Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Avant d’en arriver au xixe s., il convient de faire remarquer que certains des grands zoologistes qui y vécurent étaient nés au siècle précédent et avaient publié des travaux avant 1800, tout en donnant après cette date l’essentiel de leur œuvre scientifique. C’est notamment le cas de Lamarck, de Cuvier et de E. Geoffroy Saint-Hilaire, dont il sera question plus loin.


Le xixe siècle

Ce siècle va marquer une étape capitale dans le développement de la zoologie. C’est en effet entre 1800 et 1900 que vont être formulés des concepts d’une très grande importance tels que la théorie de l’évolution, la théorie cellulaire et les lois de Mendel, qui marquèrent de leur emprise le règne animal aussi bien que le règne végétal.

Ces nouvelles conquêtes de la biologie ne furent possibles que grâce à l’amélioration des techniques et méthodes d’étude des animaux, d’une part, et à l’accroissement de leur nombre inventorié, de l’autre.


Amélioration des techniques et méthodes d’étude

C’est avant tout le perfectionnement de la microscopie qui permit une meilleure étude des animaux entiers pour les espèces de très petite taille ou des organes et tissus des plus grands.

Des objectifs de microscope dits « achromatiques » furent confectionnés dès le début du siècle et perfectionnés par la suite, tandis qu’étaient mis au point des objectifs à immersion permettant de plus forts grossissements.

Les échantillons zoologiques à étudier furent débités en coupes fines par des microtomes (mis au point entre 1866 et 1886), inclus dans la paraffine et montés entre lame et lamelle dans une résine (baume du Canada). Le matériel était fixé à l’aide de divers fixateurs (acide chromique ou acétique, bichromate de potassium, formol, etc.) et coloré par divers colorants (dérivés de l’aniline, safranine, etc.). Certains d’entre eux étaient utilisés chez les animaux vivants, ce sont les colorants dits « vitaux » (indigo, carmin, iode, bleu de méthylène, etc.). La cytochimie, ou étude chimique des constituants cellulaires, fut introduite dès 1829 par Raspail, avant même la formulation de la théorie cellulaire (selon laquelle chaque organisme animal ou végétal est constitué de cellules) par Matthias Jakob Schleiden (1804-1881) et Theodor Schwann (1810-1882). À la fin du siècle furent mises au point les techniques dites « micromanipulation » permettant de disséquer des œufs de divers Vertébrés ou Invertébrés, techniques devenues indispensables pour les études d’embryologie.

Les zoologistes, jusqu’ici isolés, se groupèrent en sociétés telles que la Zoological Society de Londres (1826), la Société entomologique de France (1832), etc., et, à la fin du siècle, furent organisés les premiers congrès internationaux de zoologie (Paris, 1889 ; Moscou, 1892 ; etc.).

Parallèlement à ces manifestations, les collections zoologiques des grands musées d’histoire naturelle (Paris, Londres, New York, etc.) s’enrichirent et s’agrandirent. Il en fut de même des jardins zoologiques et des ménageries (connues depuis l’Antiquité), où l’on conservait des animaux vivants.

Enfin, des périodiques scientifiques consacrés uniquement à la zoologie firent leur apparition (pour la France, citons les Annales des sciences naturelles [série zoologie], les Archives de zoologie expérimentale, etc.), de même que le Zoological Record, fondé en 1864, recueil de bibliographie zoologique annuelle.

Avant de survoler les progrès faits par cette science dans la systématique, la morphologie ou la biologie des divers groupes d’animaux, il faut rappeler l’œuvre capitale de trois des plus grands zoologistes du siècle dernier : Lamarck, Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire.


L’œuvre de Lamarck, Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire

Par leurs dates de naissance, Jean-Baptiste de Monet de Lamarck* (1744-1829), Georges Cuvier* (1769-1832) et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) sont des hommes du xviiie s., mais, comme nous l’avons déjà dit, c’est à partir de 1800 qu’ils donnèrent la quintessence de leur œuvre dans le cadre du Muséum d’histoire naturelle, nouveau nom du Jardin du Roi après les réformes de la Convention. Dès 1793, Lamarck, jusqu’alors botaniste, y fut chargé de la chaire nouvellement créée des « animaux sans vertèbres » (= Invertébrés) et, en 1806, il donna son Tableau du règne animal, dans lequel il distingue 12 classes (Mammaux [= Mammifères], Oiseaux, Reptiles, Poissons, Mollusques, Annélides, Crustacés, Arachnides, Insectes, Vers, Radiaires, Polypes), auxquelles il ajouta plus tard les Infusoires et les Cirripèdes. Lamarck publia également un Système (1801) et une Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (1815-1822). Mais il est surtout connu par sa Philosophie zoologique (1809) ouvrage capital car on y trouve la première formulation nette de l’idée d’évolution des êtres vivants sous l’influence de leur milieu et de leur mode de vie. C’est également Lamarck qui fut un des premiers à utiliser en France, dès 1802, le terme de « Biologie » pour désigner l’étude scientifique des êtres vivants.

Georges Cuvier, « dont le nom est intimement lié à la constitution de la zoologie au xixe s. » (Hoefer), fut avant tout un anatomiste.

Ses premiers travaux furent réalisés en collaboration avec E. Geoffroy Saint-Hilaire (avec qui il devait avoir plus tard une retentissante controverse) et portent sur la classification des Mammifères (1795). À partir de 1800, il publia de nombreux ouvrages zoologiques, dont les plus importants sont : Leçons d’anatomie comparée (1800-1805), le Règne animal distribué d’après son organisation (1817), Histoire naturelle des poissons (1828, avec Achille Valenciennes). Il fut de plus le fondateur de la paléontologie animale avec ses Recherches sur les ossements fossiles des quadrupèdes (1812-13). C’est lui qui formula le célèbre principe de corrélation des formes dont voici un exemple : une espèce carnivore possède des dents aiguës et tranchantes ainsi que des griffes, tandis qu’un herbivore a des molaires plates et des sabots.

Le but qu’il s’était assigné était la création d’un système anatomique basé sur la corrélation des organes. Il divisa le règne animal en quatre groupes principaux : Vertébrés, Mollusques, Articulés et Radiés, et il distinguait à l’intérieur de chacun de ceux-ci un plan de base à partir duquel se seraient différenciés les divers types d’organismes.

Mais pour Cuvier on ne pouvait comparer entre eux les animaux appartenant à des groupes différents et il croyait, comme avant lui Linné, que les espèces étaient immuables (fixisme).