Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Z

zoologie (suite)

L’apport des Italiens fut également très important. Girolamo Fabrici d’Acquapendente (1533-1619), anatomiste et chirurgien, étudia l’anatomie comparée des organes génitaux, du fœtus, des organes sensoriels et du tube digestif de divers Vertébrés ; il est de plus l’auteur de 167 planches anatomiques en couleurs représentant les organes de plusieurs de ceux-ci, conservées à Venise (Biblioteca Marciana). Son élève Giulio Casseri (ou Casserio, ou Casserius [1559-1616]), étudia (1601) les organes de la phonation et de l’audition de divers Vertébrés, également l’appareil stridulant des Insectes, en donnant d’excellentes illustrations. Citons encore Marco Aurelio Severino (1580-1656), auteur de plusieurs traités d’anatomie animale. Mais les deux plus grands zoologistes italiens du xviie s. furent Redi et Malpighi.

Francesco Redi (1626-1697) fut tout à la fois naturaliste, médecin et poète. Ses principaux travaux zoologiques concernent la vipère (1664), la génération des Insectes (1668) et les parasites (1684). Dans le deuxième de ces ouvrages, il nie la « génération spontanée » des vers apparaissant dans la viande putréfiée, en montrant qu’il s’agissait d’asticots engendrés par les mouches. Il croyait cependant que les Insectes des galles végétales y apparaissaient spontanément, erreur qui sera rectifiée par son disciple Antonio Vallisnieri en 1712. L’apport de Redi à la parasitologie en fait le créateur de cette branche de la zoologie. Il a en effet décrit plus de 100 espèces de parasites (Helminthes, Acariens et Insectes) de divers Vertébrés. Le terme de rédie fut créé en son honneur pour désigner un des stades du cycle des Trématodes. Et c’est sous son influence que ses élèves Giovanni Cosimo Bonomo et Giacinto Cestoni décrivirent (1687) le sarcopte de la gale, dont ils donnèrent d’excellentes figures.

Marcello Malpighi (1628-1694) [v. évolution biologique] fut le fondateur de l’anatomie microscopique. Il étudia dans son De pulmonibus (1661) les capillaires qui permettaient d’expliquer le passage du sang artériel au sang veineux, chez la grenouille et divers Mammifères. Son Traité du ver à soie (1669) constitue la première monographie détaillée consacrée à un Invertébré. Il découvrit l’appareil excréteur des insectes qui porte son nom (tubes de Malpighi) et consacra une importante étude à l’embryologie du poulet (1673).

La contribution française est surtout marquée par l’œuvre anatomique de Claude Perrault (1613-1688), également architecte, et de ses collaborateurs (Jean Pecquet, Joseph Duverney, Jean Méry, etc.), qui publièrent de 1667 à 1676 plusieurs ouvrages concernant une cinquantaine de Vertébrés. On y trouve d’importantes observations : description de la valvule spirale de l’intestin des Sélaciens, première étude anatomique sérieuse d’une tortue, précisions anatomiques sur l’éléphant, mise en évidence de la position systématique différente du hérisson et du porc-épic, etc. Perrault est également l’auteur d’une Mécanique des animaux (1680), où il soutient des vues tout à fait opposées à la théorie des « animaux-machines » de Descartes.

Marin Cureau de La Chambre (1596-1669), un des tout premiers membres de l’Académie française, fut un pionnier de l’éthologie et de la psychologie animales, notant que des animaux se trouvent ensemble non en raison d’une prétendue « amitié » entre eux, mais tout simplement parce qu’ils partagent le même habitat, ayant comme nous dirions aujourd’hui les mêmes exigences écologiques.

Le Danemark vit au xviie s. l’épanouissement d’une importante école d’anatomistes à préoccupations zoologiques, illustrée par les noms de Sténon et des Bartholin. Nicolas Sténon (Niels Steensen) [1638-1686] fut à la fois anatomiste, physiologiste, géologue, médecin et évêque. Il a laissé d’importants travaux sur l’anatomie des Sélaciens (raie, requin) et sur les muscles de l’aigle. Également paléontologiste, il fit des considérations sur la structure des coquilles fossiles en partant d’espèces voisines actuelles.

Gaspard (1585-1629) et Thomas (1616-1680) Bartholin (le père et le fils) étudièrent l’anatomie de divers Mammifères (renne, lion, lièvre, Cétacés, etc.) et Oiseaux (cygne). Leur nom reste lié à divers organes, en particulier au canal et aux glandes de Bartholin.

À la fin de ce siècle, on trouve réalisées trois conditions qui vont permettre à la zoologie de prendre son véritable essor : intérêt pour l’anatomie des Invertébrés, amélioration des techniques de dissection, coordination des données obtenues. Par ailleurs, les progrès de la classification zoologique réalisés par J. Ray annoncent celle que va mettre au point Linné au siècle suivant.


Le xviiie siècle

C’est le « siècle des lumières », celui où des philosophes et des savants à l’esprit indépendant vont réagir contre les excès de la théologie pour tenter de faire triompher le rationalisme et lutter contre la scolastique, le merveilleux et le surnaturel. En ce qui concerne plus spécialement la zoologie, c’est aussi l’époque des débuts de la biologie expérimentale, qui va tenter de résoudre chez divers animaux (Vertébrés et Invertébrés) quelques-uns des grands problèmes biologiques (reproduction, fécondation, génération, développement, régénération, etc.). C’est également au cours de ce siècle qu’allait se perfectionner l’œuvre des naturalistes descripteurs, dont les plus illustres furent Linné et Buffon.

C’est de cette double approche à la fois taxinomique et biologique des animaux que naîtra dès la fin du siècle la conception transformiste qui mènera à la théorie de l’évolution. Nous allons examiner quelles en furent les grandes lignes.


Linné* et Buffon*

Ces deux savants furent contemporains, et leur œuvre s’étend sur presque tout le xviiie s. Le Suédois Linné fut principalement botaniste, et notre compatriote Buffon fut surtout zoologiste.

Carl von Linné* (1707-1778) entreprit ce que nul avant lui n’avait tenté de faire, à savoir de donner une classification des espèces animales et végétales connues à son époque et qu’il entreprit de nommer en latin.