Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Yougoslavie (suite)

Des activités nouvelles se sont cependant développées : les bassins houillers et les villes textiles de Serbie ; Kragujevac, grand centre d’armement et d’industrie automobile ; Niš, foyer d’industries modernes. Au sud, Skopje renaît du séisme qui l’a ruinée en 1963 et construit une ville nouvelle, bâtit un combinat sidérurgique et également une raffinerie de pétrole. La Macédoine occidentale et ses lacs s’ouvrent au tourisme. La Macédoine centrale deviendra sans doute un arrière-pays actif de Thessalonique.


Les passages de l’Ouest

Entre la Save et le littoral adriatique se sont développées des fonctions de passage. Au sud se localise celui du Gorski Kotar ou de Croatie occidentale, lieu de tourisme, suivi par une excellente route et une voie ferrée électrifiée desservant Rijeka. Au nord, les passages de Slovénie traversent des régions développées, plus proches de l’Autriche et de l’Italie, plus anciennes par leur développement économique (aciéries, papeteries, textiles) ; ces régions sont favorisées par un relief alpin aéré, de type glaciaire, où l’érosion a creusé les trois sillons de la Soča (ou, en ital., Isonzo) [ressources hydroélectriques et activité encore pastorale), de la Save (le plus profond et le plus dynamique, avec les villes de Kranj, Jesenice, la station balnéaire de Bled) et enfin de Maribor, siège d’une industrie automobile et électrique. Ces conditions ont facilité le passage entre Ljubljana et Trieste, entre les derniers massifs alpins et le début des plateaux du karst : une voie ferrée électrifiée, une autoroute franchissent la frontière, point d’arrivée des touristes étrangers. Ljubljana, vieille ville-musée, d’allure bourgeoise, s’est modernisée avec les entreprises Telekom et Litostroj, qui produisent du matériel électrique.


Les plaines du Nord

Elles sont constituées par la partie méridionale du Bassin pannonien. Quelques massifs, jusqu’à la Fruška Gora, à l’est, entourés de collines, attestent la présence du substratum plus ou moins soulevé. La Slavonie se compose de vastes plaines d’inondation, de marais, de larges terrasses suivant les rubans alluviaux de la Drave, de la Save et de leurs affluents. À l’est du Danube, en Vojvodine, le climat prend des caractères steppiques : massifs anciens et collines disparaissent. Plaines et plateaux sont occupés soit par des champs de dunes, soit par des marais, soit, surtout, par des placages de lœss.

Par leur climat comme par leurs sols, ces régions sont les greniers à blé de la Yougoslavie ; elles fournissent, en des proportions variant entre la moitié et les trois quarts, les céréales (surtout le maïs), les plantes industrielles (betterave à sucre, tournesol) et fourragères. Les grosses exploitations d’État couvrent parfois des dizaines de milliers d’hectares. L’irrigation, après le dessèchement des marécages, s’étend en rapport avec le creusement du canal Danube-Tisza-Danube.

Ces régions sont également les plus récemment colonisées de Yougoslavie. Désertes à la suite de plusieurs siècles d’occupation turque, reconquises après le traité de Karlovci (Karlowitz, 1699), elles présentent encore les mêmes plans de villages, allongés le long d’une route, comme en Slavonie, disposés en échiquiers, comme en Vojvodine.

De nombreux villages sont devenus des villes, et d’anciennes bourgades ou de vieilles forteresses se sont considérablement accrues : villes d’origine agricole (Bjelovar, Daruvar, Osijek, Subotica) ; villes de fleuves et centres administratifs, comme Novi Sad, Zagreb, devenu grand centre d’industries modernes, siège d’une foire internationale, et Belgrade, ville de défense, ancien grand village de type turc, actuellement la double capitale de la Serbie et de la Fédération, la grande ville industrielle du Nord, dépassant le million d’habitants.


La façade adriatique

La Yougoslavie s’ouvre sur la Méditerranée par une façade de plus de 700 km en ligne droite. C’est le pays des fruits, du vin, des primeurs, de la pêche. Le dessin du littoral (l’archipel dalmate aux milliers d’îlots et d’écueils) favorise l’implantation de nombreux petits ports. La pêche, le cabotage, le tourisme, l’agriculture se partagent les activités.

Du nord au sud se disposent : la péninsule d’Istrie, presque entièrement reconquise sur l’Italie après la guerre ; le golfe du Kvarner, avec, au fond, le port le plus actif, Rijeka ; la Dalmatie moyenne, avec les ports de Šibenik, Zadar, Split et des îles étendues non loin du littoral ; la Dalmatie du Sud et le littoral de Dubrovnik ; enfin la côte du Monténégro, autour des Bouches de Kotor.

La pêche est relativement active (poissons frais et thons) ; la construction navale anime cinq ports d’importance moyenne ; l’agriculture irriguée s’étend au fond des vallées et des bassins (Neretva inférieure par exemple). Mais l’activité maritime se concentre dans le port de Rijeka, dont le trafic avoisine les 10 Mt, qui est aussi un centre de construction navale lourde et un port franc pour la Hongrie. De grandes réalisations industrielles doivent transformer le littoral dans les prochaines années : implantation d’un port pétrolier (après un port minéralier, dans la baie de Bakar, point de départ de l’oléoduc Adria, qui gagnera la Croatie et la Hongrie) ; dans le Sud, l’achèvement de la voie ferrée Belgrade-Bar vivifiera le littoral méridional ainsi que les régions traversées de Serbie. Enfin, le tourisme doit se développer avec la construction de nouveaux ensembles le long du littoral, qui accueille déjà plus de 6 millions d’étrangers.


La voie de l’industrialisation

La création de gros centres d’industrie lourde sur les trajets de matières premières et de sources d’énergie, l’équipement de régions attardées renfermant des matières premières mais dépourvues d’activités de transformation ont été les règles majeures de l’industrialisation du pays. L’autogestion et la décentralisation ont en général permis, sans excès, une distribution plus large et plus fine de l’industrie à travers le territoire, privilégiant en particulier les activités légères : de nombreuses communes et de nombreuses entreprises ont pu, en accord avec la république et la Fédération, décider des implantations. Les investissements étrangers sont autorisés depuis plusieurs années, après promesse de divers dégrèvements et de possibilités de rapatriement des bénéfices. Leur implantation a même été favorisée dans les régions moins développées, éloignées des sources d’énergie ou des moyens de communication. Cette politique donne des résultats. Des firmes ouest-allemandes, belges, suisses, françaises investissent actuellement dans l’économie yougoslave ; c’est ainsi que Pechiney a équipé près de Titograd, au Monténégro, un combinat d’aluminium utilisant la bauxite et le courant électrique produits sur place ou à proximité.