Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Boccherini (Luigi) (suite)

De nos jours, l’étude des œuvres de Boccherini apporte des informations intéressantes sur les progrès de la technique sur le violoncelle (dont Boccherini explora les possibilités d’expression et d’équilibre sonore dans un complexe instrumental), sur la fixation de l’écriture à quatre (qui permit la naissance du quatuor à cordes moderne), sur l’exploration d’une combinaison instrumentale peu usitée, le quintette, enfin sur la mutation des éléments galants et concertants dans la formation du style musical classique.

Les œuvres de Boccherini

• Musique instrumentale : œuvres pour violoncelle (27 sonates, 1 duo, 11 concertos) ; 6 sonates pour piano et violon ; 13 duos pour deux violons ; 42 trios à cordes ; 97 quatuors à cordes ; 179 quintettes (113 avec deux violoncelles, 24 avec deux altos, 12 avec piano, 18 avec flûte ou hautbois, 12 avec guitare) ; 12 sextuors (6 avec flûte, 6 à cordes) ; 7 sextuors ou octuors avec instruments à vent ; 29 symphonies (dont 2 concertantes) ; 2 ballets et une suite de menuets.

• Musique vocale : messe ; 2 psaumes ; villancicos ; Stabar Mater ; Gioas re di Giudea, Giuseppe riconosciuto (oratorios) ; Confederazione dei Sabini con Roma (cantate) ; Clementina (opera-zarzuela) ; Inés de Castro (scène) ; 15 airs de concert.

Y. G.

 Picquot, Notice sur la vie et les ouvrages de Luigi Boccherini (Philipp, 1851 ; 2e éd., Legouix, 1930). / A. Boccherini y Calonje, Luigi Boccherini : Apuntes biograficos y catalogo de las obras (Madrid, 1879). / A. Bonaventura, Luigi Boccherini (Milan-Rome, 1931). / L. Ginzburg, Luigi Boccherini (en russe, Moscou, 1931). / G. de Rothschild, Luigi Boccherini (Plon, 1962 ; 2e éd., Londres, 1965). / Y. Gérard, Thematic, Bibliographical and Critical Catalogue of the Works of Luigi Boccherini (Londres, 1969).

Bochimans

En angl. Bushmen, ethnie d’Afrique australe, nomadisant dans le désert du Kalahari.



Caractéristiques anthropomorphiques

Les Bochimans sont d’une stature généralement peu élevée ; la couleur de leur peau varie entre le jaune clair et le brun rougeâtre ; leur tête est relativement petite et large, caractérisée par un front proéminent, une face large et carrée, des pommettes développées et un nez large et de faibles proportions en proéminence. Ils présentent une courbure accentuée de la colonne vertébrale dans la région sacro-lombaire et une accumulation importante de graisse (stéatopygie) dans la région fessière.


Les conditions de vie

Dans le Sud, on rencontre des groupes isolés, réduits la plupart du temps à des familles, vivant de chasse et de cueillette. D’autres Bochimans vivent dans un état de dépendance économique auprès d’autres ethnies (par exemple dans l’ancien Bechuanaland), dont ils gardent les troupeaux. La moitié de l’ensemble des Bochimans continue à vivre en groupes autonomes nomades, pratiquant la chasse et la cueillette (par exemple les Bochimans Kungs et Narons). Les conditions matérielles de l’existence reposent sur des techniques multiples et des modes de répartition des biens assez diversifiés. Leur technique de chasse comprend l’arc et la flèche empoisonnée, le bâton et parfois la lance. La cueillette leur fournit des légumes sauvages. La construction d’abris, la cueillette des légumes, le ramassage du bois pour le feu et la collecte de l’eau sont régulièrement les tâches féminines ; la confection des vêtements et la fabrication des objets nécessaires à la vie quotidienne (en dehors des objets métalliques, obtenus par échange avec les ethnies sédentaires voisinant le désert) complètent la tâche journalière des hommes, la chasse. À celle-ci sont liés des rites propitiatoires ainsi que des cérémonies initiatiques collectives pour les garçons pubères. Les rites initiatiques féminins sont individuels (danse de l’antilope).


L’organisation sociale et familiale

Il n’existe aucune organisation qui domine les groupes Bochimans. La vie sociale repose sur le « groupe de chasse », constitué par trois ou quatre familles. Il n’existe pas nécessairement de chef à la tête de chaque groupe. On estime à environ 50 ou 60 le nombre des membres de chaque groupe dans le nord du pays, où ils se déplacent, et à 20 ou 30 dans le reste. La vie dans le groupe de chasse est permanente, ou ne dure que l’hiver (juin et juill.), les familles se dispersant après.

La famille étroite comprend les parents naturels, les filles et leurs maris, les enfants de ces derniers et les fils célibataires. La polygamie existe et entraîne la construction d’abris séparés pour la deuxième femme et ses enfants. Elle est liée aux capacités de chasse du mari ; c’est la chasse qui constitue l’unité du groupe, plus que la parenté. Dans le Nord, on trouve une règle stricte d’exogamie et une tendance à une polygamie sororale. En pratique, les groupes de chasse connaissent un échange relativement fréquent de personnes.

Le pouvoir dans le groupe dépend essentiellement des qualités de chasse du chef, mais il peut aussi revenir institutionnellement au plus âgé du groupe. C’est seulement dans le nord-est de la Namibie (ancien Sud-Ouest africain) qu’il existe un pouvoir héréditaire.

M. F.

 E. M. Thomas, The Harmless People (New York, 1959 ; trad. fr. Des hommes sans méchanceté, Gallimard, 1961).

Böcklin (Arnold)

Peintre suisse (Bâle 1827 - San Domenico di Fiesole 1901).


Il occupe une position originale à la fin du xixe s., où, tant par son goût parfois théâtral du symbole que par sa technique de longue élaboration, il fait figure d’antithèse de l’impressionnisme. Le musée de Bâle et les grands musées allemands conservent l’essentiel de son œuvre.


« Un tableau pour rêver »

« Vous recevez ce que vous avez commandé : un tableau pour rêver », dit-il à la comtesse Oriola qui lui avait commandé l’Île des morts. Et il ajoutait : « Il doit donner une telle impression de tranquillité que l’on soit effrayé si quelqu’un frappe à la porte. » De telles préoccupations lui valurent, bien entendu, l’accusation, venue des défenseurs (français notamment) d’un art moderne attaché aux seuls problèmes plastiques, de faire une peinture « littéraire ». Parmi les grands peintres du xxe s., Giorgio De Chirico* sera le seul à proclamer le génie du maître bâlois, chez lequel, dit-il, « la puissance métaphysique découle toujours de l’exactitude et de la clarté d’une apparition déterminée » (article paru dans Il Convegno, Milan, mai 1920). Cela, joint au « métier formidable » que loue également De Chirico, suffit à expliquer l’exceptionnelle densité des meilleures toiles de Böcklin, face à l’académisme contemporain. L’image et la pensée qui l’anime sont en général d’une extrême simplicité. Mais elles naissent d’un ébranlement profond, d’une méditation grave et sensuelle en même temps, servie par une technique aussi patiente que sûre. Les couleurs ne sont pas mélangées, et les tons sont obtenus par une superposition de couches fines qui confèrent au tableau un relief saisissant. C’est d’ailleurs la qualité de sa technique qui a attiré de nouveau l’attention sur Böcklin.