Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bouches-du-Rhône. 13 (suite)

Cependant, les offres d’emplois demeurent assez limitées, et les activités économiques déséquilibrées. L’agriculture est fondée sur la production maraîchère et fruitière grâce à la mise en place d’un large réseau d’irrigation : primeurs de Châteaurenard et de Saint-Rémy-de-Provence, foins de Crau, riz de Camargue ; les deux dernières régions pratiquent l’élevage du mouton, des chevaux et des taureaux.

La présence du premier port de France explique le maintien d’industries alimentaires et chimiques liées aux importations. Seuls trois établissements industriels comptent plus de 2 000 salariés : Sud-Aviation à Marignane, les Houillères de Provence à Gardanne-Meyreuil et les chantiers de construction navale de La Ciotat. Le bâtiment et les travaux publics dominent par leurs effectifs, mais leurs activités restent liées aux fluctuations de la conjoncture. Deux pôles sont particulièrement dynamiques. Le premier se situe sur les rives de l’étang de Berre, où s’est mis en place un vaste complexe de raffinage d’hydrocarbures et d’industries pétrochimiques à La Mède, à Lavera et à Berre. Là se localisent également la base aérienne d’Istres et l’aéroport de Marignane. Le complexe portuaire naissant du golfe de Fos reçoit déjà des bateaux de fort tonnage, et l’implantation d’un centre sidérurgique est attendue ; de Lavera part le pipeline sud-européen. Le deuxième pôle est centré sur Gardanne, qui fournit les deux tiers de la production de lignite français ; le bassin alimente en électricité les usines d’alumine, qui traitent la bauxite de Brignoles, alors que la soude nécessaire est fournie par les salins camarguais.

Le département vient après la région parisienne pour l’urbanisation, mais le même déséquilibre apparaît dans ce domaine : Aix est de plus en plus intégré dans l’espace marseillais, et la zone de Berre n’est que le prolongement vers l’ouest de l’agglomération. À un niveau moindre et dans une position excentrique, Arles et Salon-de-Provence, au nord, Port-Saint-Louis-du-Rhône et La Ciotat, sur la côte, enregistrent une progression.

R. D. et R. F.

➙ Aix-en-Provence / Arles / Camargue / Durante / Marseille / Provence.

Boucourechliev (André)

Compositeur, critique et musicologue français d’origine bulgare (Sofia 1925).


Il commence ses études au conservatoire de sa ville natale et les termine à l’École normale de musique de Paris, puis au Studio di fonologia de Milan avec L. Berio et B. Maderna. Ses compositions font appel soit aux instruments traditionnels, soit à la bande magnétique, ou bien à la combinaison des deux. Dans ses premières œuvres (sonates pour piano, Grodek, Musiques nocturnes, Texte I, Texte II) et dans son quatuor à cordes de 1968, il fait preuve d’une invention sonore extrêmement raffinée, où l’architecte rigoureux se dissimule derrière le poète. L’œuvre qui va définitivement attirer l’attention sur lui est Archipel I pour deux pianos et deux percussions (1967), une des rares solutions créatrices dans le domaine semi-aléatoire : « Les partitions de la pièce, écrit-il, sont comme de grandes cartes marines sur lesquelles les quatre interprètes sont amenés à choisir, à orienter, à concerter, à modifier sans cesse le cours de leur navigation, jamais deux fois le même entre les îles d’un archipel toujours nouveau à leurs regards. C’est dans cette communion étroite de tous les instants qu’ils tracent leur route imprévisible mais partagée. La moindre indécision de l’un engage totalement celle de l’autre. C’est dire que cette dépendance où ils exercent leur liberté de choix exclut toute idée de hasard. » Ce principe de navigation musicale est repris dans toute une série d’œuvres classées sous le même titre, mais faisant appel à des formations instrumentales diverses : Archipel II pour quatuor à cordes (1969), Archipel III pour piano et six percussions (1969), et Archipel IV pour piano seul (1970). Chacune de ces œuvres est susceptible de nombreuses versions.

Critique musical de Preuves et du Journal de la quinzaine, Boucourechliev est également l’auteur de deux livres remarquables sur Schumann et sur Beethoven.

C. R.

bouddhisme

L’une des grandes religions du monde, fondée par le bouddha Śākyamuni.


Introduction


La vie du bouddha Śākyamuni

L’historicité du bouddha Śākyamuni, le Bouddha par excellence, n’est plus contestée ; les sources essentielles de sa biographie se trouvent dans les textes émanant des premières écoles du hīnayāna.

Le Bouddha naît au vie s. av. J.-C. à Kapilavastu, à 240 km au nord de Bénarès ; il est le fils de Śuddhodana, un roi de la lignée des Gautama et du clan des Śākya — d’où le nom de Śākyamuni, le moine des Śākya, souvent donné au Bouddha —, et de la reine Māyā, morte sept jours après sa naissance.

Très vite, il a la révélation de la souffrance, quitte son foyer et mène une vie d’ascète errant ; il devient dès lors un bouddha, c’est-à-dire un « illuminé », l’homme qui renonce au monde pour chercher la voie de la délivrance et pour se libérer de l’emprise de la douleur.

Il s’entraîne d’abord aux pratiques enseignées par les brahmanes : mais leurs austérités effrayantes ne provoquent pas la lumière à laquelle il aspire. C’est, semble-t-il, à Gayā (Bodh-Gayā) que, au cours d’une longue période de recueillement, il achève son itinéraire spirituel : c’est le « suprême et complet éveil », l’« illumination » (abhisaṃbodhi).

Son premier sermon, le Bouddha le prononce probablement dans la banlieue nord de Bénarès : c’est là qu’avec cinq moines il fonde la première communauté bouddhiste. Puis, pendant une quarantaine d’années, il parcourt l’Inde du Nord-Est, en prêchant sa doctrine et en faisant d’innombrables disciples. Il s’éteint à quatre-vingts ans, à Kuśīnagara (à 175 km de Pạtnā) ; il entre alors dans le mahāparinirvāṇa (la « grande totale extinction »).

Les documents sont d’accord sur les qualités exceptionnelles du Bouddha : noblesse de caractère, maîtrise de soi, fermeté tempérée par une immense bonté.