Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canaries (suite)

L’histoire

Les Canaries étaient connues des Grecs, des Phéniciens et des Romains. Juba, roi de Mauritanie, y mena une expédition. Cependant, longtemps, les îles Fortunées — comme on les appelait — furent considérées comme une région mythique. Les Arabes semblent y avoir commercé au xe s. ; Génois, Espagnols, Portugais et Français visitent les îles au xiiie s. Lanzarote, qui est découverte par Lancerotto Marocello en 1312, est occupée en 1402 par Gadifer de la Salle et Jean de Béthencourt, partis de La Rochelle ; Béthencourt, reconnu roi par son suzerain Henri III de Castille, poursuit la conquête des Canaries (Fuerteventura, Hierro...). En 1406, il retourne en Europe, laissant le gouvernement des îles à son neveu Maciot de Béthencourt : celui-ci doit céder ses droits à l’Espagne. De 1420 à 1479, les Portugais disputent l’archipel aux Espagnols ; finalement, le traité d’Alcáçovas (1479) reconnaît la souveraineté de l’Espagne sur les Canaries. Les colons traquent alors et massacrent les derniers autochtones, les Guanches. En 1491, La Palma tombe aux mains des Espagnols, qui, en 1496, sont maîtres de Tenerife.

Relais indispensable entre l’Europe et le Nouveau Monde, les Canaries assurent à Christophe Colomb une base indispensable. L’économie (sucre, vin), orientée vers l’Amérique latine, est sévèrement contrôlée par la Casa de Contratación ; d’autre part, la richesse des îles attire les pirates et les corsaires anglais.

En 1936, les Canaries constituent le premier foyer du soulèvement nationaliste espagnol, mené par le général Franco.

P. P.

 D. A. Bannerman, The Canary Islands, their History, Natural History and Scenery (Londres, 1922). / P. de Panthou, Îles Canaries (Hachette, 1964). / J. A. Castro Fariñas, les Canaries (A. Michel, 1966).

Canberra

Capit. de l’Australie ; 174 000 hab.


Canberra, située à 35° 20′ de lat. S., est une ville artificielle, construite pour être le centre politique d’un immense État (comme Washington, New Delhi ou Brasília). Sa création résulte de la rivalité des anciennes colonies britanniques qui constituèrent en 1901 l’État australien ; il fut alors décidé que la capitale fédérale ne serait ni Melbourne ni Sydney, mais une ville nouvelle qui serait édifiée dans la partie méridionale de la Nouvelle-Galles du Sud, à 250 km de Sydney. Dans la période 1902-1908, neuf emplacements différents furent proposés, et, en 1908-1909, le site de la future capitale fut choisi dans une haute plaine de la Cordillère australienne, à environ 600 m d’altitude. Trois ans plus tard, le territoire fédéral (2 432 km2) fut délimité. (On y ajouta curieusement un « débouché » sur la mer, c’est-à-dire une petite péninsule située sur la rive sud de Jervis Bay.)

La plaine de Canberra est drainée par un affluent du Murrumbidgee, le Molonglo, que dominent trois collines d’environ 200 m de haut. La région offre l’avantage d’un climat agréable et stimulant : la moyenne annuelle des températures est de 13,3 °C, la moyenne du mois le plus chaud (janvier), de 20,3 °C et celle du mois le plus frais (juillet) est de 5,8 °C. Canberra n’est pas à l’abri des vagues de chaleur de l’été (moyenne des maximums absolus de chaque année : 37,2 °C), mais celles-ci sont relativement courtes et les nuits sont reposantes. En hiver, les gelées ne sont pas rares, et la moyenne des minimums absolus de chaque année est de – 6,1 °C ; même en temps ordinaire, il est nécessaire d’allumer du feu dans la soirée. L’air est assez sec, le climat est ensoleillé, et, dans cette plaine abritée, les précipitations sont modérées : 584 mm en moyenne (deux fois moins qu’à Sydney).

Lorsqu’elle a été choisie pour devenir le site de la capitale, la plaine était occupée par une forêt claire d’eucalyptus et par des pâturages, qu’utilisait un médiocre élevage extensif. Un concours international fut organisé en 1911 pour la présentation d’un plan d’urbanisme : la maquette d’un architecte de Chicago, Walter Burley Griffin (1876-1937), fut retenue. Une large avenue, la Commonwealth Avenue, traverse la vallée du Molonglo et réunit les deux centres de Capital Hill et de City Hill.

Capital Hill, au sud, est le centre d’un ensemble circulaire où se localisent les majestueux bâtiments du gouvernement fédéral, en particulier le Parlement, ainsi que le grand hôtel « Canberra ». Sur l’autre rive, au nord, City Hill est le centre administratif et commercial de la ville, avec le même plan qu’au sud, c’est-à-dire des anneaux concentriques entourant un vaste rond-point. À l’ouest de ce « Civic Centre », l’université nationale groupe déjà plus de 3 000 étudiants et développe ses centres de recherche ; elle est complétée par l’important Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization (CSIRO). À l’est ont été installés les bâtiments militaires, les bureaux du ministère de la Guerre (Russel Offices), l’école militaire et, près de l’aéroport civil, la Royal Australian Air Force. L’école navale a été construite sur le territoire fédéral de Jervis Bay.

Les quartiers de résidence s’étalent très largement dans la plaine et sur les basses pentes des collines avoisinantes. Il existe quelques immeubles à appartements (flats), mais la plupart des habitants restent fidèles à la maison individuelle, entourée d’un jardin. Les quartiers du nord se sont développés plus rapidement, en particulier grâce aux ambassades, mais de nouveaux quartiers sont en construction au sud-ouest, où, à Yarralumla, est prévu le logement de 60 000 personnes.

Certains quartiers de la ville sont encore entourés par la forêt claire d’eucalyptus, que la plantation de deux millions d’arbres transforme progressivement en beaux parcs. Le fond de la vallée du Molonglo a dû être noyé en un chapelet de lacs séparant les quartiers du nord de ceux du sud. Canberra est une ville extrêmement étalée, où la dispersion des activités urbaines rend nécessaire l’utilisation continuelle de l’automobile.