Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

théologie protestante (suite)

Il n’est pas étonnant qu’en une époque où la vie de la foi et la communication de l’évangile se heurtent de fouet avec les grandes religions économiques, sociales et politiques, avec toutes les idoles et idéologies modernes, la théologie se remette sur la ligne de la responsabilité prophétique et rompe avec la récitation des scribes. Précisons qu’au cours de ce processus incessant de confrontation et de réinterprétation mutuelle entre ce qui concerne l’existence actuelle des hommes et les témoignages scripturaires, on se garde de jamais confondre Parole et situation, situation et Parole : mais jamais on ne veut ni ne peut vraiment saisir l’une en dehors de l’autre et vice versa.

Théologie protestante ? Au fur et à mesure que le temps se déroule, les différences séculaires entre ce qui est proprement catholique romain et ce qui est spécifiquement protestant s’estompent. Non seulement le renouveau biblique catholique a replace la référence scripturaire en son lieu vrai : le premier ; et toujours plus il tente de lui soumettre effectivement la tradition passée, c’est-à-dire la collection des grands textes doctrinaux ; en outre, il déclare hautement que la tradition vivante, c’est-à-dire le magistère ecclésiastique, n’est là que pour servir la Parole. Mais il apparaît surtout que l’affrontement entre scribes et prophètes traverse toutes les Églises : ce n’est plus en fonction d’origines confessionnelles diverses que se situent aujourd’hui les théologies, mais uniquement dans l’option décisive par rapport à une praxis cohérente avec les nécessités historiques et les interpellations de l’évangile. Il n’est ici de meilleure illustration que l’exemple des « théologies de la libération » d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie : non seulement elles naissent dans toutes les Églises, mais elles sont l’œuvre de spécialistes et de laïques ; en leur sein, les femmes elles-mêmes retrouvent le droit à la parole et, en faisant retentir leur voix, apportent une contribution décisive au témoignage de l’Église universelle et à son œuvre œcuménique, c’est-à-dire ordonnée au bonheur et au salut de tous les hommes.

G. C.

➙ Églises protestantes / Protestantisme / Réforme.

 K. Barth, Einführung in die evangelische Theologie (Zurich, 1962 ; trad. fr. Introduction à la théologie évangélique, Labor et Fides, Genève, 1963). / G. Casalis, Luther et l’Église confessante (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1962). / J. A. T. Robinson, The New Reformation (Londres, 1965 ; trad. fr. la Nouvelle Réforme, Delachaux et Niestlé, 1966). / R. Mehl, la Théologie protestante (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966). / Engagements chrétiens, base de la théologie inductive (INODEP, 1974). / G. Gutierrez, Théologie de la libération (Bruxelles, 1974).

thérapeutique

Partie de la médecine* qui concerne la manière de traiter les maladies*.



Historique

Son histoire se confond avec celle de la médecine. La thérapeutique resta figée dans un immobilisme quasi total depuis l’Antiquité jusqu’au xixe s. et l’on peut résumer ces deux mille ans d’histoire en citant trois noms : ceux d’Avicenne*, de Galien* et du philosophe mystique et voyageur du xvie s. Paracelse, qui, premier à s’être élevé contre la doctrine galénique en vigueur pendant plus de mille ans, fut aussi le premier à introduire la chimie en thérapeutique. En effet, à côté de recettes plus ou moins magiques, variables avec les régions et les religions, les prescriptions médicales du xvie s. ne contenaient guère que des plantes. Paracelse introduisit le sel, le soufre, l’or et le mercure en disant : « Hors de la chimie, vous tâtonnerez dans les ténèbres. »

Mais la chimie n’était pas encore née, et Paracelse n’était qu’un alchimiste (v. alchimie). Il fallut attendre le xixe s., l’apparition du positivisme, l’essor des sciences exactes physiques et chimiques et l’application de leurs méthodes à la physiologie pour que naisse la pharmacologie, étude de la « nocivité des substances chimiques pour les organismes vivants », selon son fondateur, Oswald Schmiedeberg (1838-1921).

La pharmacologie, base de la thérapeutique médicale, a suivi la progression de toutes les sciences vers le microscopique et, actuellement, c’est à l’échelle de la cellule et de la molécule que s’exerce cette discipline, isolant, modifiant, synthétisant les molécules de médicaments, retraçant les étapes de leur action et étudiant les actions médicamenteuses par l’expérimentation sur l’animal (v. pharmacie).

Certes, la thérapeutique ne s’exerce pas uniquement au moyen de la chimie, mais aussi de la physique. La physiothérapie*, qui comprend l’utilisation thérapeutique de toutes les forces physiques, depuis le simple massage jusqu’à l’action des rayonnements électromagnétiques, en passant, aujourd’hui, par l’acupuncture*, a également connu un développement important, notamment avec l’utilisation rationnelle des différents rayonnements (v. curiethérapie, radiothérapie) et avec l’association de la kinésithérapie*.

La chirurgie*, toujours présente de façon plus ou moins rudimentaire dans l’histoire de la médecine, s’est véritablement développée à la fin du xixe s. avec la découverte de l’asepsie* par le chirurgien anglais Joseph Lister (1827-1912) et avec celle de l’anesthésie*. Dès lors, une véritable thérapeutique chirurgicale put être mise en œuvre à l’abri des redoutables infections qui interdisaient jusqu’alors toute tentative d’une chirurgie autre qu’extrémiste (amputations principalement).

Le climat et les eaux de source ont été employés à des fins thérapeutiques dès les temps les plus reculés, avant même les périodes d’épanouissement de la Grèce et de Rome. Le thermalisme* et le climatisme* constituent actuellement des traitements complémentaires pour de nombreux cas et souvent le seul recours valable dans certaines affections chroniques.

La diététique*, art de se nourrir d’une manière saine et adaptée à sa constitution et à son mode de vie, est également devenue une science, et partie intégrante de tout traitement.

Dès le début de ce siècle, la thérapeutique a quitté le domaine restrictif du corps pour essayer de redresser ou du moins de comprendre les troubles de l’esprit et du comportement (v. psychologie, psychanalyse, psychiatrie).

La synthèse des deux points de vue sur la maladie de l’homme est réalisée dans ce qui est devenu la psychosomatique*.