Valence (suite)
L’art à Valence
On pourrait le définir d’une manière schématique par l’interaction de trois caractères principaux : des liens étroits avec la Catalogne*, des rapports suivis avec l’Italie et un aspect proprement levantin, avec l’exubérance que ce terme implique.
Il existe à Valence une architecture religieuse très proche du gothique catalan. Celle-ci se définit dans les plans par une préférence assez générale pour la nef unique et, en ce qui concerne l’exécution, par une tendance au dépouillement. Nombre des édifices de cette époque ont reçu cependant, entre le xviie et le xixe s., un travestissement baroque ou néo-classique qui les a totalement défigurés (San Juan del Mercado, la cathédrale, etc.). Leur meilleur témoin est la tour du Miguelete, sœur des clochers contemporains de Catalogne. Au demeurant, l’ambiance gothique la plus authentique est à chercher dans le cloître de l’ancien couvent dominicain.
L’architecture civile appartient à un domaine stylistique qui n’englobe pas seulement les terres catalanes, mais couvre également une partie de la Sicile. On a justement rapproché la Loge des marchands (1483-1498) de Pere Compte du palais Abbatelli (1495) de Palerme*. Il n’y a pas davantage de frontière avec la Catalogne en ce qui concerne l’architecture militaire, et la belle porte de Serranos (1392-1398), de Pere Balaguer, évoque la porte Royale du monastère de Poblet.
Les influences sont plus mêlées en ce qui concerne la peinture gothique. Cependant, une manière propre à la ville assure une certaine unité, faite de charme et d’élégance, lorsque fleurit le style international au début du xve s. (retables de Bonifacio Ferrer et de Berenguer Martí de Torres).
Tout naturellement, et très tôt, Valence accorda une adhésion totale à l’idéal de la Renaissance, comme le montre le retable du maître-autel de la cathédrale (1507-1510). Les auteurs de ce retable, Hernando de Llanos et Fernando Yáñez de La Almedina, avaient fréquenté l’atelier de Léonard de Vinci. C’est au contraire à l’école de Raphaël que se mirent les Masip, le père, Vicente (v. 1480 - v. 1545), et le fils, Vicente Juan, dit Juan de Juanes (v. 1523-1579).
Les époques suivantes, beaucoup moins créatrices, balancent entre un dépouillement rigoureux (collège du Patriarche [1586-1594] de Guillén del Rey) et une sorte de délire ou d’incontinence (palais du marquis de Dos Aguas [1740-1744] d’Hipólito Rovira Brocandel).
M. D.
M. D. Barbera, Valence (Noguer, Barcelone, 1962).