Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caire (Le) (suite)

En 1962, la main-d’œuvre industrielle était de 184 000 personnes (soit 40 p. 100 du total national), en progrès de 48 p. 100 sur 1952. Deux ouvriers sur trois de l’agglomération travaillent à Ḥilwān ou dans les usines de Chubrā al-Khayma. Cependant, le secteur industriel ne regroupe que 18 p. 100 de la population en âge de travailler. La part des activités tertiaires (commerce et services) est de 24 p. 100, tandis que près de 53 p. 100 des actifs potentiels sont sans profession, la plus grosse partie de ce dernier chiffre étant constituée par les femmes.

L’industrialisation s’est accélérée depuis 1952 ; les principales branches sont l’alimentation (transformation et conserverie de produits agricoles et d’élevage), les textiles (essentiellement le coton, mais aussi la soie, le jute), les produits chimiques (savons et détersifs, caoutchouc, vernis), l’industrie mécanique (automobiles, camions et bicyclettes) et la métallurgie.

Les voies de communication sont encore insuffisantes pour un corps urbain en cours de croissance rapide. Les banlieues résidentielles et industrielles d’Héliopolis et de Ḥilwān sont desservies par des lignes ferrées qui aboutissent au cœur de la ville. La liaison entre Haute- et Basse-Égypte se fait par franchissement du Nil à Ambāba. Les routes de corniche le long du Nil permettent une circulation rapide nord-sud, mais le centre de la ville et les ponts trop rares restent les points noirs du trafic routier urbain. L’aéroport international du Caire connaît un trafic important.

Le Caire, ville d’art

L’intérêt artistique du Caire réside dans le caractère ininterrompu des témoignages accumulés depuis les temps les plus reculés de l’histoire du pays : civilisation pharaonique, dont les plus belles pièces se trouvent rassemblées au Musée égyptien, histoire copte, civilisation arabe (v. Égypte).

Les collections du Musée égyptien (place Mīdān al-Taḥrīr) comprennent près de 100 000 pièces classées chronologiquement. L’Ancien Empire est représenté par le matériel des pyramides de Gizeh (al-Djīza) et de Saqqarah : sarcophages, statues du pharaon Mykerinus avec la déesse Hathor, de Khephren, de Djoser, de Rahotep, figures en pierre ou en bois justement célèbres du chef de village (Chaykh al-Balad) et du Scribe accroupi.

Les fouilles de Dayr al-Baḥarī, de Karnak ont fourni des pièces du Moyen Empire : statues de Sesostris, matériel funéraire et les fameux sphinx de Tanis à visage humain.

Le Nouvel Empire est le plus largement représenté avec les témoins de l’hérésie amarnienne et de la renaissance du culte d’Amon : Aménophis III et surtout l’ensemble du mobilier de la tombe de Toutankhamon* mis au jour par Carter. (Une partie de cette collection a été présentée à Paris en 1967.)

C’est dans le Vieux-Caire que l’on trouve les traces de l’histoire copte* : l’église al-Mu‘allaqa, ancien siège du patriarcat ; l’église Saint-Serge, de style byzantin avec ses menuiseries incrustées ; le musée copte, où sont rassemblés les manuscrits, les icônes, les ivoires et les produits d’un artisanat raffiné. Les ruines de l’ancien fort romain de Babylone se trouvent également dans le Vieux-Caire.

L’art musulman s’exprime surtout par les nombreuses mosquées (plus de quatre cents) réparties entre les anciens quartiers d’outre-Khalīdj. La plus ancienne, Djāmi‘ al-‘Amr (au Vieux-Caire), daterait de la première conquête arabe, mais la plus grande partie aurait été restaurée au xve s. En fait, c’est la Djāmi‘ ibn Ṭūlūn qui peut être considérée comme le monument religieux de l’islām le plus ancien (876) et le mieux conservé. Son plan quadrangulaire est inspiré de celui de la Ka‘ba de La Mecque ; il frappe par sa beauté et son ampleur avec sa cour bordée d’arcades. La décoration mêle l’inspiration byzantine et les débuts de l’entrelacs arabe. La restauration effectuée à la fin du xiiie s. a sauvegardé l’essentiel du monument initial. L’escalier du minaret, à double rythme (d’abord rectangulaire, puis spiralé), est une curiosité.

Les califes ‘abbāssides et ikhchidites n’ont pas laissé de monuments religieux.

En fondant al-Qāhira, les Fāṭimides ont d’abord implanté la mosquée d’al-Azhar (la brillante), dans le double but de la prière et de l’enseignement. Elle est devenue l’université islamique la plus importante du monde musulman depuis la création de la madrasa en 988 et accueille plus de 25 000 étudiants du monde musulman. Sa bibliothèque contient près de 20 000 manuscrits anciens. La mosquée actuelle est de style composite en raison des additifs réalisés autour du noyau primitif : elle compte 300 colonnes, 5 minarets et 6 portes. Djāmi‘ al-Ḥākim (1012) doit son originalité aux deux tours à base pyramidale qui servent d’assise aux minarets.

De l’époque ayyūbide (1171-1250) ne subsistent que deux madrasa mal conservées : al-Djamāliya et Ṣalāḥ Nidjm al-Dīn.

Les sultans mamelouks baḥrites (1250-1382) ont laissé de nombreux monuments : Djāmi‘ al-Ẓāhir, l’élégant ensemble de Maristān Qalā’ūn (incluant mosquée, tombeau et hôpital), les madrasa Sangār al-Gaūli et Muḥammad al-Nāṣir, les mosquées al-Mārdānī et al-Chaykh Sunqur. Mais la plus célèbre mosquée est la Djāmi‘ Sulṭān Ḥasan (1356-1363), à quatre īwāns. Les portes, les frises, la coupole comportent des détails d’une grande beauté. Le minaret est le plus haut du Caire (86 m). Les constructions des Mamelouks circassiens (1382-1517) représentent le temps de la splendeur de cette architecture religieuse. Les mosquées al-Barqūqiyya, al-Mu’ayyad et al-omīr Kidjmās al-Isḥāqī, la madrasa al-Rhūrī et le Madfān al-Rhūrī gardent des éléments de cette riche décoration.

Les monuments de l’époque turque (1517-1801) sont plus rares : quelques mosquées, dont Djāmi‘ al-Sināniyya, et des fontaines publiques (sabīl).