Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Biologie expérimentale et physiologie animale

Les animaux (Vertébrés et Invertébrés) furent utilisés par divers biologistes du xviiie s. afin de résoudre quelques-uns des grands problèmes de la biologie et de la physiologie animales.

C’est ainsi que Réaumur, déjà cité pour ses travaux d’entomologie, expérimenta sur la digestion des oiseaux et montra le rôle du suc gastrique. Chez divers de ces animaux, il étudia également la durée d’incubation des œufs et tenta de réaliser des croisements.

Lazzaro Spallanzani (1729-1799) précisa le rôle du suc gastrique entrevu par Réaumur et réalisa la première digestion artificielle. Il obtint également l’insémination artificielle des œufs de grenouille (1777), cette expérience ayant cependant été faite avant lui chez des Poissons (truite et saumon) par Jacobi (1763). Enfin, c’est encore Spallanzani (1794) qui pressentit le rôle joué par l’ouïe dans l’orientation des chauves-souris.

La régénération de l’hydre d’eau douce après sa section, observée par Trembley (1744), eut un grand retentissement et suscita des expériences analogues chez d’autres animaux (ver de terre, escargot, salamandre, triton) qui amenèrent des discussions passionnées et des polémiques pour savoir si ce phénomène était lié, comme ceux de la génération, à la théorie de la préformation ou à celle de l’épigenèse.

Enfin, Charles Bonnet (1720-1793) confirma en 1740 l’existence de la parthénogenèse (reproduction d’une femelle vierge) chez les pucerons, déjà vue par Van Leeuwenhoek. Cette découverte fit sensation et fut un argument de poids pour les ovistes, suivant lesquels c’est la femelle qui aurait la primauté génératrice.

Rappelons encore qu’en 1733 Stephen Hales (1677-1761) publiait son ouvrage intitulé Hæmastatics, dans lequel il étudiait le sang et la pression sanguine chez divers Mammifères.


Zoologistes voyageurs

La contribution des naturalistes voyageurs à la zoologie au xviiie s. est loin d’être négligeable, car elle permit d’accroître le nombre d’espèces connues. On ne peut citer ici que les plus importants.

Pour ce qui est de l’Europe septentrionale et boréale (Islande, Groenland, Spitzberg), il faut mentionner les observations de J. Anderson (1746), de Mohr (1788) et de Fabricius (1780), qui décrivirent assez bien la faune de ces régions, tandis que celle de Russie et de l’Asie russe était étudiée de 1737 à 1742 par Georg Wilhelm Steller, qui visita également le Kamtchatka. De 1768 à 1774, l’impératrice Catherine II organisa une expédition scientifique en Asie septentrionale et en Perse, à laquelle participa Peter Simon Pallas, qui décrivit de nombreux Mammifères et entreprit une Zoographia russo-asiatica, qui demeura inachevée. Jean Guillaume Bruguières et Olivier visitèrent l’Asie Mineure et la Perse de 1792 à 1798 et en rapportèrent d’importantes collections et observations zoologiques ; le premier de ces naturalistes avait visité Madagascar (1773). L’Afrique fut l’objet des recherches d’Adanson pour ce qui est du Sénégal, où il séjourna de 1749 à 1753, et de P. Kolbe et A. Sparrman en ce qui concerne l’Afrique du Sud, qu’ils explorèrent respectivement de 1705 à 1712 et en 1775-76 ; ce dernier décrivit plusieurs espèces d’antilopes. Au cours de l’expédition d’Égypte (1798-99) de Bonaparte, E. Geoffroy Saint-Hilaire et Jules-César Lelorgne de Savigny étudièrent la faune de ce pays, dont ils rapportèrent de nombreux échantillons. Des observations et récoltes zoologiques furent également faites au cours des grands voyages de circumnavigation par divers naturalistes tels que : Joseph de Jussieu*, qui visita l’Amérique du Sud de 1735 à 1745 (expédition de Bouguer et de La Condamine) et étudia les animaux de l’Amazonie ; Philibert Commerson, qui fit le tour du monde avec Bougainville* de 1766 à 1769, tandis que sir Joseph Banks, Daniel Solander, R. et G. Forster, Sparrman et Anderson participaient aux trois voyages de J. Cook* dans le Pacifique (1768-1779) et découvraient de nombreux animaux jusqu’ici inconnus de la région australienne (kangourou, ornithorynque, échidnés) ; Robert de Paul de Lamanon, qui accompagna La Pérouse et ses compagnons (1785-1787) ; Jacques Julien Houton de La Billardière et Claude Riche, qui participèrent au voyage de d’Entrecasteaux (1791-1793), et Maugé, à celui de Nicolas Baudin.


Précurseurs du transformisme

C’est au cours du xviiie s. qu’allait se faire jour l’idée d’une transformation lente et graduelle des espèces au cours des époques géologiques.

Sous l’influence des progrès de la paléontologie (découverte et description de nombreux fossiles tant animaux que végétaux) et de la mise en évidence de « variations » des espèces vivantes, divers naturalistes commencèrent à entrevoir la possibilité d’une modification de celles-ci. D’autre part, l’émancipation des esprits sous l’influence d’hommes dépourvus de préjugés religieux tels que le furent les « encyclopédistes » (d’Alembert, Diderot, etc.) allait faire battre en brèche les idées dites « créationnistes », suivant lesquelles les espèces une fois créées seraient restées identiques à elles-mêmes.

Voyons qui furent ces précurseurs du transformisme : selon Benoist de Maillet (1659-1738), les premiers animaux seraient apparus dans la mer (Poissons) et se seraient transformés en Oiseaux. De même, les Mammifères, y compris l’Homme, proviendraient d’ancêtres marins. Ces idées sont exposées dans son Telliamed (1749) [anagramme de son nom], ouvrage posthume qui relève plus de la fable que de la science ; Jean-Baptiste Charles Robinet (1735-1820) souligna la continuité des êtres vivants et leur perfectionnement graduel aboutissant à l’Homme, mais également d’une façon peu scientifique.

Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), bien que de formation mathématique, aborda ces questions d’une façon beaucoup plus positive : il fit des expériences d’hybridation, nota l’existence de variétés chez les animaux et l’Homme et fut un précurseur de la génétique, ainsi que des notions de sélection naturelle et de préadaptation. Nous avons vu précédemment le « transformisme limité » de Buffon et devons encore citer parmi les précurseurs de cette théorie Erasmus Darwin (1731-1802), grand-père de Charles Darwin (qui devait au siècle suivant lui donner ses lettres de noblesse).