Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bali (suite)

Les arts balinais moderne et contemporain

L’art religieux traditionnel s’est perpétué jusqu’à nos jours. Outre les innombrables chapelles privées, il y a en principe trois temples par village : un pour les dieux, un pour la fertilité des champs, un pour les morts. Le plus important pura est celui de Besakih (versant sud du Gunung Agung), dont les origines sont très anciennes. En général, le sanctuaire a trois enceintes successives (en brique). La troisième renferme les meru, hautes structures en bois qui sont les temples proprement dits. Les dieux, censés résider sur la montagne, ne viennent au temple que pour les fêtes et s’asseyent, invisibles, sur des sièges de pierre (tuf) richement sculptés.

À côté de la statuaire religieuse (terrifiants gardiens d’enceinte, etc.) existent une sculpture réaliste (« mère à l’enfant », musée de Denpasar) et une statuaire de bois polychrome. La peinture traditionnelle (sur peau de buffle, écorce battue, toile), mis à part les calendriers astrologiques, illustre des scènes des épopées religieuses indiennes.

Les arts dits « mineurs » (poignards ou kriss, tissus batik, etc.) sont florissants. L’art dramatique (marionnettes wayang, masques, danse) tient une grande place dans la vie balinaise.

Les peintres et sculpteurs contemporains sont restés originaux malgré les influences de l’Occident ; citons au moins le peintre Anak Agung Gdé Soberat et les sculpteurs sur bois du village de Mas.

A. L. B.

➙ Indonésie / Java.

 P. A. J. Moojen, Kunst op Bali (La Haye, 1926). / W. F. Stutterheim, Indian Influences in Old Balinese Art (Londres, 1935). / Bali, Studies in Life, Thought and Ritual (La Haye et Bandung, 1960).

Balkans

La plus massive et la plus montagneuse des péninsules méditerranéennes.



Généralité

Au cours de l’histoire contemporaine, les États balkaniques ont subi le poids d’un passé d’inféodation aux grandes puissances et de morcellement ethnique, religieux, politique.

Ce terme de Balkan a une origine turque : il signifie « la montagne » et a été appliqué d’abord à cette chaîne que les Romains appelaient Haemus, la Stara Planina bulgare. Par extension, il a désigné au temps de l’occupation ottomane un domaine qu’on s’accorde à limiter à la ligne du Danube et de la Save, bien que certains auteurs aient inclus la Roumanie parmi les États balkaniques. En fait, seules les provinces de Valachie et de Moldavie ont subi l’occupation turque, et les territoires yougoslaves situés entre Drave et Save ne font pas réellement partie de la péninsule. En dehors de la Turquie d’Europe, les quatre États proprement balkaniques sont : l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce et la Yougoslavie.

L’expression « balkanique » s’applique à des pays dont le retard économique sur l’Occident peut être considéré comme une des multiples formes du sous-développement, marqués par l’absence de révolution industrielle, la prépondérance du secteur agricole, la permanence de structures féodales. Les raisons de ces retards accumulés résident dans l’histoire et dans la nature.

L’occupation ottomane a en effet stérilisé les possibilités de développement au moment où les grandes puissances d’Europe s’ouvraient à la technique et à l’industrie. Les Balkans étaient en marge de l’Empire ottoman et furent considérés comme un réservoir de ressources naturelles et de main-d’œuvre. Ainsi les Turcs tracèrent quelques grandes voies de communication comme le Carski Drum (la route impériale), des plaines pannoniennes à Istanbul, ou la route du coton, de Thessalonique à Trieste. Ils favorisèrent l’exploitation des mines de métaux précieux. Ils ont accru l’importance de quelques villes carrefours et marchés, comme Skopje ou Sarajevo, où se sont épanouies des formes d’artisanat traditionnel. Mais la propriété des grands domaines, les čiftliks, passa à des begs ou à des pachas ; les bénéfices réalisés dans l’agriculture et le commerce ne furent pas réinvestis ; les populations chrétiennes, la raja, furent méprisées, chassées et, dans certains cas, massacrées. À ce passé médiéval s’ajoute une histoire de conflits incessants, de pillages, d’exactions, de guerres, qui, périodiquement, ravagèrent les villages, provoquèrent la fuite des populations vers le littoral adriatique et les plaines du nord (ce que le géographe serbe Jovan Cvijíc a appelé les « mouvements métanastasiques »). Il en fut ainsi en Macédoine, en Albanie, en Bosnie, en Serbie, en Bulgarie, pendant une période qui varie entre un et quatre siècles d’occupation.

Le milieu physique a pour sa part favorisé le retard économique et social. Les peuples réfugiés dans les montagnes n’ont eu que des contacts épisodiques avec les régions du pourtour. Les coutumes se sont maintenues avec les formes traditionnelles de la vie pastorale. L’absence de développement urbain est en rapport avec la difficulté des communications et la faiblesse de la bourgeoisie d’origine rurale ou commerçante. Les Balkans sont par excellence le pays morcelé, isolé, vivant en autarcie jusque dans le premier quart du xxe s. Ils sont marqués aussi par une rigoureuse ségrégation ethnique, linguistique et religieuse : le problème des Macédoines exprime parfaitement l’impossibilité, dans les structures traditionnelles, d’apporter des solutions à des problèmes hérités.

Depuis la Première et la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux États balkaniques libérés et indépendants se développent : le décollage économique se situe selon les régions entre 1930 et 1960. La géographie des Balkans nouveaux doit donc faire une place prépondérante aux facteurs de développement que sont les politiques nationales de planification, d’aménagement du territoire et de mobilisation des ressources en vue d’une croissance continue de la production et du développement régional et urbain. Mais ce démarrage aurait été réalisé dans de meilleures conditions si une fédération avait coordonné des efforts jusque-là dispersés. Or, un État, la Grèce, appartient au monde de l’économie libérale et est membre associé de l’Europe des Six ; les autres font partie du camp socialiste, mais chacun suit sa propre voie.