Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vatican (État de la cité du) (suite)

Quel est le sens de la diplomatie pontificale ? Paul VI la définissait ainsi en recevant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, qui comporte 78 ambassades ou légations : « Nous ne sommes pas neutres. L’Évangile nous interdit d’être indifférent lorsque sont en cause le bien de l’homme, sa santé physique, l’épanouissement de son esprit, ses droits fondamentaux, sa vocation spirituelle ; de même lorsque les conditions sociales subies par une population mettent les biens en péril, ou encore lorsqu’une institution internationale a besoin d’être appuyée. » Dans le passé, la diplomatie pontificale a négocié beaucoup de concordats. Ses moyens sont aujourd’hui différents, mais son idéal demeure la concorde.


Les congrégations romaines

Au nombre de dix, les congrégations, ou dicastères, sont des commissions stables de cardinaux pour l’étude des affaires de l’Église universelle qui leur sont confiées par le pape. Leurs titulaires sont nommés pour cinq ans et perdent leur pouvoir à la mort du souverain pontife qui les a nommés. Secrétaire et sous-secrétaire sont, comme le cardinal préfet, nommés pour cinq ans et doivent être reconfirmés dans leurs fonctions par le nouveau pape dans les trois mois qui suivent son élection. Toutes les congrégations sont juridiquement égales, et les éventuels conflits de compétence sont soumis au tribunal suprême du Vatican, qui est la Signature apostolique. Le personnel des congrégations doit être choisi parmi les experts ayant une expérience pastorale, dans le monde entier, et se tenir en étroite liaison avec les conférences épiscopales. Voici les dix congrégations romaines :

• La congrégation pour la Doctrine de la foi est l’héritière de l’ancienne Inquisition, rétablie par Paul III le 21 juillet 1542 pour combattre les hérésies, et du Saint-Office, réformé par Paul VI le 7 décembre 1965. Chargée de promouvoir la foi et de veiller à sa pureté, elle le fait en rapport avec les commissions doctrinales des conférences épiscopales et en liaison avec la Commission théologique internationale, érigée le 11 avril 1969, et la Commission biblique, réformée en juillet 1971.

• La congrégation pour les Églises orientales créée par Pie IX (constitution Romani pontifices du 6 janvier 1862) est chargée de tout ce qui concerne les diocèses de rite oriental. Les patriarches des Églises d’Orient, copte, melkite, maronite, latin, chaldéen, arménien et syrien, en sont membres de droit.

• La congrégation pour les Évêques, appelée autrefois consistoriale, est comme un ministère de l’Intérieur : elle s’occupe de la création, de l’aménagement et de la suppression des diocèses ; elle prépare les nominations des évêques, administrateurs, coadjuteurs et auxiliaires, vicaires aux armées et autres prélats ayant juridiction personnelle. Deux commissions pontificales lui sont rattachées, l’une pour l’Amérique latine, l’autre pour la pastorale des migrations et du tourisme. Cette congrégation est en rapports organiques avec les conférences épiscopales et leurs fédérations continentales.

• La congrégation pour la Discipline des sacrements, instituée par Pie X (constitution Sapienti consilio du 29 juin 1908), a, depuis 1974, le même préfet que la congrégation pour le Culte divin, ce qui marque un progrès important vers l’intégration de l’ensemble de la pastorale sacramentelle dans un même organisme responsable.

• La congrégation pour le Culte divin a eu la charge considérable de mener à bien la réforme liturgique décidée par le concile. Ses trois sections veillent à la mise à jour des livres liturgiques et à l’évolution du culte non liturgique, en liaison avec les conférences épiscopales.

• La congrégation pour les Causes des saints s’occupe du procès canonique, de l’examen des écrits, du jugement sur l’héroïcité des vertus et sur les miracles, bref de toute la procédure complexe de la béatification et de la canonisation. Le 5 mars 1970, elle a, pour la première fois, décerné le titre de docteur de l’Église à deux femmes, sainte Thérèse d’Ávila et sainte Catherine de Sienne.

• La congrégation pour le Clergé, en ses trois bureaux, s’occupe du ministère et de la vie des prêtres, de la catéchèse et des problèmes de la vie matérielle du clergé et des Églises.

• La congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers a juridiction sur tous les religieux et religieuses de rite latin ainsi que sur les Instituts séculiers selon les dispositions prises par Pie XII (constitution Provida mater du 2 février 1947 et motu proprio Primo feliciter du 12 mars 1948).

• La congrégation pour l’Éducation catholique, en ses trois bureaux, est chargée des séminaires, des universités et des écoles catholiques à travers le monde.

• La congrégation pour l’Évangélisation des nations, ou De propaganda fide, stimule et coordonne toute l’activité missionnaire de l’Église, avec l’aide des œuvres pontificales missionnaires, l’Union missionnaire du clergé, des religieux et religieuses, la Propagation de la foi, fondée par Pauline Jaricot, Saint-Pierre-Apôtre pour les séminaires indigènes et la Sainte-Enfance, dont le siège international est toujours à Paris.

En 1974, l’ensemble du personnel curial comprenait 2 260 collaborateurs, chargés de traiter les affaires courantes et de préparer les réunions plénières de cardinaux : soit 854 Italiens (37,8 p. 100) et 1 406 non-Italiens (62,2 p. 100).


Les secrétariats

De création récente, les secrétariats coordonnent les efforts de l’Église dans son dialogue avec le monde. En ce domaine, Jean XXIII fut l’initiateur en créant le 5 juin 1960 le Secrétariat pour l’unité des chrétiens, qui est comme l’œcuménisme catholique en marche, en relations de plus en plus étroites avec les Églises chrétiennes non catholiques et le Conseil œcuménique des Églises de Genève. C’est Paul VI qui a créé le Secrétariat pour les non-chrétiens (19 mai 1964) et le Secrétariat pour les non-croyants (8 avr. 1965) comme organes de dialogue, selon le programme de sa première encyclique, Ecclesiam suam du 6 août 1964.