Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vatican (État de la cité du) (suite)

Le Conseil des laïques et la Commission pontificale d’étude « Justice et Paix »

Ils ont été créés par Paul VI le 6 janvier 1967, dans le sillage du concile, comme une nouvelle étape dans la promotion responsable du laïcat dans les organes centraux du Saint-Siège. Et la grande encyclique sociale Populorum progressio (mars 1967) a donné comme une charte au Saint-Siège dans son action pour promouvoir le « développement de tout l’homme et de tous les hommes » et la paix entre tous les groupes humains, par plus de justice. Le synode des évêques s’est fait, dans sa session d’automne de 1971, le relais du concile sur ce point. Et, à travers le monde, de nombreuses commissions nationales travaillent en liaison avec la commission romaine. Le Saint-Siège continue, du reste, à intervenir par de nouvelles créations. En juillet 1971 a été institué un nouveau Conseil pour l’entraide et le développement appelé Cor unum (un seul cœur). Il faut aussi signaler le Comité pour la famille, créé le 12 janvier 1973 pour étudier dans une perspective pastorale les problèmes spirituels, moraux et sociaux de la famille, et la Commission d’étude sur le rôle de la femme dans la société et dans l’Église, créée le 4 mai 1973.


Les tribunaux

Toute société a ses lois et aussi ses tribunaux qui veillent sur leur observance et sanctionnent les manquements. L’Église catholique n’échappe pas à cette nécessité. Longtemps dispersée, sa législation a été normalisée par le Code de droit canonique du cardinal Gasparri en 2 414 canons. Tout ce travail est en refonte depuis le concile dans la Commission de réforme du Code, cependant qu’une commission d’interprétation veille sur les textes conciliaires.

Les tribunaux sont au nombre de trois. Le tribunal suprême de la Signature apostolique, constitué de cardinaux nommés par le pape, comporte deux sections, qui en font l’équivalent d’une Cour de cassation et d’un Conseil d’État. La rote romaine est essentiellement un tribunal d’appel de causes déjà jugées par les tribunaux ecclésiastiques diocésains, en particulier de demandes visant à faire reconnaître les nullités de mariage, c’est-à-dire le fait qu’un mariage n’a pas réuni les conditions nécessaires à sa validité et donc qu’il est un acte nul. La Pénitencerie apostolique (ou Sacrée Pénitencerie) enfin, juge au for intérieur, et c’est pourquoi son cardinal préfet, le pénitencier majeur, garde ses pouvoirs pendant la vacance du siège apostolique, de manière à assurer toujours la paix des consciences.


Les finances du Saint-Siège

Les organes centraux du Saint-Siège, comme les organismes de la cité du Vatican, demandent des moyens matériels. Un contrôle institutionnel s’exerce sur eux à travers la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège, créée le 15 août 1967 par Paul VI, qui est une commission de trois cardinaux, dont l’un fait office de président. La Chambre apostolique, présidée par le cardinal camerlingue, veille sur les biens et les droits temporels du Saint-Siège pendant sa vacance. L’Administration du patrimoine du Siège apostolique, dirigée par le secrétaire d’État, comprend deux sections (section ordinaire et section extraordinaire).


Les instituts culturels

La Bibliothèque vaticane, dont l’origine remonte au ive s., possède 60 000 volumes manuscrits, 100 000 autographes séparés, 700 000 imprimés et 100 000 gravures et cartes géographiques. Aux archives secrètes vaticanes, la série des Registra vaticana comporte plus de 6 000 volumes, contenant environ 3 millions de documents, ouverts à la libre consultation des chercheurs jusqu’au pontificat de Pie IX inclus, c’est-à-dire jusqu’au 7 février 1878. La Typographie polyglotte vaticane est dirigée par les Salésiens et est célèbre par son caractère polyglotte accentué. Une librairie l’avoisine pour la diffusion des publications liturgiques et juridiques du Saint-Siège. Il faut signaler aussi la commission pour la révision et la correction de la Vulgate, le comité des sciences historiques, la commission pour les archives ecclésiastiques et la commission d’archéologie sacrée.


L’information

Le Saint-Siège répond de diverses manières à cette exigence moderne. Tout d’abord, depuis février 1971, un bureau de renseignements est à la disposition des pèlerins et des touristes dans la galerie couverte qui, sur le côté gauche, relie la colonnade du Bernin au portique de la basilique Saint-Pierre. Par ailleurs, la Typographie polyglotte vaticane édite chaque année un Annuaire pontifical, véritable mine de renseignements soigneusement vérifiés par le Bureau central de statistique de l’Église, créé par Paul VI. À cette publication, constante depuis 1860, s’ajoute depuis 1941 l’Activité du Saint-Siège, panorama précis de l’année écoulée, cependant que les Acta apostolicae Sedis publient les documents officiels depuis 1908. Confiée aux jésuites, Radio-Vatican émet en trente-trois langues.

Fondé en 1861, L’Osservatore romano est le journal du Saint-Siège : à côté des informations de caractère officiel, nettement identifiables, il publie des articles dont certains peuvent être inspirés par la secrétairerie d’État, mais dont l’ensemble ne relève que de la responsabilité des auteurs, sous le contrôle du directeur. Six sélections hebdomadaires le prolongent en allemand, en anglais, en espagnol, en français, en italien et en portugais. Un Annuaire statistique de l’Église est, depuis 1969, publié en sept langues par le Bureau central de statistique de l’Église. Et, depuis le concile, fonctionne un bureau de presse, au service des journalistes accrédités auprès du Saint-Siège. Un bulletin ronéotypé y est diffusé en début d’après-midi, et des conférences de presse y sont organisées, en particulier pour présenter les documents du Saint-Siège et les débats du concile et du synode des évêques.


Le Vatican dans le monde d’aujourd’hui

Lieu de l’activité quotidienne du Saint-Père et de ses collaborateurs, le Vatican est devenu une plaque tournante de l’Église catholique et du monde, où se côtoient des visiteurs en provenance du monde entier. En dehors des audiences personnelles et spéciales, le Saint-Père les reçoit tous chaque mercredi dans son audience hebdomadaire, pour laquelle une salle d’audience moderne a été insérée par Paul VI dans l’ensemble architectural du Vatican. De forme trapézoïdale, en ciment recouvert de travertin, d’une grande sobriété, le bâtiment s’insère parfaitement entre l’hospice Sainte-Marthe, le cimetière teutonique et le palais du Saint-Office, à gauche de la colonnade du Bernin. Cette réalisation de Pier Luigi Nervi permet d’accueillir 6 726 personnes assises ou 12 000 debout, mais l’affluence des pèlerins oblige parfois à doubler l’audience, en la répétant aussitôt après, pour d’autres groupes, dans la basilique Saint-Pierre, témoignage du rayonnement du Vatican dans le monde d’aujourd’hui.

P. P.

➙ Église catholique / États de l’Église / Rome.

 C. Pichon, Histoire du Vatican (Soc. d’éd. fr. et internat., 1946) ; le Vatican (Fayard, 1960). / P. Poupard, Connaissance du Vatican (Beauchesne, 1967 ; 2e éd., 1974). / A. Lipinsky, le Vatican (Bibl. des arts, 1968).