Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Afrique (suite)

La structure et le relief

L’Afrique est un continent massif, aux côtes peu découpées, constitué en majeure partie par un vieux socle accidenté seulement par des cassures et des mouvements à grand rayon de courbure, à l’exception du Maghreb, qui appartient à la zone des plissements alpins.

Le vieux socle africain serait l’une des parties principales d’un ancien continent fondamental, dit de Gondwana, qui aurait réuni avant sa dislocation au début du Secondaire le bouclier brésilien, le Deccan, Madagascar, la plus grande partie de l’Australie et du continent antarctique. Ce socle, l’un des plus vastes du monde, est constitué par des roches très anciennes, cristallines (granites) ou métamorphiques (gneiss, schistes, quartzites), qui ont été plissées lors de plusieurs cycles orogéniques précambriens, arasées par l’érosion, et ont acquis, du fait de leur ancienneté, une grande rigidité. Le socle n’a plus subi ensuite que des mouvements de cassure et des déformations à grand rayon de courbure. Ces déformations sont à l’origine de la structure en bourrelets et bassins si caractéristiques de l’Afrique : cuvette du Niger, du Tchad, de Bahr el-Ghazal, dans la moitié septentrionale ; cuvette du Congo ; cuvette du Kalahari en Afrique australe. Dans ces cuvettes ou bassins se sont accumulés les produits de l’érosion, surtout sous la forme de grès grossiers continentaux, tandis que les bourrelets intermédiaires, dégagés par l’érosion, laissaient affleurer largement les roches cristallines. Sur les bordures des cuvettes, l’érosion a dégagé, dans le remplissage sédimentaire, lorsque les conditions s’y prêtaient, un relief de cuesta, parfois imposant (comme les Tassili qui enserrent le massif du Hoggar, ou la grande cuesta gréseuse de Bandiagara, au Mali).

La sédimentation marine a affecté les bords du continent au Secondaire et au Tertiaire, au Mozambique, en Somalie, au fond du golfe de Guinée, au Sénégal et en Mauritanie, le long de la Méditerranée, du Nil au Maghreb. En Afrique australe et en Angola ces transgressions n’ont pénétré que de quelques dizaines de kilomètres, l’intérieur demeurant sous le régime de la sédimentation continentale.

Les mouvements de cassures sont à l’origine du système des rift-valleys, trait majeur du relief de l’Afrique orientale. Il s’agit de lignes de fracturation complexes, occasionnant des dépressions tectoniques de 50 km à 200 km de largeur, qui prennent complètement en écharpe l’Afrique orientale du nord au sud, depuis la mer Rouge, qui appartient au même système, jusqu’à la basse vallée du Zambèze. Ce système de cassures correspond à l’effondrement axial de la clé de voûte d’un bombement du socle, de sorte que la dépression tectonique correspondant à la rift-valley est flanquée de chaque côté par des plateaux élevés. Une autre grande zone de cassures relie le fond du golfe de Guinée à la cuvette du Tchad.

À ces mouvements de cassures sont liés les phénomènes volcaniques dans le Hoggar et le Tibesti, dans le fond du golfe de Guinée (mont Cameroun) et surtout en Afrique orientale, où le socle a été recouvert sur de grandes étendues, notamment en Éthiopie et au Kenya et en Tanzanie, par d’épaisses séries de coulées, avec construction de grands volcans comme le Kilimandjaro, point culminant de l’Afrique (5 963 m), le mont Kenya. Un volcanisme actif se manifeste encore de nos jours en Afrique orientale, au Cameroun (mont Cameroun) et au Tibesti.

L’île de Madagascar, constituée en partie de hautes terres, appartient au même ensemble. À partir d’un bourrelet méridien, des plateaux descendent doucement vers l’ouest, tandis que le côté oriental est un gigantesque escalier de failles. Ici aussi des reliefs volcaniques jalonnent les cassures.

Le Maghreb est, par contre, une entité structuralement étrangère au reste de l’Afrique. C’est une partie des chaînes plissées par l’orogénie alpine, accolée au continent africain.

• L’Afrique de l’Ouest, du Centre et du Nord-Est est un vaste ensemble d’altitude en général peu élevée (entre 200 et 500 m), où dominent d’immenses étendues de plateaux, souvent recouverts en Afrique occidentale par des cuirasses ferrugineuses. La partie centre-nord et nord-est correspond au plus grand désert du monde, le Sahara, avec ses étendues de pierrailles ou regs, comme au Tanezrouft et au Tademaït, et ses champs de dunes (grand erg occidental, grand erg oriental, etc.). D’autres régions, dans les cuvettes du Tchad, du Niger ou du Bahr el-Ghazal, comportent de vastes marécages. Des plateaux plus élevés flanquent cet ensemble du côté sud-ouest : Fouta-Djalon, plateau Bauchi, Adamaoua. Au centre, les importants massifs du Hoggar et du Tibesti approchent ou dépassent 3 000 m, ainsi que l’Ennedi et le Darfour.

• La cuvette du Congo peut se rattacher par son altitude peu élevée à l’ensemble précédent. Elle en est toutefois nettement séparée par les hautes terres des plateaux de l’Adamaoua et de l’Oubangui.

• L’Afrique de l’Est possède, au contraire des deux entités précédentes, une altitude moyennement élevée, généralement supérieure à 1 000 m. Le trait dominant est le système des rift-valleys, flanquées de chaque côté par des plateaux élevés. Dans la partie sud, il n’existe qu’une seule rift-valley principale, jalonnée par la vallée de la Shire au Malawi et par le lac Malawi. En Afrique orientale ex-anglaise, ce système se divise en une rift-valley occidentale, jalonnée par les lacs Tanganyika, Kivu, Edouard, Albert, et une rift-valley orientale avec les lacs Eyasi, Manyara, Natron, Naivasha, Nakuru, Baringo et Rudolf. Entre ces deux grands faisceaux de cassures, le lac Victoria occupe la partie centrale déprimée d’une grande unité du socle déformée par des mouvements à grand rayon de courbure. Dans le nord, il n’existe plus de nouveau qu’une seule rift-valley, jalonnée par les lacs Chamo, Abaya, Shala et Zway ; large, à la latitude d’Addis-Abeba, d’une centaine de kilomètres, la zone du rift s’élargit considérablement dans le nord de la Somalie et l’est de l’Éthiopie, où elle inclut la plaine des Afars, le Danakil et l’Érythrée. Les plateaux élevés flanquant les rift-valleys sont ceux de l’Iringa et du Rungwe en Tanzanie, les hautes terres du Kenya et de l’Ouganda occidental ; enfin la plus grande partie de l’Éthiopie est constituée par des hautes terres au-dessus de 2 000 m d’altitude.