Bombyx (suite)
Intérêt scientifique
Élevé depuis des millénaires, source d’une industrie jadis florissante, le Bombyx du Mûrier est un des Insectes les mieux connus ; son anatomie et sa biologie ont fait l’objet d’innombrables travaux. Citons, parmi eux, ceux qui ont permis d’élucider le déterminisme de la mue et de la métamorphose : les glandes prothoraciques sécrètent des hormones de mue, ou ecdysones, que l’on a pu extraire (il a fallu traiter 500 kg de chrysalides pour obtenir 25 mg de substance active pure cristallisée) ; les corpora allata, agissant sous le contrôle des cellules neurosécrétrices du cerveau, produisent une hormone juvénile qui, chez la chenille jeune, empêche la métamorphose de se produire.
Le Bombyx du Mûrier a été utilisé aussi dans des recherches sur la parthénogenèse artificielle : en traitant des œufs non fécondés par la chaleur ou par l’acide chlorhydrique, on en a provoqué le développement jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’aux adultes sexués. D’autre part, en soumettant les œufs récemment fécondés à un traitement approprié, on a pu ne détruire que le noyau de l’ovule ; la cellule ne comportant qu’un noyau mâle s’est développée, et l’évolution a pu être menée jusqu’à l’adulte (androgenèse).
Espèces pouvant être appelées Bombyx
On désigne parfois sous le nom de Bombyx divers Papillons appartenant à des familles voisines des Bombycidés (Attacidés et Lasiocampidés) et même, quelquefois, de manière abusive, à certains Liparidés, qui sont éloignés des vrais Bombyx.
Le Bombyx de l’Ailante (Samia cynthia, Attacidés), originaire d’Asie orientale, établit son cocon dans une foliole enroulée d’Ailante ; la chenille prend soin de relier cet étui au rameau par quelques fils de soie, si bien que, lorsque la foliole tombe en automne, le cocon reste suspendu à l’arbre. Ce Papillon grand et magnifique doit sa célébrité au fait que, échappé d’un élevage, il s’est acclimaté en France, et qu’on en trouve dans la région parisienne.
La famille des Lasiocampidés renferme : le Bombyx à livrée (Malacosoma neustria), qui pond ses œufs autour des branches des arbres forestiers et fruitiers, et dont la chenille porte des raies longitudinales multicolores ; le Bombyx du Chêne (Lasiocampa quercus) ; le Bombyx du Trèfle (Lasiocampa trifolii) ; le Bombyx de la Ronce (Macrothylacea rubi), dont la chenille réagit au moindre contact en s’enroulant sur elle-même ; le Bombyx du Pin (Dendrolimus pini), dont la larve éclôt en août, passe l’hiver dans le sol et commet des ravages dans les Pins au printemps, avant de se métamorphoser ; le Bombyx feuille-morte (Gastropacha quercifolia).
Enfin, chez les Liparidés, on désigne parfois Lymantria dispar sous le nom de Bombyx disparate ; Orgyia antiqua sous celui de Bombyx étoilé ; Euproctis phaeorrhea sous celui de Bombyx cul-brun ; Stilnoptia salicis sous celui de Bombyx du Saule.
M. D.
G. Portevin, Ce qu’il faut savoir des vers à soie, leur élevage (Lechevalier, 1943). / J. Rostand, la Vie des vers à soie (Gallimard, 1943).