Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bulgarie (suite)

• Les massifs anciens occupent le sud de la Bulgarie et présentent au-dessus du littoral grec de la mer Égée un écran qui contribue à limiter la pénétration du climat méditerranéen à l’intérieur des terres. C’est pourquoi les hivers sont partout longs et rigoureux, assez enneigés sur les hautes pentes pour que des stations de sports d’hiver, encore modestes, s’y soient établies. Dans les plaines, les étés, chauds et parfois humides, favorisent la culture des plantes tropicales annuelles comme le riz et le coton, mais interdisent les cultures méditerranéennes : quelques oliviers au bord de la mer Noire seulement sont cultivés dans des jardins. Le bastion du Rhodope se compose de roches anciennes et primaires ainsi que de filons volcaniques ; il se présente comme un horst soulevé à la fin du Tertiaire, limité par des failles, encore jalonné de sources thermales. Des plus hauts sommets du Rhodope au sens strict se détachent des massifs comme le Pirin, le Rila, la Vitoša et, au-delà de la vallée de la Marica, deux massifs cristallins moins élevés : la Sredna Gora (ou « montagne moyenne ») et la Sărnena Gora (ou « montagne des cerfs »). L’ensemble de ces massifs constitue un réservoir de ressources variées. Les eaux alimentent des barrages-réservoirs de grande taille comme à Batak et sur l’Iskăr, au pied desquels sont installées des centrales et dont une partie des eaux est distribuée dans les périmètres d’irrigation des vallées et des bassins. La forêt grimpe jusqu’à 1 800-1 900 m et n’a pas encore fait l’objet d’une exploitation intensive. Les hauts pâturages sont fréquentés par les troupeaux et les bergers transhumants. Les filons offrent des possibilités d’exploitation des minerais non ferreux. Troué de bassins isolés comme celui de la Mesta, en partie drainé vers le sud par la vallée étroite de la Struma, qui est une médiocre voie de passage vers la Grèce, séparé de la Macédoine yougoslave par des échines massives, le sud de la Bulgarie demeure attardé et relativement isolé. Les densités de population restent faibles.

• Au Nord, la Stara Planina (ou Balkan) forme un arc tournant sa concavité vers le Danube : elle constitue le prolongement des Carpates du Timok (formant la frontière entre la Serbie et la Bulgarie). L’ensemble des plis crétacés enrobant des massifs anciens moulés autour de la plate-forme mœsique ou valaque s’ennoie au cap Emin sous la dépression de la mer Noire. Les altitudes n’atteignent pas 2 500 m dans la partie centrale, la plus élevée, mais les communications sont assez difficiles, et, dans une certaine mesure, le Balkan offre un obstacle aux relations entre les plaines intérieures et la Bulgarie du Nord : seul l’Iskăr se fraie un passage par un défilé. D’autre part, la montagne, calcaire, est plus sèche et n’offre que des sommets pelés, en partie dégradés par les pasteurs, donc sans belles forêts, sous un climat aux étés sensiblement plus secs, et une végétation présentant, en direction de l’est, des affinités steppiques. Les cultures irriguées dans de petits bassins et les transhumances demeurent des activités traditionnelles.

• La Bulgarie septentrionale est aussi la Bulgarie danubienne. Depuis les versants de la Stara Planina jusqu’aux plaines inondables du grand fleuve s’étagent des replats et des terrasses, des collines disséquées par le réseau hydrographique de l’Iskăr, de la Vit et de la Jantra ; les vallées sont parfois élargies en bassins, où se situent de nombreuses villes moyennes : Loveč, Pleven, Gabrovo, Tărnovo, Šumen. Les travaux d’irrigation récemment entrepris ont ranimé l’activité des basses plaines du Danube, et la navigation anime les ports de Vidin, de Svištov et surtout de Lom et de Ruse, tête du pont de l’Amitié, emprunté par la route et la voie ferrée qui, à travers la Roumanie jusqu’à Iaşi, unissent la Bulgarie à l’U. R. S. S. Au nord-est s’étendent des plateaux crétacés et néogènes reposant sur un fragment de socle s’abaissant en pente douce vers le Danube, dominant la côte de la mer Noire par des falaises et dont le climat, aux nuances steppiques, exclut la présence de l’arbre, mais favorise la grande culture extensive des céréales : ce sont la Ludogorie (« la forêt folle ») et le « quadrilatère de la Dobrudža » (Dobroudja), dont la capitale est la ville de Tolbuhin.

• La Bulgarie moyenne ou intérieure est formée d’une série de bassins de taille inégale, affaissés entre les deux systèmes montagneux, évasés en direction du sud et de l’est, composant ce qu’on appelait autrefois la Thrace (région la plus peuplée et la plus fertile). Au nord-ouest, le bassin de Sofia se creuse entre la Vitoša et les chaînons occidentaux de la Stara Planina ; il est assez facilement relié à la vallée serbe de la Nišava par un seuil aisé à franchir. L’Iskăr traverse le bassin et s’écoule en direction du Danube. La présence des pays serbes et le carrefour de routes expliquent la préférence accordée à Sofia sur Tărnovo, l’ancienne capitale bulgare après l’indépendance en 1878. De même, on passe facilement du bassin de Sofia aux petits bassins de la vallée supérieure de la Marica et aux plaines de Thrace. La Thrace se compose : de vastes bassins découpés par le réseau, assez court, des rivières descendues du Rhodope, qui entaillent un bel escarpement de faille tourné vers le nord ; de la série des bassins de l’Arda au sud, qui conflue dans la Marica au-delà de la frontière, en Turquie ; des affluents, plus longs, plus larges, plus calmes, venus de la Stara Planina, de la Strjama et de la Tundža, qui s’étalent dans de belles cuvettes alluviales.

Toutes ces rivières fournissent leurs eaux à l’irrigation, nécessaire dans une région où les précipitations tombent au-dessous de 500 mm. Mais la longueur et la chaleur des étés autorisent la culture des arbres fruitiers, des légumes d’eau (tomates, piments, melons, pastèques et courges), des plantes industrielles (tournesol, sésame, tabac et coton) et de la vigne, surtout en bordure du Rhodope. De gros bourgs commandent à des régions agricoles en voie d’industrialisation : Asenovgrad et Kărdžali au sud ; Kazanlăk, capitale de la vallée de la Tundža, célèbre par sa traditionnelle culture des roses ; Levskigrad au nord ; Stara Zagora, Nova Zagora et Sliven au nord-est. Plovdiv est la capitale, qui atteint 250 000 habitants. Carrefour entre l’Occident et l’Orient, symbolisé par sa foire internationale, cette ville concentre les industries de transformation des produits régionaux : cellulose, industries du bois, textiles utilisant la laine, le coton, le chanvre et la soie locale, industries alimentaires, manufactures de tabac et petite mécanique.

La Bulgarie littorale se compose de basses plaines drainées par des fleuves côtiers, comme la Kamčija, dont certains se jettent dans des limans qui constituent le site des arrière-ports de Varna et de Burgas.