théologie protestante (suite)
Il n’est pas étonnant qu’en une époque où la vie de la foi et la communication de l’évangile se heurtent de fouet avec les grandes religions économiques, sociales et politiques, avec toutes les idoles et idéologies modernes, la théologie se remette sur la ligne de la responsabilité prophétique et rompe avec la récitation des scribes. Précisons qu’au cours de ce processus incessant de confrontation et de réinterprétation mutuelle entre ce qui concerne l’existence actuelle des hommes et les témoignages scripturaires, on se garde de jamais confondre Parole et situation, situation et Parole : mais jamais on ne veut ni ne peut vraiment saisir l’une en dehors de l’autre et vice versa.
Théologie protestante ? Au fur et à mesure que le temps se déroule, les différences séculaires entre ce qui est proprement catholique romain et ce qui est spécifiquement protestant s’estompent. Non seulement le renouveau biblique catholique a replace la référence scripturaire en son lieu vrai : le premier ; et toujours plus il tente de lui soumettre effectivement la tradition passée, c’est-à-dire la collection des grands textes doctrinaux ; en outre, il déclare hautement que la tradition vivante, c’est-à-dire le magistère ecclésiastique, n’est là que pour servir la Parole. Mais il apparaît surtout que l’affrontement entre scribes et prophètes traverse toutes les Églises : ce n’est plus en fonction d’origines confessionnelles diverses que se situent aujourd’hui les théologies, mais uniquement dans l’option décisive par rapport à une praxis cohérente avec les nécessités historiques et les interpellations de l’évangile. Il n’est ici de meilleure illustration que l’exemple des « théologies de la libération » d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie : non seulement elles naissent dans toutes les Églises, mais elles sont l’œuvre de spécialistes et de laïques ; en leur sein, les femmes elles-mêmes retrouvent le droit à la parole et, en faisant retentir leur voix, apportent une contribution décisive au témoignage de l’Église universelle et à son œuvre œcuménique, c’est-à-dire ordonnée au bonheur et au salut de tous les hommes.
G. C.
➙ Églises protestantes / Protestantisme / Réforme.
K. Barth, Einführung in die evangelische Theologie (Zurich, 1962 ; trad. fr. Introduction à la théologie évangélique, Labor et Fides, Genève, 1963). / G. Casalis, Luther et l’Église confessante (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1962). / J. A. T. Robinson, The New Reformation (Londres, 1965 ; trad. fr. la Nouvelle Réforme, Delachaux et Niestlé, 1966). / R. Mehl, la Théologie protestante (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966). / Engagements chrétiens, base de la théologie inductive (INODEP, 1974). / G. Gutierrez, Théologie de la libération (Bruxelles, 1974).