Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

transmission de données (suite)

Perspectives d’avenir

Dans un avenir assez proche, la création de réseaux commutés spécialisés pour la transmission des données devrait permettre de transmettre des informations numériques entre des abonnés avec une grande sécurité et un coût minimal. En France, l’Administration des postes et télécommunications a créé un réseau utilisant les principes de la commutation de circuit, appelé Caducée. Aux États-Unis, un réseau expérimental dénommé Arpa, fondé sur les principes de la commutation par paquets, permet de mettre en commun les moyens informatiques dispersés en plusieurs points du territoire. L’avènement des réseaux téléphoniques intégrés devrait permettre l’épanouissement de la transmission des données. Ces réseaux sont fondés sur l’utilisation des signaux numériques MIC pour transmettre la parole (modulation par impulsions codées). Intégrant les circuits de transmission et les organes de commutation, ils permettront la transmission de données économiques, de grand débit et de haute sécurité.

G. D.

transmissions

Dans les armées, organisation chargée de transmettre en toutes circonstances les informations et les ordres nécessaires à la mise en œuvre des formations militaires de toutes natures (troupes, aéronefs, navires, services divers).


Les transmissions englobent toutes les formes de télécommunications militaires et conditionnent l’exercice même du commandement ; aussi doivent-elles respecter des impératifs fondamentaux qui résultent de la nature même de leur mission.

Le premier est la sûreté, qui implique la certitude que le destinataire d’une information ou d’un ordre en ait bien connaissance. Le deuxième est la discrétion, qui exige que la teneur des communications soit protégée contre toute fuite possible... À ces deux caractères s’ajoute la rapidité, pour que le chef responsable puisse décider et ordonner en temps utile.


Bref aperçu de l’histoire des transmissions

Dans l’armée de terre, les transmissions forment une « arme », au même titre que l’infanterie ou l’artillerie, mais il n’en fut pas toujours ainsi. Leur origine résulte des nécessités mêmes de la guerre. Selon César, les Gaulois disposaient d’un système de liaisons rapides à grandes distances à l’aide de feux allumés sur les points hauts. Cette ressource a duré au fil des siècles, ce qu’attestent les Clermont (clarus mons) et les Montigny (mons ignis) de la toponymie française. Toutes les armées ont utilisé des systèmes de tours ou de postes pouvant échanger des signaux. Cependant, le terme de transmissions appliqué à une organisation spécifique ne se justifie qu’à partir du système inventé par Claude Chappe (1763-1805), ensemble de sémaphores reliant Paris aux grandes villes frontières, baptisé télégraphe parce que conçu pour transmettre des textes. Inauguré en 1794 pour la dépêche annonçant à Paris la prise de Condé-sur-l’Escaut, ce système était plus gouvernemental que militaire, mais l’évolution technique fera bientôt apparaître un besoin de liaisons rapides et lointaines au sein des armées. Celles-ci se dotèrent du télégraphe électrique Morse, de pigeonniers de places fortes et de campagne, du téléphone et de l’héliographe (appareil à miroir utilisant les rayons solaires et exploité en morse comme un projecteur). Enfin, la télégraphie sans fil, ou T. S. F., fut immédiatement appliquée sur terre et sur mer.

Le génie assurant les travaux dont les autres armes ne peuvent se charger, c’est la 2e compagnie du 1er régiment du génie qui, en 1867, expérimente à Metz le télégraphe Morse. En 1872 est créée une Commission de la télégraphie militaire, qui ne sera organisée qu’en 1884 et dont le dépôt central, installé au mont Valérien en 1891, sera commandé par le capitaine et futur général Gustave Ferrié*, dont le nom reste attaché à la création et au développement des transmissions militaires. En 1900, un bataillon du 5e génie est spécialisé dans la télégraphie et la téléphonie : il constituera en 1912 le 8e régiment du génie, pépinière des unités de sapeurs-transmetteurs et ancêtre de toutes les formations des transmissions.

Sur le plan technique, l’évolution est dominée par l’apparition concrète de la radio avec les premières liaisons à grande portée (France-Corse, 1901 ; Martinique-Guadeloupe, 1902) et l’installation, en 1906, d’un réseau entre la tour Eiffel et les places de Verdun, de Toul, d’Épinal, de Belfort. En 1913, les premières stations mobiles de T. S. F. sont employées au Maroc.

Pendant la Première Guerre mondiale, tous les moyens anciens et nouveaux sont utilisés : lignes télégraphiques et téléphoniques, pigeons, fusées, chiens, agents de liaison, postes optiques, radio et télégraphie par le sol ou T. P. S. En 1918, en plus des télégraphistes, des téléphonistes et des signaleurs de toutes armes, ce qui correspond aux actuelles « transmissions » comprend 18 compagnies d’armée, 34 de corps d’armée, 10 de parc, 130 détachements de division, avec un effectif total de 51 000 hommes.

L’évolution se poursuit entre les deux guerres : en 1923 apparaît l’appellation nouvelle avec le « Centre d’études des transmissions », qui deviendra l’École de Versailles. En 1939, chaque grande unité, chaque secteur fortifié de la ligne Maginot et des Alpes comporte un commandement des transmissions, une compagnie « fil » et une compagnie « radio » ; dans les régiments, les liaisons sont assurées par le personnel qualifié de chaque arme. Face au rythme opérationnel allemand, cet ensemble se révélera pourtant insuffisant en 1940. En effet, les postes étaient lourds et presque sans portée en phonie (de 2 à 3 km pour le E. R. 40 des compagnies, liaisons précaires avec l’aviation et dans les blindés). Parallèlement, les procédures imitées des habitudes du télégraphe et du téléphone furent en défaut dès le début de la guerre de mouvement contre un adversaire particulièrement dynamique et qui, au contraire de l’armée française, avait étudié un développement méthodique des liaisons radio à tous les niveaux de sa tactique aéroterrestre.