cette fois, difficile : les navires ne se regroupent dans la baie des Châteaux que le 26 juillet. Puis ils suivent le littoral qui prolonge celui du Labrador. Cartier donne le nom de Saint-Laurent à une petite baie limitée par l’île Sainte-Geneviève (en face d’Anticosti) : le nom sera ensuite étendu à l’estuaire et au grand fleuve du Canada. L’ouverture vers l’ouest est enfin trouvée. Après avoir dépassé l’embouchure du Saguenay, on atteint l’île aux Coudres le 6 septembre. Le surlendemain, Cartier rencontre le chef Donnacona. À partir du 15, il se fixe sur les bords de la rivière Sainte-Croix (auj. Saint-Charles), en face du promontoire de Stadaconé, où s’établira Québec. L’installation des Français inquiète les indigènes, qui veulent sans doute se garder le monopole des trafics situés plus en amont : comme les Aztèques devant Cortés, ils chercheront par des cérémonies magiques à dissuader les nouveaux venus de poursuivre plus avant. Peine perdue : le 19 septembre, Cartier repart sur l’Emerillon. Après plusieurs étapes, il parvient en chaloupe à Hochelaga (2 oct.), grosse agglomération entourée d’une palissade, en contrebas d’une ligne de hauteurs baptisées Mont-Royal (c’est le site de Montréal).

De retour à Stadaconé, Cartier s’installe dans le fortin que ses compagnons, restés sur place, ont édifié entre-temps : les relations avec les indigènes se sont, en effet, singulièrement refroidies, et il faut prendre des mesures de sécurité. Mais la véritable épreuve commence avec le terrible hiver canadien. Les mauvaises conditions alimentaires entraînent une épidémie de scorbut qui emporte vingt-cinq marins : un pèlerinage est promis à Rocamadour pour inciter le Seigneur à la pitié. Mais ce sont les païens qui, par une tisane de feuilles de cèdre blanc, apportent le remède immédiat au terrible mal.

Le 6 mai 1536, abandonnant la Petite-Hermine, Cartier met la voile, emmenant avec lui, par force, le chef Donnacona et plusieurs de ses sujets. Il emprunte le détroit dit plus tard « de Cabot » et prouve ainsi l’insularité de Terre-Neuve. Le 16 juillet, les deux navires restants entrent dans le port de Saint-Malo. François Ier, satisfait du rapport de l’expédition, qui laisse entrevoir de grandes richesses minières dans le pays du Saguenay, donne à Cartier la Grande-Hermine. Mais la guerre vient de reprendre contre Charles Quint, et la commission pour un troisième voyage n’est délivrée à Jacques Cartier qu’en octobre 1540. Le 15 janvier 1541, le protestant Jean François de La Roque de Roberval est substitué à Cartier à la tête de l’expédition : cette nomination d’un gentilhomme devait donner du poids à l’entreprise, qui devient un véritable début de colonisation, avec occupation effective du pays découvert.


Le troisième voyage

Autorisé à précéder son chef, Cartier part avec cinq navires et environ quinze cents hommes le 23 mai. Ce dernier voyage est difficile, puisque le havre de la rivière Sainte-Croix n’est atteint que le 23 août. Un nouveau camp, qui prendra le nom de Charlesbourg-Royal, est établi, sur le Saint-Laurent, au confluent de la rivière du cap Rouge (aujourd’hui près du pont de Québec). En septembre, sur deux barques, Cartier repart pour Hochelaga et les pays où l’on espère trouver enfin l’or et les diamants. Mais les rapides du Saint-Laurent et de l’Ottawa ne permettent pas d’aller très loin vers l’amont. Muni d’échantillons de pierres qu’il croit précieuses et de pépites qu’il pense être aurifères, Cartier revient vers le cap Rouge aux approches de la mauvaise saison. Des abus dont ont été victimes entre-temps les indigènes conduisent ces derniers à entreprendre une sorte de siège du camp, ce qui rend l’hivernage particulièrement difficile. Estimant ne pouvoir attendre plus longtemps Roberval, Cartier donne le signal du départ en juin 1542. Il rencontre enfin Roberval à Terre-Neuve, mais refuse de revenir au Canada pour y ouvrir la voie à son chef : ce dernier connaîtra un piteux échec dans cette première tentative de colonisation du Canada. De retour à Saint-Malo à la fin de l’été, Cartier doit subir une cruelle désillusion et une amère humiliation lorsque les spécimens de ses trésors se révèlent sans la moindre valeur : on dira désormais d’une gemme douteuse qu’elle est « fausse comme diamant du Canada ». Le Nouveau Monde a bien déçu le roi et l’opinion. Il faudra plus d’un demi-siècle pour que les Français s’intéressent de nouveau, avec Champlain, à ces terres septentrionales. On a attribué à Cartier, sans preuve valable, le commandement de l’expédition qui rechercha Roberval en 1543 ; en fait, il ne lui restait plus, à cette date, qu’à tenter de rentrer dans les frais qu’il avait engagés et à se consacrer à la mise en valeur de son domaine du Limoilou, près des remparts de Saint-Malo.

S. L.

➙ Canada / Empire colonial français.

 H. P. Biggar, The Voyages of Jacques Cartier (Ottawa, 1924). / L. Groulx, la Découverte du Canada (Libr. Granger, Montréal, 1934). / Gaston-Martin, Jacques Cartier et la découverte de l’Amérique du Nord (Gallimard, 1939). / C. A. Julien, les Voyages de découverte et les premiers établissements (P. U. F., 1948). / J. Chabannes, Jacques Cartier (La Table ronde, 1960).

cartilage

Tissu conjonctif sans vaisseaux, résistant et élastique, formant le squelette de l’embryon avant l’apparition de l’os et ne persistant chez l’adulte que dans le pavillon de l’oreille, le nez et à l’extrémité des os, où il recouvre les surfaces articulaires.



Histologie

Le tissu cartilagineux est constitué de cellules (chondroblastes à l’état jeune, chondrocytes à l’état adulte) noyées dans une masse blanchâtre, la substance fondamentale, qui donne au cartilage son aspect caractéristique. Cette substance fondamentale est soit parfaitement homogène (cartilage hyalin des surfaces articulaires), soit envahie de fibrilles conjonctives (cartilage élastique, fibrocartilage [disques intervertébraux par exemple]).