Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Valence (suite)

L’art à Valence

On pourrait le définir d’une manière schématique par l’interaction de trois caractères principaux : des liens étroits avec la Catalogne*, des rapports suivis avec l’Italie et un aspect proprement levantin, avec l’exubérance que ce terme implique.

Il existe à Valence une architecture religieuse très proche du gothique catalan. Celle-ci se définit dans les plans par une préférence assez générale pour la nef unique et, en ce qui concerne l’exécution, par une tendance au dépouillement. Nombre des édifices de cette époque ont reçu cependant, entre le xviie et le xixe s., un travestissement baroque ou néo-classique qui les a totalement défigurés (San Juan del Mercado, la cathédrale, etc.). Leur meilleur témoin est la tour du Miguelete, sœur des clochers contemporains de Catalogne. Au demeurant, l’ambiance gothique la plus authentique est à chercher dans le cloître de l’ancien couvent dominicain.

L’architecture civile appartient à un domaine stylistique qui n’englobe pas seulement les terres catalanes, mais couvre également une partie de la Sicile. On a justement rapproché la Loge des marchands (1483-1498) de Pere Compte du palais Abbatelli (1495) de Palerme*. Il n’y a pas davantage de frontière avec la Catalogne en ce qui concerne l’architecture militaire, et la belle porte de Serranos (1392-1398), de Pere Balaguer, évoque la porte Royale du monastère de Poblet.

Les influences sont plus mêlées en ce qui concerne la peinture gothique. Cependant, une manière propre à la ville assure une certaine unité, faite de charme et d’élégance, lorsque fleurit le style international au début du xve s. (retables de Bonifacio Ferrer et de Berenguer Martí de Torres).

Tout naturellement, et très tôt, Valence accorda une adhésion totale à l’idéal de la Renaissance, comme le montre le retable du maître-autel de la cathédrale (1507-1510). Les auteurs de ce retable, Hernando de Llanos et Fernando Yáñez de La Almedina, avaient fréquenté l’atelier de Léonard de Vinci. C’est au contraire à l’école de Raphaël que se mirent les Masip, le père, Vicente (v. 1480 - v. 1545), et le fils, Vicente Juan, dit Juan de Juanes (v. 1523-1579).

Les époques suivantes, beaucoup moins créatrices, balancent entre un dépouillement rigoureux (collège du Patriarche [1586-1594] de Guillén del Rey) et une sorte de délire ou d’incontinence (palais du marquis de Dos Aguas [1740-1744] d’Hipólito Rovira Brocandel).

M. D.

 M. D. Barbera, Valence (Noguer, Barcelone, 1962).

Valence

Ch.-l. du départ. de la Drôme* ; 70 307 hab. (Valentinois) [l’agglomération compte plus de 100 000 hab.].


Traditionnellement considérée comme la « porte du Midi », Valence bénéficie d’une situation régionale favorable au cœur des confluences, avec le Rhône, de l’Isère, de l’Eyrieux et de la Drôme. Sur la rive gauche du Rhône, elle dispose, avec sa plaine, d’un site exceptionnellement ouvert pour une ville du Rhône moyen. Sa création très ancienne ne se manifeste que par d’assez discrets éléments archéologiques romains. La cité médiévale a, par contre, été florissante, comme l’atteste l’impressionnante ruine du château de Crussol, sur la rive droite du Rhône. Cette prospérité se manifesta surtout par l’existence d’une université de réputation européenne, qui compta Cujas parmi ses maîtres et Rabelais parmi ses élèves. La ville fut longtemps un centre commercial prospère et bourgeois, collectant et distribuant les produits de la plaine alentour. Cette activité était soutenue par le travail du bois et par la manufacture de la soie. Mais, par deux fois, en moins d’un siècle, Valence fut profondément modifiée par le développement des transports : le chemin de fer (à partir de 1856) va confirmer la vocation commerciale et faire naître celle d’étape, avec la route (la R. N. 7 d’abord, puis l’autoroute A 7). De ville-étape, Valence devient un nœud de communications, fonction qui va encore être confirmée à l’avenir par la modernisation de la navigation rhodanienne. Le rôle commercial (écoulement des productions fruitières et horticoles de la plaine et des produits du vignoble) en est renforcé. La fonction industrielle, favorisée par les transports, l’abondance de l’eau, de l’énergie (hydrocentrales), connaît un développement rapide et diversifié. L’industrie chimique (production de Rilsan) et celle du caoutchouc sont dépassées par l’industrie métallurgique (fonderie, chaudronnerie). L’appareillage ménager, les industries mécaniques de haute précision (machines-outils, machines de décolletage, mécanique d’horlogerie). Les fabrications traditionnelles de la bijouterie, de la cartoucherie et du textile se maintiennent. De multiples activités sont liées aux transports : garages, ateliers ferroviaires, mais aussi hôtels, restaurants et autres activités de service. La répartition des actifs — 13 000 dans les activités de transformation, 7 000 dans le commerce et les banques, 4 000 dans les services, 3 000 dans les transports — traduit les dominantes économiques. Valence est en expansion, se modernise et absorbe les bourgs voisins ; le bâtiment, grossi du secteur des travaux publics, rassemble plus de 6 000 actifs. Valence apparaît donc, selon la formule de Daniel Faucher, comme « l’un des gros grains de ce chapelet urbain qui se déroule harmonieusement le long du fleuve ».

R. D.-C.

➙ Drôme / Rhône-Alpes.

Valenciennes

Ch.-l. d’arrond. du Nord ; 43 202 hab. (Valenciennois).



La géographie

L’agglomération compte 350 000 habitants et s’allonge S.-S.-O. - N.-N.-E., suivant le cours de l’Escaut. Le noyau central, Valenciennes-Anzin, envoie deux digitations vers le nord (Bruay-sur-l’Escaut et Condé-sur-l’Escaut ; Onnaing et Quiévrechain), qui se poursuivent au-delà de la frontière belge. Une autre digitation part vers le sud, où elle rejoint l’agglomération de Denain ; celle-ci est très proche de Cambrai. Valenciennes-Denain forment actuellement l’est du bassin minier. Le schéma régional d’aménagement envisage une aire urbaine de l’Escaut, Cambrai-Denain-Valenciennes-Condé-sur-l’Escaut, longue d’une cinquantaine de kilomètres.