Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

végétation (suite)

• Les parcs tempérés. Semblables aux parcs précédents dans leur structure et souvent dans leur physionomie, de grandes bandes de transition entre forêt et prairie se développent dans les domaines tempérés. On a parlé de « parc », de « forêt-parc » (woodland, Savannenwald) pour désigner ces mosaïques. En raison des défrichements, l’extension de ces formations a été considérablement restreinte. Dans l’Ancien Monde, les vergers sur prairie et les champs complantés en rappellent un peu la physionomie depuis que les pâtures sous forêt ont disparu. En Amérique, par contre, plusieurs paysages de parcs semblent avoir été peu modifiés : par exemple, au nord de la Prairie, le parc des Peupliers-Trembles et, à l’ouest, le parc à Pins jaunes.


Formations végétales ouvertes

Les formations végétales ouvertes sont présentes dans toutes les zones bioclimatiques du globe, sauf dans la zone tropicale humide. La sécheresse dans la zone chaude, le froid dans les zones froides, le froid et la sécheresse dans les régions continentales tempérées entraînent, tant pour les herbes que pour les végétaux sous-ligneux, une couverture incomplète du sol.

• Les formations à épineux des régions chaudes. Au-delà des savanes arborées ou des savanes herbeuses, en direction des régions semi-désertiques et désertiques, se développent des formations à arbustes épineux. Selon l’abondance et la taille des végétaux ligneux, on parlera de « bois à épineux » (thorn forest) ou « de brousse à épineux » (thorn scrub). Tous ces individus ligneux sont écartés les uns des autres d’une dizaine à une centaine de mètres. Dans l’intervalle, des herbes se maintiennent par plaques. Au cours de la longue saison sèche, les arbres sont défeuillés et l’appareil superficiel des herbes est totalement desséché. Dans certaines régions du monde, des plantes succulentes, quelquefois de grande taille (Cactus en Amérique, Euphorbes en Afrique), se mêlent aux épineux. La caatinga au nord-est du Brésil, les fourrés à Cactus et Mesquite du Mexique du Nord-Est, le dornveld sud-africain, le sahel, qui s’étend de la Mauritanie jusqu’en Somalie, la brousse à Aloès à Madagascar, le mulga scrub australien en sont de bons exemples.

• Les steppes continentales tempérées. Cette formation ouverte herbacée succède aux prairies et aux mosaïques sempervirentes méditerranéennes, lorsque l’espacement et la réduction de la taille des Graminacées apparaissent (dans le premier cas) ou lorsque les arbres sempervirents disparaissent (dans le second cas). Ces formations ouvertes, très fragiles, ont été le plus souvent dégradées par les hommes et leurs troupeaux, et des déserts, des bad lands, les ont remplacées. Les grandes steppes se trouvent en U. R. S. S. et en Chine, dans les bassins intérieurs des montagnes Rocheuses et sur leurs bordures orientales, en Argentine intérieure, au-delà de la Pampa.

• Les végétations discontinues des semi-déserts. Une grande dispersion des individus est la première caractéristique de ces formations végétales semi-désertiques. Les plantes ligneuses aux feuilles très petites ont des racines proportionnellement immenses, très longues, et certaines d’entre elles, qualifiées de « phréatophytes », pompent jusqu’à la nappe. Les plantes grasses sont de toutes formes et de toutes dimensions. Le plus grand nombre d’espèces cependant sont des thérophytes à cycles de développement très rapides.

Ce sont surtout les facteurs édaphiques et stationnels qui sont responsables des principales variations : tandis que les sites rocailleux semblent surtout convenir aux plantes grasses et à quelques plantes annuelles, les sols meubles, les dunes et les ergs en particulier, sont colonisés par une flore spéciale qualifiée de « psammophile » et adaptée à ces sols sableux souvent mobiles. Des plantes vivaces (les annuelles sont très rares) peuvent résister à l’enfouissement. Une place à part doit être faite aux végétations des dépressions salées : des végétaux halophytes ourlent les fonds trop salés et rappellent par leur physionomie les plantes des marais salés maritimes.

• Les toundras. En direction des pôles, l’aggravation des conditions climatiques (rudesse et longueur de l’hiver, insuffisance de la chaleur en été, violence des vents) entraîne le rabougrissement, l’espacement et la disparition des derniers arbres de la taïga et de la forêt hudsonienne. Alors apparaît la toundra. C’est une formation basse, herbacée, buissonnante, qui s’étend surtout dans l’hémisphère Nord. Tandis que la toundra méridionale, déjà formation ouverte, est encore assez riche avec des espèces herbacées, des plantes ligneuses basses ou rampantes, sempervirentes ou décidues, la toundra septentrionale de l’archipel canadien, du nord de l’Alaska, de Nouvelle-Zemble et du Spitzberg n’occupe plus que des secteurs très localisés, en position d’abri, d’où les ligneux, en particulier les Bruyères, ont disparu. On passe alors aux déserts froids où le froid intense et la violence des vents ne permettent plus ni à la toundra ni à une pelouse de se développer : seuls des Mousses et des Lichens parviennent à coloniser les nunataks du Groenland ou les versants du Spitzberg. Exceptionnellement, une Saxifrage et un Pavot atteignent le 84e parallèle Nord ; mais à ces latitudes le spectacle habituel est celui des sols nus (barren grounds).

Dans l’hémisphère Sud, océanique, les conditions d’ensemble expliquent aussi la faible extension, la pauvreté et l’isolement des taches de toundra, qui n’occupent guère que des îles comme les Kerguelen, les Falkland — bien que situées vers le 50e parallèle — et quelques secteurs sur le continent antarctique, en bordure de l’inlandsis.


Les formations végétales du bord des eaux

La submersion permanente ou temporaire ou la présence d’eau à faible profondeur sont des modificatifs puissants des conditions climatiques, voire édaphiques, aussi bien sur les continents qu’en bordure des mers et des océans. Toutefois, c’est lorsque les salures interviennent que la végétation est la plus originale.