Benoît XV (suite)
Les appels à la paix seront très nombreux. Benoît XV s’adresse directement aux chefs d’État le 28 juillet 1915 et le 1er août 1917. Dans cette dernière intervention, le pape formule des propositions concrètes : elle a été précédée de conversations entre Pacelli (le futur Pie XII), alors nonce à Munich, et les chanceliers allemands Bethmann-Hollweg et Georg Michaelis. Le pape suggère un désarmement simultané et réciproque, l’acceptation de l’idée d’un arbitrage, la liberté des mers, la renonciation réciproque aux indemnités de guerre, la restitution de ses colonies à l’Allemagne, l’indépendance totale de la Belgique.
Cette initiative n’obtient pas le succès désiré, le haut état-major allemand, réuni le 11 septembre au château de Bellevue, s’opposant à l’indépendance complète de la Belgique. En outre, les puissances de l’Entente trouvent que le projet est trop favorable aux empires centraux, auxquels il n’impose aucune réparation, et qu’il laisse libres d’agir à leur guise à l’est et dans les Balkans. C’est pourquoi, même si l’Allemagne avait accepté la note de Benoît XV, l’Entente n’aurait sans doute pas suivi.
L’autre souci du pape est de maintenir la neutralité du Saint-Siège. Il ne s’oppose pas moins vigoureusement à la déportation des ouvriers, et agit fortement en ce sens par sa diplomatie en Allemagne ; il condamne aussi le bombardement des villes ouvertes. Pour contribuer au soulagement des populations, le pape fait des dons considérables d’argent, facilite l’échange des prisonniers de guerre et leur hospitalisation en Suisse. Cette action charitable se poursuivra après le conflit, surtout au service de l’enfance.
L’œuvre diplomatique de Benoît XV a quelque peu fait oublier ses autres activités, dont certaines furent importantes, tels ses encouragements au parti populaire de Don Sturzo, appelé à un si grand avenir. Dans son encyclique Maximum illud de 1919, il encouragea la formation d’un clergé indigène.
P. R.
➙ Catholicisme / Église catholique / Papauté / Vatican.
P. Dudon, l’Action de Benoît XV pendant la guerre (G. Beauchesne, 1918). / F. Hayward, Un pape méconnu : Benoît XV (Casterman, 1955).