Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Venezuela (suite)

Ils n’y trouvent pas toujours un emploi, car l’industrie de transformation, malgré un essor assez rapide depuis une quinzaine d’années, demeure embryonnaire et ne représente que 15 p. 100 du produit intérieur brut. L’essentiel est groupé autour de Caracas, en dépit d’un effort de décentralisation réalisé en particulier sur Ciudad Guayana ; ces industries produisent essentiellement des biens d’usage et de consommation (tissages, rayonne, industries alimentaires, pneumatiques). Cependant, dans le cadre d’une action volontaire des pouvoirs publics, a été réalisée la création de raffineries de pétrole, qui s’efforcent de traiter sur place une partie du brut extrait, et d’une industrie sidérurgique située à Ciudad Guayana, près des grands gisements de minerai de fer. Néanmoins, l’excédent de population active, qui se groupe dans les villes, trouve des moyens de vivre ou de survivre surtout dans les activités tertiaires, qui représentent plus du quart du produit intérieur brut : il s’agit non seulement d’un tertiaire moderne adapté aux besoins du pays, mais aussi d’une pléthore de petits métiers correspondant à l’excédent de main-d’œuvre par rapport aux besoins. Certes, le produit national ainsi obtenu représente une moyenne par habitant assez spectaculaire pour l’Amérique latine, mais il ne faut pas oublier que ce calcul, un peu artificiel, masque de très fortes différences entre les catégories sociales : une grande partie de la population possède un niveau de vie relativement misérable, qui se traduit, par exemple, par l’extension des ranchos, habitat spontané de bidonvilles dans les alentours de la capitale.


Les régions

Elles sont encore très nettement dépendantes du milieu physique qui a guidé les diverses formes d’utilisation de l’espace.

L’ensemble andin fut, à l’époque coloniale, la partie la plus active du Venezuela. La montagne, massive, avec des altitudes souvent supérieures à 3 000 ou 4 000 m, est caractérisée par un étagement de la végétation qui prend la forme de forêts distinctes les unes des autres selon l’altitude. Les Espagnols, au xvie s., ont trouvé là une civilisation indienne agricole. Ils y ont développé une agriculture fondée à la fois sur des plantations, de café notamment, mais aussi de canne à sucre dans les parties basses, et sur des cultures vivrières à base de maïs, de blé et de pomme de terre. Les difficultés de la vente des produits de plantation, auxquelles s’ajoute la concurrence des salaires offerts par les activités pétrolières, font actuellement de cette zone une région d’exode rural vers les parties les plus actives du Venezuela.

La région du lac Maracaibo constitue l’une de ces zones attractives pour la main-d’œuvre. Elle est formée d’une plaine alluviale, au sud et au sud-ouest du lac, et de collines, à l’est et à l’ouest. Partout le climat y est chaud, avec des pluies abondantes au sud, mais diminuant vers le nord pour donner une petite frange presque semi-aride aux alentours de la ville de Maracaibo. À partir de 1920, c’est dans cette région que s’est fixée la première grande zone d’exploitation du pétrole, ce qui a compliqué l’ensemble des conditions de vie : la ville de Maracaibo a alors connu un essor très rapide de son espace urbain et une augmentation importante des emplois tertiaires qui y sont concentrés. Le marché d’approvisionnement que représente cette grande cité a permis d’autre part le développement d’une agriculture moderne au sud du lac.

L’Oriente est au contraire la région constituée par les montagnes littorales, à l’est du Venezuela. Elle a abrité d’abord une agriculture fondée sur le cacao, un certain nombre de cultures vivrières et l’élevage. Son climat chaud, mais assez sec, a favorisé le développement du tourisme sur la côte, ce qui a modifié légèrement les conditions de vie ; mais le changement profond qu’a connu la vie régionale tient, ici encore, à l’exploitation du pétrole. C’est en effet par le port de Puerto La Cruz qu’est exporté le pétrole extrait dans les llanos de l’intérieur de cette région. La capitale de l’Oriente est Barcelona, qui, en tant que relais de Caracas, exerce des fonctions tertiaires importantes, particulièrement dans le domaine du commerce, de la banque et de l’artisanat.

Au sud de cette zone, comme au sud-est des Andes, s’étend l’immense région des llanos : elle est constituée par un vaste bassin affaissé remblayé par des sédiments de sables et de cailloux et par d’immenses nappes alluviales apportées au Quaternaire par les rivières descendant des Andes. Le climat tropical à saison sèche a facilité la formation d’une végétation de savane : celle-ci sert de base à une économie d’élevage extensif de bovins, ressource principale de cette grande région. Les exploitations dépassent souvent plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d’hectares ; elles sont divisées en grands enclos par des fils de fer et produisent l’essentiel de la viande consommée au Venezuela. Quelques tentatives de colonisation agricole ont fixé des noyaux de paysans au sein de cette région, grâce à un effort d’irrigation effectué par les services gouvernementaux, mais sans que cela change l’essentiel du caractère de cette grande zone.

La Guyane est une région encore vide située au sud de l’Orénoque, donc au sud des llanos, dont le grand fleuve marque plus ou moins la limite méridionale ; elle est formée de collines et de petites montagnes dont les sommets dépassent rarement 2 000 à 2 500 m. C’est une région pourvue de grandes ressources minières, mais très vide sur le plan humain ; elle abrite encore quelques tribus indiennes relativement mal connues. À l’exploitation de l’or et des pierres précieuses s’est ajoutée, à la limite nord, celle des très importantes mines de fer de Cerro Bolívar. Cette richesse minière a entraîné la création d’une ville, Ciudad Guayana, dont les services d’aménagement ont essayé de faire le second pôle de développement du pays.