Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

On note aussi en pleine Renaissance la persistance d’une littérature populaire et utilitaire d’origine médiévale, où la zoologie occupe une certaine place. À celle-ci appartiennent le Livre de la nature de Konrad von Megenberg (1309-1374), qui eut 5 éditions avant 1500 et fut réédité en 1536 et 1540, le De rerum proprietatibus de Barthélemy l’Anglais (xiiie s.), qui connut 6 éditions au xvie s., les diverses versions du Hortus sanitatis, recueil de médecine et thérapeutique populaires, auxquelles on peut ajouter l’ouvrage d’histoire naturelle appliquée d’Adam Lonicer (1528-1586), où la zoologie est représentée par l’étude des propriétés diététiques et thérapeutiques de divers Vertébrés et Invertébrés. Il faudra attendre le « grand virage du xviie s. » (G. Petit et J. Théodoridès) pour que la zoologie prenne une orientation véritablement scientifique.


Le xviie siècle

Au début de ce siècle, des idées inexactes sur les animaux héritées de l’Antiquité et du Moyen Âge ont encore cours et font appel au merveilleux et au surnaturel. Mais, rapidement, les zoologistes vont travailler avec moins d’idées préconçues et se débarrasser progressivement de l’emprise des Anciens, qu’ils n’hésiteront pas à contredire s’il le faut.

Plusieurs facteurs vont amener un véritable changement dans l’étude des animaux. Tout d’abord l’accroissement considérable du nombre des espèces connues, à la suite de voyages dans les divers continents.

Des informations sur divers animaux exotiques furent en effet apportées par de nombreux voyageurs qui, bien que n’étant pas tous naturalistes, possédaient un bon sens de l’observation. Parmi ceux-ci, il faut citer pour l’Ancien Monde : Prospero Alpino (Égypte), Jean-Baptiste Tavernier et Jean Chardin (Perse), Jacobus Bontius (Indonésie) ; pour le Nouveau Monde : Jean-Baptiste Du Tertre et sir Hans Sloane (Antilles), Georg Marcgrav et Willem Piso (Brésil).

L’anatomie va également faire des progrès considérables, et la dissection va être pratiquée sur une grande échelle et dans toutes les classes zoologiques, qu’il s’agisse des Vertébrés ou des Invertébrés. Pour l’étude de ces derniers, un facteur d’une importance capitale joua un rôle de tout premier plan dans l’essor de la zoologie : l’apparition du microscope*. En outre, tous ces travaux, qu’il s’agisse d’anatomie macroscopique ou microscopique, allaient être encouragés par le grand développement pris à cette époque par les sociétés et académies scientifiques.

Enfin, c’est au xviie s. que furent faites les premières tentatives d’étude scientifique de la psychologie animale et du comportement.

Voyons maintenant quels furent les principaux zoologistes de ce temps et leurs contributions. Et tout d’abord les microscopistes, qui se servaient d’instruments rudimentaires représentant plutôt des loupes que des microscopes au sens actuel du terme. Parmi ceux-là, mentionnons Francesco Stelluti (1577-1651), membre de l’Accademia dei Lincei, qui figura dès 1625 dans son Apiarium l’anatomie fine de l’abeille. Le même insecte fut étudié par Robert Hooke (1635-1703) dans sa Micrographia (1665), où sont figurés également le pou, la puce, les yeux composés de la mouche et de la libellule, des moustiques, etc.

A. Van Leeuwenhoek*, autodidacte néerlandais, est plus important encore pour l’histoire de la zoologie. C’est lui, en effet, qui découvrit en 1674 la classe des Protozoaires, décrivant aussi bien des espèces libres (Ciliés et Euglènes) que parasites (Ciliés, Flagellés, Coccidies). Il fit également de nombreuses observations sur plus de 200 espèces animales, tant parmi les Invertébrés (découverte de la parthénogenèse chez les pucerons) que parmi les Vertébrés (description des globules sanguins et de la circulation dans les capillaires, étude de divers tissus : muscles striés, dents, poils, etc.).

Un autre Hollandais, Jan Swammerdam (1637-1680) [v. évolution biologique], fut un des créateurs de l’anatomie des Invertébrés, par ses remarquables dissections d’insectes (éphémère, abeille, pou), et un des pionniers des techniques d’anatomie fine des Vertébrés (injection de colorants dans les organes).

Les autres zoologistes du xviie s. ont été pour la plupart des anatomistes, et beaucoup d’entre eux furent également médecins. Aux Pays-Bas appartiennent Gerardus Blasius (ou Gerard Blaes, 1625?-1692), auteur de plusieurs ouvrages, dont un traité d’anatomie comparée où sont décrits 119 types zoologiques, et Jan Goedaert (1620-1668), peintre et entomologiste qui a décrit et représenté 140 espèces d’insectes.

La contribution des Anglais est très importante. Il faut tout d’abord citer William Harvey (1578-1657), célèbre par sa découverte de la circulation* sanguine (1628) ; son traité de physiologie animale, publié trois siècles après sa mort (1959) sous le titre De motu locali animalium, est consacré à l’examen des idées d’Aristote sur les mouvements des animaux ainsi qu’à la structure et à l’action des muscles. Il avait en outre étudié une cinquantaine d’animaux de divers groupes et publia en 1651 un des premiers essais d’embryologie comparée (Exercitationes de generatione animalium) où se trouve le fameux adage : Ex ovo omnia, c’est-à-dire : « Tout être provient d’un œuf. »

Thomas Willis (1621-1675) était également médecin et consacra un ouvrage (1672) à l’anatomie de quelques Invertébrés (huître, homard, ver de terre).

Le naturaliste John Ray (1628-1705) occupe une place importante dans l’histoire de la zoologie, car, dans ses divers ouvrages, il introduisit d’importantes innovations (introduction de la notion d’espèce en histoire naturelle, précision plus grande pour définir les espèces, les groupes, etc., utilisation de l’anatomie comme base principale de la classification zoologique). Il s’inspirait cependant encore d’Aristote en divisant les animaux en espèces pourvues ou dépourvues de sang rouge. Il a néanmoins perfectionné la classification zoologique, qu’il s’agisse des Vertébrés (divisés en Vivipares et Ovipares), des Mammifères (divisés en Ongulés et Onguiculés) ou des Insectes (où il tenait compte de la présence ou de l’absence de métamorphoses). Sa classification renferme déjà tous les éléments de celle de Linné et des auteurs postérieurs. C’est Ray qui publia les ouvrages de son ami Francis Willoughby (1635-1672) sur les Oiseaux et les Poissons. Martin Lister (1638-1712), médecin et zoologiste, fut spécialisé dans l’étude des Invertébrés et est considéré comme le fondateur de la conchyliologie (étude des Mollusques) britannique. Quant à Edward Tyson (1651-1708), également médecin et anatomiste, il laissa une œuvre zoologique d’une très grande importance par ses études anatomiques sur le dauphin, le crotale, les vers parasites, le pécari, l’opossum, le chimpanzé.