Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

broderie (suite)

 C. G. de Saint-Aubin, l’Art du brodeur (Delatour, 1770). / Mme Celnart, Nouveau Manuel complet de la broderie (Roret, 1840). / L. de Farcy, la Broderie du xie siècle jusqu’à nos jours (Belhomme, Angers, 1890). / M. Schuette et S. Müller-Christensen, la Broderie (Morancé, 1964). / J. J. Marquet de Vasselot et R. A. Weigert, Archives de l’art français, vol. XVIII : Bibliographie de la tapisserie, des tapis et de la broderie en France (F. de Nobèle, 1969).

Broglie (de)

Famille française originaire du Piémont. Elle est issue d’Hubert Broglia, ou Broglio, seigneur de Chieri (milieu du xiiie s.). Inféodés en 1643 au comté de Revel, alors piémontais (auj. Alpes-de-Haute-Provence), les Broglie passent à cette époque au service de la France, alliée du duc de Savoie. Ils participent durant les xviie et xviiie s. aux guerres de Louis XIV et de Louis XV. Trois d’entre eux sont faits maréchaux de France. De cette famille sont issus deux ministres du xixe s. : Victor et Albert.



Victor, duc de Broglie (Paris 1785 - id. 1870)

Son père, Charles Louis Victor (né en 1756), député de la noblesse aux États généraux, est guillotiné en 1794. Le jeune Victor suit sa mère en Suisse ; il subit l’influence libérale de son beau-père, Marc René, marquis d’Argenson. Sous l’Empire, il entre au Conseil d’État, puis est attaché d’ambassade à Varsovie et à Vienne (1813). Pair de France en 1814, il épouse en 1816 la fille de Mme de Staël, Albertine (1797-1836). Il se lie aux libéraux (La Fayette) et aux doctrinaires (Guizot), dont il adopte les idées.

Il est ministre des Affaires étrangères de Louis-Philippe (1832-1836) et président du Conseil (1835-36). Son action à l’extérieur est teintée de libéralisme : il soutient les nations opprimées (Belgique, Espagne) et se fait le champion, avec l’Angleterre, de la répression de la traite des Noirs (droit de visite réciproque sur les navires). À l’intérieur, en revanche, il attache son nom aux lois qui, en septembre 1835, après l’attentat de Fieschi, répriment les menées de la presse d’opposition.

Très affecté par la chute de Louis-Philippe (1848), il siège cependant, comme député de l’Eure, à l’Assemblée législative de mai 1849 à mai 1851 et y défend l’instauration d’une monarchie libérale.

Retiré de la vie politique, il se consacre à des études philosophiques et religieuses qui lui valent d’être élu à l’Académie française en 1855.


Albert, duc de Broglie (Paris 1821 - id. 1901)

Albert de Broglie fait d’abord carrière dans la diplomatie, où il seconde son père, le duc Victor. En 1845, il est premier secrétaire à Rome. À l’avènement de la IIe République, il démissionne et se consacre à l’histoire, ce qui le conduit à l’Académie française (1862).

Son action politique ne reprend qu’en 1871. Il entre à l’Assemblée nationale dans l’important lot de « hobereaux » qui dominera la « République des ducs » (1871-1879). Député de l’Eure, il devient le chef de la droite. Son rival, Thiers, l’écarte en lui confiant l’ambassade de Londres.

Revenu à l’Assemblée en juin 1872, de Broglie, partisan d’une monarchie libérale, rallie les conservateurs (« Bonnets à poils ») contre Thiers, qu’il accuse de faire le jeu des républicains et qui, le 13 novembre 1872, prononce un discours célèbre (« la République sera conservatrice ou ne sera pas »), que de Broglie considère comme de « l’huile bouillante sur une plaie vive ». Il décide alors d’abattre Thiers : le 13 mars 1873, en imposant la commission des Trente, chargée d’organiser le pouvoir exécutif, il oblige Thiers à se cantonner dans son rôle de chef de l’État, puis, profitant de l’élection du radical Désiré Barodet à Paris, il l’accule à la démission (24 mai 1873).

Le soir même, il fait élire le maréchal de Mac-Mahon à la présidence de la République. Chef d’un ministère de coalition, « gouvernement de combat contre l’armée du désordre et le péril social », de Broglie, qui a pris le portefeuille des Affaires étrangères, fait voter le septennat pour Mac-Mahon (20 nov. 1873). Pour préparer les conditions d’une restauration, il fait régner en France l’Ordre moral ; mais il tombe le 16 mai 1874 sur un projet constitutionnel de Grand Conseil, seconde Chambre conservatrice.

Il est sénateur de l’Eure lorsque Mac-Mahon entre en conflit avec son Premier ministre, Jules Simon, qui, le 16 mai 1877, démissionne. Mac-Mahon confie alors à de Broglie la présidence du Conseil et le ministère de la Justice. Contre ce ministère « du Seize-Mai », 363 députés signent un « manifeste ». De Broglie, qui doit constamment et violemment faire front à l’opposition républicaine, dissout la Chambre (25 juin 1877). La campagne électorale qui suit se déroule dans une atmosphère belliqueuse. De Broglie et Fourtou, ministre de l’Intérieur, révoquent 40 préfets, 1 743 maires et 1 400 fonctionnaires qui semblent hostiles à leur politique. L’attitude de Gambetta (discours de Lille), la mort de Thiers, auquel le duc de Broglie, sans rancune, organise des funérailles nationales, galvanisent les républicains, qui gardent la majorité dans la Chambre élue le 14 octobre 1877.

Le duc de Broglie repousse l’enquête que Gambetta veut déclencher au sujet des actes illégaux du gouvernement pendant la campagne électorale. Fustigé par le tribun : « Vous n’êtes pas un homme de notre temps, M. le duc de Broglie, vous êtes resté un ennemi de la démocratie, un aristocrate », il démissionne (19 nov. 1877).

Sénateur jusqu’en 1885, il s’oppose aux lois scolaires des républicains, mais, réaliste, il abandonne la politique et se consacre aux recherches historiques.

P. M.

➙ Juillet (monarchie de) / République (IIIe).

 J. de La Varende, les Broglie (Fasquelle, 1950). / F. Michel, Deux Ministres et un consul, le comte Molé, le duc de Broglie et Stendhal (Pedone, 1954).