Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

botanique (suite)

La découverte des chromosomes et de leurs liens avec l’hérédité permet de les utiliser comme critère de classification ; les espèces voisines, ou ayant la même origine, devraient avoir un nombre de base de chromosomes identique (Loëve, 1954 ; Darlington, 1956). Les chromosomes entraînent et commandent l’apparition des caractères morphologiques ; il est donc raisonnable d’espérer pouvoir retrouver un parallélisme entre les variations des uns et des autres. De nombreuses études de ce type ont été faites pendant les trente dernières années.

Née avec A. P. de Candolle au début du xixe s., la chimiotaxonomie ne commence vraiment à prendre son essor qu’au milieu du xxe s., quand le nombre des constituants chimiques connus a été assez important : environ 3 000 en 1958 et 5 000 ou 6 000 en 1964. Elle consiste toujours, d’une part, à poursuivre l’inventaire des substances, des plantes et, d’autre part, à rechercher la phylogénie des caractères chimiques.

Pour la cryptogamie, c’est en algologie que la chimiotaxonomie a fait le plus de progrès. Les Algues sont en effet classées grâce à leur pigmentation. Bernard Courtois (1777-1838) met en évidence la présence d’iode dans les Algues dès 1813, et Anselme Payen (1795-1871) en extrait (1859) la gélose. D’autre part, Jacques Ricard, Marcel Quillet, Henri Colin, Gueguen et Jean Augier ont étudié sur ces végétaux les éléments principaux du chimisme glucidique. Ainsi, la « laminarine » semble assez bien caractéristique des Laminariales et des Fucales. Le floridoside est très souvent présent dans les Algues rouges, ainsi que l’amidon 1-4 glucosane chez les Algues vertes, les Algues bleues possédant une glucosane caractéristique voisine de l’amidon et du tréhalose.

Augier voit dans la présence ou l’absence de certains pigments une information phylogénétique et systématique de haute importance.

Les études de Roger Heim (né en 1900) sur les Agarics hallucinogènes montrent aussi le grand intérêt des résultats d’ordre chimique dans la systématique des Champignons supérieurs.

Mais, actuellement, il faut encore être très prudent pour bâtir des théories, car l’inventaire des caractères chimiques des plantes est toujours beaucoup trop incomplet.

Les méthodes sérologiques sont également employées pour élucider certains problèmes de systématique. Ainsi, Gell (1959) et Lester (1965) ont pu prouver l’existence ou l’absence de parenté de constitution entre des plantes supposées affines. Si les Algues ont été très peu étudiées par ces techniques (Mintz et Ralph A. Lewin, 1954), par contre les Champignons ont fait l’objet d’un très grand nombre de publications (Agbavoh, 1967). De nombreux travaux d’immunologie sont entrepris sur les Algues et ont permis ainsi d’éclaircir certaines imprécisions taxonomiques entre les Chlorococcum et les Tetracystis par exemple (Brown et Lester, 1965). En 1967, Brown et Walne ont précisé des parentés entre variétés et mutants chez les Chlamydomonas.

Les résultats obtenus en s’appuyant sur les critères morphologiques et cytologiques, la palynologie, l’embryologie ou la phytochimie poussent à réaliser de larges modifications à l’intérieur de tous les groupes par rapport aux classifications proposées aux siècles précédents. Des savants se spécialisent plus encore que par le passé dans l’étude d’un groupe, et la systématique, comme le reste de la botanique, se morcelle de plus en plus.

Phanérogamie.
Chez les Angiospermes, de nombreux systèmes de classification sont proposés (George Bentham et Joseph D. Hooker, Adolf Engler, Charles E. Bessey, John Hutchinson, O. Tippo, Louis Emberger, entre autres). Presque tous ont une tendance phylogénétique et s’efforcent de tenir compte des données de la paléontologie ainsi que de la complication plus ou moins grande de l’appareil floral, qui apparaît comme primitif dans certains groupes ou très évolué ou même régressé dans d’autres.

Les Gymnospermes sont subdivisées en six ordres, y compris les fossiles : Cycadales, Bennettitales, Ginkgoales, Cordaïtales, Coniférales, Gnétales (Engler, 1897). Mais s’accentue la tendance à l’effritement du groupe, qu’on a même tenté de faire éclater complètement, toujours en s’appuyant sur la structure des organes sexuels et leur évolution (l’ovule ne se transformant en graine que dans quelques groupes seulement) [travaux de Berry (1918), de B. Sahni (1920), de Carl Rudolf Florin (1930), de Louis Emberger (1942 à 1960), de John Theodore Buchholtz, d’Henri Gaussen, de P. Martens (1951)].

Cryptogamie.
Dans le groupe des Ptéridophytes, la tendance est de retrouver des phylums évolutifs : on en admet généralement cinq, qui se sont peu à peu séparés les uns des autres (travaux de Edward Charles Jeffrey [1866-1952], d’A. Engler, de Karl Prantl, de Karl Goebel [1855-1932], de J. P. Lotsy [1867-1931], de Frederick Orpen Bower [1855-1948], d’O. Lignier [1855-1916], de Dunkinfield Henry Scott [1854-1934], de M. Hirmer [1927]).

Les Bryophytes, peu étudiées au début du siècle, révèlent depuis leur grand intérêt physiologique, morphologique et biologique, et représentent un groupe dont les possibilités évolutives semblent très limitées. Par ailleurs, des découvertes récentes (Nouvelle-Zélande par exemple) permettent d’allonger la liste des espèces et même des familles.

Parmi les chercheurs qui se sont intéressés aux Mousses et aux Hépatiques, on peut citer M. Fleischer, V. F. Botherres, W. C. Steere, S. Tatuno, Henry N. Andrews, H. C. Bold. La mycologie subit un développement récent et très actif, et a tendance à se scinder en spécialités variées : phytopathologie, mycologie médicale, étude des Champignons microscopiques du sol, ethnomycologie, étude des substances hallucinogènes, des mycorhizes, des symbioses génétiques. On partage généralement le groupe des Champignons en Myxomycètes, Phycomycètes, Ascomycètes, Basidiomycètes et Champignons imparfaits. Le nombre des travaux intéressants est considérable ; parmi bien d’autres, Helen Gwynne Vaughan et Barnes (1927). E. A. Bessey, Marius Chadefaud, Fernand Moreau, George W. Martin s’efforcent de placer le phylum des Myxomycètes dans la classification, ainsi que le groupe des Phycomycètes. De nombreuses flores commencées au siècle précédent s’achèvent à cette époque grâce à Pier Andrea Saccardo, L. Ralenhorst, G. Lindau et P. Hennings.