Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

binomiale (loi) (suite)

Caractéristiques de la loi binomiale


Espérance mathématique

L’espérance mathématique de la variable de Bernoulli ℬ (1, p) est E [ℬ (1, p)] = 0 × q + 1 × p = p.
Comme la variable binomiale ℬ (np) est la somme de n variables de Bernoulli, son espérance est

Le calcul direct donne d’ailleurs

puisque p + q = 1.


Variance

La variance de la variable de Bernoulli ℬ (1, p) est
V [ℬ (1, p)] = q (0 – p)2 + p (1 – p)2 = qp2 + pq2 = pq (p + q) = pq.
Comme la variable binomiale ℬ (np) est la somme de n variables de Bernoulli indépendantes, sa variance est

Son écart type est donc

Exemple. Au jeu de pile ou face en quatre coups , X étant le nombre de piles obtenues, l’espérance et la variance sont

d’où σ = 1 ; on peut espérer deux succès avec un écart type de 1.


Loi des grands nombres

Si X1, X2, ..., Xn sont des variables aléatoires indépendantes et de même loi, la variable aléatoire est telle que, pour tout nombre réel ε > 0, la probabilité tend vers zéro lorsque n augmente indéfiniment, E (Xi) étant l’espérance mathématique commune aux variables X1, X2, ..., Xn. Appliquée à une variable binomiale, elle prend une forme particulière.

La variable binomiale X = ℬ (np) est en effet la somme de n variables de Bernoulli, ℬi (1, p) = Xi indépendantes, de même loi et d’espérance E (Xi) = p. La variable , que l’on peut interpréter comme le rapport du nombre de succès au nombre d’épreuves, c’est-à-dire la fréquence du succès, est donc telle que

quand n → + ∞. Ainsi, on est presque sûr qu’en répétant indéfiniment la même épreuve la fréquence va se rapprocher de la probabilité p de succès.

De façon précise, l’espérance mathématique et la variance de la variable sont respectivement et  ; l’inégalité de Bienaymé-Tchébychev appliquée à la variable s’écrit alors

La quantité ε étant > 0, on pourra choisir n de façon à rendre plus petit qu’une quantité fixée à l’avance.

Exemple. Au jeu de pile ou face, on cherche la valeur minimale du nombre de coups nécessaires à l’obtention d’une fréquence de succès (pile par exemple) comprise entre 0,45 et 0,55, avec une probabilité de 0,99. Il faut, pour cela, que

ce qui sera réalisé si , soit


Approximations de la loi binomiale


Par une loi de Poisson

Quand n est grand (par exemple, ), p petit (par exemple, ) et quand le produit np est de l’ordre de quelques unités (par exemple, np < 5), on peut remplacer, avec une assez bonne précision, la valeur numérique de b (knp) par celle de , avec m = np. Le calcul de P (km) est moins pénible que celui de b (knp). D’ailleurs, la table de la loi de Poisson donnant les valeurs de P (km) est moins volumineuse que la table binomiale, car P (km) ne dépend que d’un paramètre, m, pour une valeur de k donnée, alors que b (knp) dépend de deux paramètres, n et p.


Par une loi de Laplace-Gauss

Si n est grand (par exemple, ), quand p n’est ni trop petit, ni trop grand, de façon que les produits np et nq soient supérieurs à quelques unités (par exemple, np > 5 et nq > 5), on peut remplacer la valeur numérique de b (knp) par celle de
Malgré les apparences, la formule donnant P (k) conduit à un calcul bien plus simple que celui de b (knp), où figurent des factorielles, car

D’ailleurs, la table de la loi de Laplace-Gauss fournit la valeur de

Il suffit donc de calculer
de chercher f(t) dans la table de la loi de Laplace-Gauss et de diviser par puisque
On peut aussi, dans les mêmes conditions calculer des probabilités cumulées relatives à la loi binomiale ℬ (np) à l’aide de la fonction de répartition F (t) de la loi de Laplace-Gauss. On peut, pour cela, remplacer

La table de la loi de Laplace-Gauss donne les valeurs de

Il suffit donc de calculer t1 et t2, et de remplacer

E. S.

➙ Aléatoire (variable) / Gauss (C.) / Poisson (D.) / Probabilité.

 G. Calot, Cours de statistique descriptive (Dunod, 1964). / Y. Hébert, Mathématiques, probabilités et statistique (Vuibert, 1975).

biochimie ou chimie biologique

Partie de la chimie qui traite des composants des cellules ou des liquides constituant les organismes vivants, animaux ou végétaux, et des réactions qui régissent les phénomènes vitaux. L’expérience a montré que les mêmes substances se rencontrent chez les végétaux, les bactéries et les animaux, et dans les produits de leurs métabolismes.


La complexité des milieux vivants, auxquels s’intéresse la biochimie, exige la mise en œuvre de techniques toujours délicates. Le développement de la biochimie a été fortement influencé et stimulé par la recherche médicale et par la recherche pharmaceutique, dans les buts évidents de concourir à l’établissement des diagnostics (chimie clinique) ou d’introduire en thérapeutique des médicaments nouveaux.


Historique

Les effets de certaines réactions biochimiques, tels que l’obtention des boissons fermentées ou la préparation du sel ammoniac à partir de certains excréments ou déchets organiques, sont connus depuis fort longtemps. Toutefois, ce n’est qu’à partir de la fin du xviiie s. que les savants essaient d’appliquer les méthodes scientifiques à l’analyse des produits des métabolismes organiques. Ainsi Hilaire Marin Rouelle, en 1773, isole l’urée de l’urine, Carl Wilhelm Scheele* prépare le glycérol par saponification de l’huile d’olive (1779), Lazzaro Spallanzani constate la digestion des protéines (1780), Lavoisier* assimile la respiration à une oxydation (1777). L’application à la chimie de la théorie atomique, l’apparition de la microbiologie provoquent, au cours du xixe s., nombre de travaux, parmi lesquels on peut citer : l’étude de la fermentation alcoolique (Gay-Lussac*, 1815) ; la découverte de l’activité optique des molécules en lumière polarisée (Jean-Baptiste Biot, 1815) ; la synthèse de l’urée, première synthèse biochimique (Friedrich Wöhler, 1828) ; la célèbre théorie des fermentations (Pasteur, 1857) ; la découverte des acides nucléiques (Friedrich Miescher, 1869) ; la « cristallisation » de l’albumine de l’œuf (Franz Hofmeister, 1890) ; l’isolement de certaines enzymes à partir de sucs cellulaires (Eduard et Hans Buchner, 1903).