Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Birmanie

État de l’Asie de la mousson ; 678 000 km2 ; 30 millions d’hab. (Birmans). Capit. Rangoon.
L’Union birmane s’étend sur 1 900 km du nord au sud et 900 km d’est en ouest (au maximum).


Géographie


Traits physiques et humains

Le pays est formé de trois grandes zones méridiennes. Au centre s’étire une région déprimée parcourue par l’Irrawaddy et fermée au nord par les monts des Kachins, qui constituent une partie du plateau tibétain : bassin de haute Birmanie et delta de basse Birmanie. Cette région est bordée à l’ouest par les chaînes birmanes (monts Patkai, des Chins et chaîne de l’Arakan), à l’est par le plateau Chan, auquel succède, vers le sud, le Tenasserim.

Ce relief correspond à deux zones structurales différentes. Le plateau Chan et le Tenasserim sont des portions du « pseudo-socle » de la Sonde, consolidé depuis le Jurassique au moins. Ils dominent la dépression centrale par un grand escarpement de faille de 1 000 mètres de dénivellation qui marque ici l’extrémité du « pseudo-socle ». La zone déprimée et les « chaînes birmanes » se raccordent au contraire aux guirlandes de l’Insulinde, plissées au Tertiaire : la zone déprimée centrale, aux épais terrains tertiaires plissotés, affectée par un volcanisme récent (mont Popa), prolonge l’« arc interne » ; les « chaînes birmanes », non volcaniques, prolongent l’« arc externe » (v. Asie de la mousson).

La Birmanie, en dehors des montagnes du nord, possède un climat tropical avec une saison estivale pluvieuse (de mai à novembre) et une saison hivernale sèche. Les précipitations sont élevées sur la basse Birmanie (Rangoon : 2 500 mm), très abondantes sur le Tenasserim (Victoria Point : 4 266 mm) et la côte de l’Arakan (Akyab : 5 280 mm). En revanche, le bassin de haute Birmanie est sec : Mandalay ne reçoit que 890 mm de pluies, et même des centres proches, autour de Pagan, ne reçoivent que 500 à 600 mm ; en outre, une petite « saison sèche » en juillet interrompt les pluies. Ces contrastes s’expliquent : Arakan Yoma et Tenasserim sont « au vent » de la mousson, tandis que la haute Birmanie est « sous le vent ».

La Birmanie est une république fédérale groupant 7 districts birmans, plus les États des Karens, des Kayahs (ancien État des Karennis), des Chans, des Kachins et la « Chin Spécial Division ». Les Birmans proprement dits sont des mongoloïdes, dont la langue appartient au grand groupe tibéto-birman. Ils constituent 75 p. 100 de la population totale (80 p. 100 même avec les Arakanais et les Môns du Tenasserim, qui sont, en grande partie, assimilés). Birmans, Môns et Arakanais (pour la plupart) sont bouddhistes : ils pratiquent le bouddhisme du Sud (theravāda), dit « du petit véhicule » (hīnayāna), qui marque profondément leur vie, encore qu’il recouvre bien des cultes animistes (celui des Nat, par exemple) et que les Birmans n’incinèrent pas leurs morts. La Birmanie ne compterait pas moins de 132 000 moines (phonghy), qui vivent dans les phonghy kyongs, vrais centres de la vie paysanne ; les jeunes garçons vont s’y instruire, et, de ce fait, la majorité de la population masculine sait lire et écrire. L’influence politique des phonghy est considérable. Les Birmans, mangeurs de riz assaisonné de ngapi (pâte de poisson), portent la jupe longue, et les hommes se coiffent d’un foulard de soie ; ils habitent des maisons sur pilotis, l’espace compris entre les pilotis servant d’étable, de remise, d’atelier (métiers à tisser) ; ils élèvent des bêtes à cornes ; le petit bétail est réduit.

Le reste de la population est composé de diverses minorités qui habitent, pour la plupart, les régions périphériques. Les Chans sont des Thaïs, cousins des Siamois (ils ont conservé une organisation féodale et dominent des minorités proto-indochinoises [Palaungs et Was]). Les montagnards kachins (450 000) sont de langue tibéto-birmane, et ont échappé à l’influence indienne ; ils sont animistes ou chrétiens, de même que les Chins (400 000), dont les dialectes varient d’une vallée à l’autre. Les Karens, qui sont près de deux millions, sont partiellement christianisés. Ils vivent traditionnellement dans les montagnes frontières de la Thaïlande septentrionale, pratiquant la culture sur brûlis. Ils sont encore nombreux dans le delta de l’Irrawaddy. Dans les principales villes de basse Birmanie, surtout, vivent de nombreux Indiens et Chinois (en 1957, 800 000 Indiens et 350 000 Chinois) ; toutefois, les effectifs chinois ont beaucoup diminué depuis 1962.


Les régions périphériques

La géographie et l’histoire permettent ainsi de distinguer une haute Birmanie, une basse Birmanie et des régions périphériques. Celles-ci correspondent à la Chin Special Division, aux États des Kachins, des Chans, des Kayahs, des Karens, et en outre à l’Arakan et au Tenasserim. Ce sont des régions montagneuses. Elles sont, le plus souvent, couvertes de forêts : ainsi la grande forêt dense hygrophile à plusieurs strates arborées, aux espèces nombreuses, où dominent les diptérocarpacées, couvre le Yoma d’Arakan, le Tenasserim, les pentes occidentales du plateau Chan ; cette forêt est le plus souvent secondaire, car Chins, Chans ou Karens pratiquent la culture sur brûlis à longue jachère (taung-ya). La forêt sèche à diptérocarpacées et à tecks, futaie dominant des tapis de graminacées, couvre les pentes orientales de l’Arakan Yoma et du Pegu Yoma. Les monts des Kachins voient un étagement forestier en altitude et portent surtout des pins et des chênes toujours verts. Les régions périphériques ne sont pas dépourvues de ressources minières : plomb, zinc et argent à Bawdwin (État des Chans), tungstène à Mawchi (État des Karens), étain et tungstène dans l’extrémité sud du Tenasserim, qui possède quelques cultures d’hévéas (Tavoy et Mergui). Dans le Tenasserim, la pêche maritime est active sur une côte découpée comme sur la côte arakanaise, mais Akyab et Moulmein sont des ports médiocres, inutilisables en été.