Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

virus

Microbes de l’ordre des Virales, plus petits que les Bactéries.


La plupart des virus sont des agents pathogènes entraînant chez les êtres vivants des maladies sévères et évoluant de manière spontanée, car il n’existe que peu (ou pas) de médicaments efficaces. Le développement des vaccinations* a cependant permis d’obtenir de remarquables résultats au plan de la santé publique en matière d’affections virales, les antibiotiques* ayant joué un rôle plus important, à l’inverse, en pathologie bactérienne.


Caractéristiques

La différence entre Bactéries* et virus est essentiellement structurale. Les Bactéries sont des êtres cellulaires ; les virus ne sont formés que d’un acide nucléique* entouré d’une enveloppe protéique, ou capside, constituée de sous-unités, ou capsomères. Il existe également une différence majeure des modes de reproduction. Alors que les Bactéries assurent elles-mêmes les synthèses nécessaires à leur survie et à leur reproduction (même au laboratoire), les virus ne possèdent pas cette propriété. Par contre, ils contiennent un code génétique qui leur permet de faire effectuer ces synthèses par des cellules qu’ils parasitent.


Reproduction

Les cellules* vivantes complètes synthétisent leurs protéines en assemblant des acides aminés en fonction d’un code qui permet aux enzymes d’intervenir dans un ordre défini : les acides nucléiques du noyau cellulaire contiennent le code. Des acides nucléiques « messagers » transmettent l’information aux enzymes responsables de la synthèse, ce qui permet la fabrication des protéines nécessaires à la vie de la cellule.

Les virus, incapables de se développer seuls, possèdent la propriété d’utiliser les mécanismes des cellules parasitées pour leur faire élaborer les protéines virales. La cellule permet donc le développement, à ses dépens, des particules virales. Acide nucléique et protéines virales élaborés dans la cellule sont assemblés en nouveaux virus qui peuvent alors quitter leur hôte et aller infecter d’autres cellules.


Constitution

Les virus contiennent tous, à la différence des Bactéries, un seul acide nucléique, soit l’acide ribonucléique (A. R. N.), soit l’acide désoxyribonucléique (A. D. N.). Outre l’acide nucléique et les protéines de la capside, les virus contiennent également des lipides et des glucides. L’acide nucléique constitue leur capital génétique, ou génome. Les protéines protègent ce génome et permettent sa pénétration dans les cellules. Mais, une fois à l’intérieur de la cellule, ces éléments se séparent (décapsidation).


Classification

La classification des virus est un problème difficile. Il est impossible de réunir des groupes de virus ayant en commun les mêmes affinités tissulaires ou donnant des signes cliniques comparables. Certains virus sont, en effet, très voisins, mais certaines maladies sont dues à des virus très différents.

Les virus ont donc été classés en fonction de leur structure (morphologie, composition physique et chimique, sensibilité aux différents agents). La classification tient également compte du mode de reproduction, des propriétés immunologiques, des lésions provoquées, des cellules atteintes, etc.

En fait, on utilise actuellement comme critères de classification la nature de l’acide nucléique, le nombre des capsomères, le type de symétrie (cubique [C] ou hélicoïdale [H]) de la molécule virale, la présence d’une seconde enveloppe, sensible ou non à l’éther.


Structure des virus

Les virus (ou virions) ont une structure à organisation symétrique faite d’un assemblage d’éléments fabriqués sur le même modèle.

Le premier type de symétrie est cubique. La partie centrale, contenant le génome, est en forme d’icosaèdre (12 sommets, 30 arêtes, 20 faces en triangles équilatéraux). Sur les sommets, les faces ou les arêtes, sont fixées les sous-unités protéiques, ou capsomères, dont l’ensemble forme la capside. Certains virions ont une seconde enveloppe contenant des lipides.

Le second type de symétrie est hélicoïdal. Le matériel génétique est fait d’un filament en hélice à double spire de même sens. Les protéines sont de part et d’autre de ces spirales, l’ensemble étant souvent entouré d’une membrane lipido-protidique.


Les différents groupes de virus

Les pox-virus (300 nm), parmi lesquels se trouvent ceux de la variole* et de la vaccine, contiennent de l’A. D. N. en filament hélicoïdal au sein d’une enveloppe complexe. Ils ont des propriétés immunologiques voisines ; d’où l’immunisation contre la variole par la vaccine (v. vaccination).

Les herpès-virus (virus de l’herpès* et virus de la maladie des inclusions cytomégaliques) contiennent de l’A. D. N. à symétrie cubique avec 162 capsomères. Ils déterminent des inclusions intranucléaires (dans le noyau des cellules) spécifiques.

Les adénovirus sont des virus à A. D. N. à symétrie cubique avec 252 capsomères. Ils ne sont pathogènes pour aucun animal, mais sont responsables d’infections oto-rhino-laryngologiques (O. R. L.) [amygdalites, adénites], pulmonaires, de fièvres éruptives avec conjonctivite, etc. Il en existe plus de 20 sérotypes, dont certains sont responsables d’affections définies. Certains de ces virus pourraient être responsables de certaines tumeurs.

Les virus papova (papillome, polyome, virus vacuolisant) ont la faculté de provoquer des tumeurs*. Ce sont des virus à A. D. N. à symétrie cubique avec 42 capsomères. Le plus anciennement connu est le virus du papillome du Lapin. De même, le virus SV 40 peut déterminer des tumeurs chez le Hamster. Leur rôle chez l’Homme n’est pas démontré.

Les myxovirus sont des virus à A. R. N. de structure hélicoïdale avec enveloppe externe lipido-protidique. Ils portent une hémagglutinine antigène provoquant une agglutination des hématies. Appartiennent aux myxovirus le virus de la grippe* et ses voisins, le virus des oreillons* et certains virus aviaires.

Les arbovirus sont de petite taille (de 30 à 50 nm). Transmis par piqûres d’Arthropodes au terme d’un cycle hôte-vecteur-hôte, ils comprennent les virus de la fièvre jaune et de diverses encéphalites animales ou humaines. Ils sont vraisemblablement à symétrie hélicoïdale ; ils ont une enveloppe externe et une seconde enveloppe sensible à l’éther.