Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Y

Yougoslavie (suite)

Importance et insuffisance des sources d’énergie

Les sources d’énergie sont intensément exploitées, mais n’ont pas donné tous les résultats espérés.

La production de charbon passe de 10 Mt en 1950 à 33 Mt en 1974, mais 1 Mt seulement (en Istrie) de houille à fort pouvoir calorifique ; le reste est un lignite très dispersé depuis les vieilles mines de Bosnie et de Serbie jusqu’aux veines récemment mises en service comme à Novo Velenje en Slovénie. Les réserves de houille seraient d’une quarantaine de millions de tonnes seulement, celles de lignite de quelques centaines de millions de tonnes. Une faible partie du lignite donne du coke (Lukavac, dans le nord de la Bosnie), dont d’importantes quantités nécessaires à la sidérurgie doivent être importées d’Allemagne fédérale et d’Autriche. Enfin, la plupart des gisements servent à fabriquer des briquettes sur place ou à alimenter des centrales thermiques de forte puissance, situées sur le carreau des mines ou à proximité des villes.

La Yougoslavie a longtemps espéré dans la relève des hydrocarbures. Des prospections ont eu lieu en Slavonie occidentale (Lendava, puis au nord de Sisak) et en Vojvodine (aux environs d’Elemir). Or, la production de pétrole brut n’est passée que de 1,8 Mt en 1964 à 3,5 Mt en 1974 et semble stagner. Celle de gaz naturel, qui lui est associée, ne dépasse guère le milliard de mètres cubes et sert au chauffage de Zagreb et de quelques autres villes de la région.

Le problème de l’approvisionnement se trouve posé. La Yougoslavie a été la première de toutes les puissances d’Europe centrale et orientale à conclure des accords avec les pays du Moyen-Orient. Plusieurs réseaux d’oléoducs doivent être mis en service au cours des prochaines années, partant des ports de la Méditerranée où arrive le brut du Moyen-Orient et éventuellement du Maghreb et se dirigeant vers les raffineries et les centres de consommation de l’intérieur des terres. Ainsi, Adria partira de la baie de Bakar pour se diriger vers Sisak, dans les plaines de la Save, avant de traverser la frontière hungaro-yougoslave. Le débit prévu passerait rapidement de 5 à 30 Mt. L’Iraq fournira une grande partie du brut, en échange de la livraison de matériel pétrolier. Le problème des hydrocarbures a conduit à accroître la capacité de raffineries existantes ou envisagées : la consommation intérieure est estimée à 12 Mt par an.

L’électricité est de plus en plus d’origine thermique (environ 60 p. 100 de la production totale). Les grosses unités thermiques sont situées en général sur le carreau des mines (à Trbovlje, à Novo Velenje, en Bosnie, dans le Zagorje, en Serbie orientale, etc.).

Les centrales hydrauliques sont édifiées sur quatre sites principaux : sur les rivières rapides descendant des montagnes dinariques en direction de la Save, comme les usines de Jajce (sur le Vrbas), Zvornik (sur la Drina) ; près des lacs de rassemblement des eaux souterraines du karst dalmate, les réservoirs étant situés à plus de 1 000 m au-dessus du niveau de la mer, où sont placées les usines (Vinodol, Senj, Split) ; dans les Alpes de la Drave (en amont de Maribor) ; sur les Portes de Fer (ou Djerdap), où une gigantesque centrale fournit 10 TWh, partagés entre la Yougoslavie et la Roumanie.


Relative importance de l’industrie lourde

Envisagée dans sa plus large acception, l’industrie lourde a fait des progrès considérables dans un pays où elle n’existait pas immédiatement après la guerre.

La production d’acier est passée de 1,6 Mt en 1964 à 2,8 Mt en 1975. Elle doit cette croissance à la présence de minerai de fer en Bosnie, dans la région de Vareš (un peu plus de 4,6 Mt de minerai, mais la production est stagnante) ainsi qu’en Macédoine occidentale. Vareš alimente le « Creusot » yougoslave. Zenica, dont les installations ont été modernisées. Skopje est devenu le centre d’une unité de production fournissant plus de 1 Mt d’acier. À la frontière austro-yougoslave, Jesenice s’est spécialisé depuis longtemps dans les aciers électriques. De nouveaux centres progressent, tels Sisak sur la Save (métallurgie traditionnelle), Nikšić au Monténégro (avec des ferrailles comme matière première). Au terminus de la voie ferrée venant de Belgrade, Bar devrait devenir un centre sidérurgique, semi-continental (le chemin de fer lui apportant des minerais ferreux et non ferreux), semi-littoral (des importations pouvant être prévues).

Comme tous les pays balkaniques, la Yougoslavie est riche en minerais non ferreux. Il s’agit d’abord du cuivre dans l’est de la Serbie (à Bor et Majdanpek) ; 14 Mt de minerai extraites, 155 000 tonnes de métal produites. La bauxite est présente dans toutes les formations calcaires du littoral dinarique, de l’Istrie et du Monténégro ; autrefois expédiée à l’étranger ou à l’usine slovène de Kidričevo, elle est aujourd’hui transformée près de Šibenik, et le sera bientôt dans le gros combinat de Titograd. C’est ainsi qu’à partir d’une production de bauxite moyenne en Europe, supérieure à 2 Mt, la Yougoslavie est parvenue à accroître sa production d’aluminium de 34 000 à près de 150 000 t, ce qui ne constitue d’ailleurs qu’une étape.

La Yougoslavie est encore relativement riche en plomb et en zinc, extraits dans la Metohija (vieilles mines de Trepča et de Zvečan, qui livrent également du cadmium ; mine nouvelle de Kišnica) ainsi qu’en Slovénie, où une ancienne mine exploitée autrefois par les Britanniques (Mežica) n’est pas encore épuisée.

Le sous-sol recèle encore, mais en faibles quantités, des métaux non ferreux ou d’alliages, rares en Europe : chrome en Macédoine et en Metohija, antimoine près de Zajača, en Serbie, manganèse et même argent. La Yougoslavie a créé sur place des fonderies, réduit son exportation de minerais et vend aujourd’hui des fontes et des produits de transformation.

À partir de ces ressources, la Yougoslavie a développé une série d’activités de transformation.