Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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transmissions (suite)

L’arme des transmissions

En 1942, les formations, les services et les éléments de direction et d’inspection des transmissions quittent le génie pour former une « arme » nouvelle. Peu après, la révolution technique s’effectue grâce aux postes américains, avec, notamment, le S. C. R. 536, premier walkie-talkie de grande série, et des postes de P. C., de véhicules et de chars aux portées quintuples ou décuples de celles de 1940. La radio se généralise, et les transmissions mettent sur pied leur propre service du matériel, prenant en charge tout le domaine radioélectrique, puis celui de l’électronique, parfois en marge de leur mission propre (détecteurs de mines, radars, détecteurs de radioactivité). Aux équipements des transmissions des forces de manœuvre s’ajoutent ceux des réseaux à grande portée du haut commandement (d’où l’emploi déjà ancien du téléscripteur, qui tend à se miniaturiser en se généralisant), des centres d’écoute, etc.

En 1975, cet ensemble comprend, outre les moyens de commandement, d’études et de conception, des corps de troupes (régiments de corps d’armée et de division, compagnies de brigade, groupes régionaux d’exploitation ou G. R. E. T.) et des écoles : la formation des cadres est assurée par l’École d’application des transmissions, créée à Montargis en 1946, tandis que les qualifications plus poussées sont données à Rennes, où, en 1973, l’École supérieure de l’électronique de l’armée de terre (créée en 1971) a succédé à l’ancienne École supérieure technique des transmissions (fondée à Pontoise en 1956).

Depuis 1969, comme pour le génie, la conception et le soutien des matériels de transmission dépendent entièrement de la Direction technique des armements terrestres et du Service du matériel de l’armée de terre, mais les transmissions conservent le rôle de « pilote » au profit de toutes les armes.

Au cours des années 1950-1970, l’évolution technique s’est poursuivie très rapidement. Les transistors ont permis d’importants gains de poids et de volume. Les faisceaux dirigés, dits parfois câbles hertziens, rendent aujourd’hui possibles, sous forme de faisceaux hertziens, les mêmes communications qu’en téléphonie entre des stations dont les antennes ou les relais sont en vue géométrique réciproque. Le trafic est moins susceptible d’être écouté par l’ennemi qu’en radio traditionnelle, et les portées entre relais ne dépendent guère que des formes de terrains. Enfin, les postes à bande latérale unique (ou BLU) diffèrent des postes antérieurs par une meilleure utilisation de l’énergie rayonnée. Ceux-ci émettent sur une fréquence dite « onde porteuse » ; en modulation d’amplitude apparaissent deux ondes de fréquences symétriques par rapport à la porteuse, une seule étant effectivement utilisée pour le quart de l’énergie mise en œuvre. Les postes BLU ne rayonnent que sur l’une des deux fréquences « latérales » — d’où leur nom et leur meilleur rendement ; d’où aussi une meilleure stabilité d’émission et une moindre vulnérabilité du trafic au brouillage. En 1975, l’armée de terre utilisait des postes de 22 types différents, selon leurs portées et leurs conditions d’emploi. Les portées sûres s’échelonnent de 2 à 150 km (davantage dans certaines conditions favorables). La gamme BLU comprendra les postes de compagnie et d’escadron, le poste de 10 watts (14 kg, génératrice de 12 kg, portée de 25 km), le poste de 100 watts (sur véhicule, portée de 60 km) et la station de 1 000 watts (portée d’au moins 100 km).


Nouvelles conditions d’emploi

Ces transformations ne pouvaient manquer d’affecter les conditions d’emploi des transmissions, marquées notamment par l’importance, devenue capitale, de la notion de délai de réaction d’une chaîne de commandement. Celle-ci conduit à multiplier les possibilités de liaisons simultanées et à automatiser le maximum d’actes élémentaires.

La nouvelle organisation des transmissions mise sur pied en France depuis 1970 tend à substituer au système des échelons de transmissions, greffés sur ceux de la hiérarchie (système radial), un système dit nodal, constituant a priori un maillage sur lequel les circuits d’emploi du commandement puissent se brancher. Ce système a été d’abord appliqué aux transmissions de l’infrastructure par l’implantation d’une dizaine de Centres automatiques de relais télégraphiques et électroniques (ou CARTEL), maillons du réseau intégré des transmissions de l’armée de terre, chargé de l’acheminement des messages. Le système nodal doit être étendu aux forces de manœuvre grâce à la création, à la demande, d’un maillage de centres de transmissions distincts des postes de commandement, mais couvrant la zone de déploiement des grandes unités. Ces centres, dits centres nodaux, reliés entre eux par faisceaux hertziens, fonctionnent comme des postes d’amarrage où peut se raccorder l’ensemble des correspondants.


Guerre électronique et commandement

Aux missions traditionnelles des transmissions s’ajoute, depuis la Seconde Guerre mondiale, la guerre électronique. Arme technique des ondes radio, les transmissions se trouvent qualifiées pour écouter et pour troubler le trafic de l’adversaire. Elles interviennent aussi dans certains problèmes de détection et de brouillage radar. Face à cette permanence d’orientation, l’évolution technique se poursuit en se diversifiant. L’informatique et la cybernétique permettent de traiter un très grand nombre de renseignements dans des délais de plus en plus brefs et de faire effectuer par des appareillages des travaux qui nécessitaient naguère un personnel et des délais importants. La logique suggère donc la formule « transmissions, arme du commandement ». Elle n’exprime pas une idée de prééminence, mais le fait que la combinaison de la radio et de l’informatique représente maintenant la seule manière pratique de prendre connaissance d’une situation et des éléments d’une décision, de donner et de diffuser des ordres, d’en contrôler l’exécution et d’en évaluer les conséquences.