Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

thérapeutique (suite)

Bilan actuel et avenir

Entre 1930 et 1970, les progrès de la thérapeutique ont été tels que nombre de maladies ont été jugulées ou ont même disparu, et que de nouvelles manifestations pathologiques se sont fait jour du fait même de la suppression des premières. « Les méningites aiguës, la méningite tuberculeuse, les tuberculoses aiguës, les infections générales, l’endocardite maligne, les broncho-pneumonies évoluent vers la guérison. La maladie d’Addison peut être équilibrée, l’anémie pernicieuse n’est plus pernicieuse. Les chirurgiens ouvrent les cœurs et les cerveaux, les hématologistes sauvent les nouveau-nés en changeant tout leur sang. Les sondes, les lampes, les rayons et les microscopes explorent les viscères, les tissus, les cellules et leurs molécules même » (J. Bernard). Mais inversement, tous les sujets qui seraient morts de méningite, de tuberculose ou de pneumonie vivent jusqu’à l’âge où se manifestent les cancers, le diabète et l’athérosclérose, et l’incidence de ces maladies va en augmentant.

Dans l’espace d’une quarantaine d’années, tous les progrès de la thérapeutique ont reposé sur une connaissance toujours plus poussée du comportement toujours plus intime de la cellule, ce qui rend la thérapeutique, si elle veut être efficace, forcément physiopathologique. Le traitement du cancer reste encore largement chirurgical, c’est-à-dire symptomatique, reposant sur la destruction matérielle de la tumeur en association avec les radiations. Son traitement curateur, qui sera le traitement étiologique, n’est pas encore connu, faute de connaître l’étiologie précise de cette maladie si toutefois il en est une ; mais, entre les deux extrêmes, des résultats encourageants sont obtenus par l’association de la chirurgie, de la chimiothérapie et de la physiothérapie. C’est dans la voie de cette mise en commun des ressources et des recherches, au-delà des cloisonnements interdisciplinaires, que repose l’avenir de la thérapeutique, aussi bien dans les maladies métaboliques comme l’athérosclérose ou le diabète que dans les cancers et les affections supposées consécutives à un environnement nuisible.

L’effort thérapeutique doit se porter au-devant de la maladie, c’est-à-dire d’une part vers sa détection alors qu’elle est encore à un stade infraclinique (non déclarée) et d’autre part vers la prévention des conditions de son apparition, ce qui mène directement aux problèmes de l’environnement avec la lutte contre la pollution* des villes et des campagnes et à la toxicologie* écologique, qui étudie les dangers des produits chimiques de toutes sortes employés dans le ménage, l’agriculture et l’industrie.

Si tous les progrès thérapeutiques souhaitables peuvent être considérés comme réalisables dans un avenir assez proche, il est toutefois difficile de fixer des délais probables pour chaque étape, notamment en ce qui concerne les problèmes du cancer. Il est par contre certain que les problèmes thérapeutiques prennent, par l’importance des moyens nécessaires à les résoudre, des dimensions économiques qui imposeront de nouvelles limites lorsque celles qui sont posées par les questions scientifiques seront franchies.

A. G. et J. B.

 G. Duchesnay, le Risque thérapeutique. Prévention et traitement des accidents (Doin, 1954). / J. Olmer, Thérapeutique médicale clinique (Doin, 1959-1961 ; 2 vol.). / J. Sénèque (sous la dir. de), Traité de thérapeutique chirurgicale (Masson, 1961-1964 ; 4 vol.). / A. Galli et R. Leluc, les Thérapeutiques modernes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 2e éd., 1972). / J.-P. Valabrega, la Relation thérapeutique, malade et médecin (Flammarion, 1962). / L. Perlemuter, P. Obraska et J. Quevauvilliers (sous la dir. de), Dictionnaire de thérapeutique médicale (Masson, 1972).

Thérèse d’Ávila (sainte)

Religieuse espagnole (Ávila 1515 - Alba de Tormes 1582).


La personnalité et l’œuvre de Teresa de Cepeda y Ahumada, mystique et femme d’action, s’inscrivent dans le cadre de l’Espagne du xvie s. Thérèse bénéficiera, en effet, de l’essor des sciences et des lettres du « Siècle d’or » et participera au mouvement de ferveur religieuse qui animait toutes les classes de la société. L’agitation due à la réforme luthérienne et à la découverte du Nouveau Monde la touchera. Enfin, elle vivra sous l’ombre menaçante de l’Inquisition.

Mais son influence s’exercera au-delà des frontières de son pays et de son temps. Réformatrice du Carmel, elle a donné naissance dans l’Église à une nouvelle famille religieuse qui compte aujourd’hui plus de treize mille moniales et quatre mille religieux répartis dans toutes les régions du monde. Docteur de l’Église, elle est considérée en raison de la qualité de ses écrits comme l’un des plus grands auteurs de la littérature universelle et comme un maître en spiritualité.


La vie

Née à Ávila — ou dans les environs, à Gotarrendura —, Thérèse est fille d’hidalgo par sa mère, et petite-fille d’un marchand juif de Tolède reconverti au catholicisme. Nourrie très tôt de l’idéal de grandeur d’Ávila, « terre de rois et terre de saints », elle tente de s’enfuir à l’âge de sept ans au pays des Maures pour y subir le martyre. Elle espérait « voir Dieu » sans retard.

Dans son adolescence, elle s’adonne à la lecture de romans de chevalerie et fait l’expérience d’une petite amourette avec un de ses cousins. Son père, Alonso, la met en pension au couvent des Augustines d’Ávila, où elle retrouvera sa ferveur religieuse. Elle avait perdu sa mère, Beatriz, à l’âge de treize ans, et voyait ses frères partir un à un à la conquête du Nouveau Monde. À la recherche d’un bonheur qui dure « pour toujours », elle décide alors d’entrer en religion. Se faisant violence à elle-même et malgré l’opposition de son père, elle sollicite son admission au carmel de l’Incarnation d’Ávila en 1535.

Trois ans après, gravement malade, Thérèse vint trouver à Becedas une guérisseuse dont le traitement par les plantes faillit lui coûter la vie. Toute son existence, elle souffrira d’une mystérieuse maladie que les spécialistes ne parviennent pas à déterminer : une sorte de névrose qui n’est pas incompatible avec son solide bon sens et son équilibre.