Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

théâtres de musique (suite)

En province, le premier théâtre, fondé par Pierre Gautier (v. 1642-1697), est celui de Marseille. Placé d’abord sous la dépendance de Lully (1685), sa situation demeure prospère jusqu’à la création du Grand Théâtre (1787), incendié en 1919 et reconstruit en 1929. À Toulouse, la création du théâtre du Capitole date également du xviiie s. Incendié on 1917, reconstruit en 1923, traditionnellement affecté à l’opéra il fait aussi connaître l’opérette. À Lyon, une Académie d’opéra est fondée en 1676, mais est victime de nombreuses vicissitudes (incendies, faillites, inondations). Son Opéra actuel date de 1831. Rouen est doté d’un théâtre en 1772. Au xixe s., son théâtre des Arts connaît une grande prospérité ; détruit en 1940, il a été reconstruit et peut être considéré comme l’une des meilleures scènes lyriques françaises.

En Belgique, le théâtre de la Monnaie, fondé en 1700, acquiert vers la fin du xixe s. une renommée universelle.

En Allemagne, Munich a un Opéra de cour italien en 1653. Cent ans plus tard est inauguré le Residenztheater (1753), puis en 1825 le königliches Hof- und Nationaltheater (devenu depuis 1918 Bayerisches Staatstheater). À Hambourg, un théâtre public (1678) fait connaître les premiers opéras allemands jusqu’en 1738. Leipzig entre dans l’histoire de l’opéra vers 1693 avec l’Opernhaus auf dem Brühl. On y joue les premiers Singspiels, notamment ceux de J. A. Hiller. À Berlin, Frédéric II, devenu roi (1740), fait construire le königliche Oper (Staatsoper à partir de 1919), inauguré en 1742. De 1870 à 1934, trois théâtres lyriques exploitent le répertoire ; ce sont, outre le Staatsoper, l’Opéra municipal et le Krolloper (1843), spécialisé dans les mises en scène d’avant-garde. En 1876 s’ouvre le théâtre wagnérien de Bayreuth.

En Russie, Saint-Pétersbourg devient un centre musical après la fondation d’un Opéra de cour (v. 1736), encore en fonction en 1796 ; de même, en Angleterre, Londres, après la fondation de Covent Garden (1732), reconstruit en 1792 et rénové en 1847. Le xviiie s. voit naître aussi à Copenhague un théâtre royal (1722), à Madrid, vers 1740, le teatro de los Caños del Peral (teatro Real à partir de 1850) et à Lisbonne le teatro Real de Sao Carlos (1793). Vienne possède alors un Opéra de cour et un théâtre public, le Kärntnertortheater. Un Hofoper (qui deviendra Staatsoper) est construit en 1869. Au début du xxe s., le Theater an der Wien et le Theater in der Josefstadt s’illustrent dans l’opérette, malgré la concurrence sérieuse du Metropol Theater de Berlin. Au cours du xixe s., d’autres théâtres lyriques nationaux s’ouvrent à Moscou (théâtre Bolchoï, 1825, reconstruit en 1856), Barcelone (Liceo, 1847), Bucarest (1852), Florence (1862), Prague (1883), Budapest (1884), Bratislava (1886) et Palerme (teatro Massimo Vittorio Emanuelle, 1897). Citons le Metropolitan Opera House (1883) de New York et le théâtre Colon (1908) de Buenos Aires, qui, après Milan et Naples, demeurent les grands centres de l’art lyrique.

Les théâtres d’opéras ne se sont guère multipliés au xxe s., sauf dans les villes de festivals* et celles qui ont été éprouvées par les destructions de la Seconde Guerre mondiale (Hambourg, Staatsoper, 1955 ; Berlin, Deutsche-Oper, 1961). L’Opéra d’État de Vienne, reconstruit récemment, dispose d’une scène à trois plateaux, dont un tournant. Il semble que les nouvelles recherches théâtrales inclinent à l’abandon de la scène à l’italienne, fermée et encadrée, au profit d’une scène plus ouverte, où, sans distinction de classes, la participation du publie devienne plus efficace.

A. V.

 P. F. G. de Beauchamps, Recherches sur les théâtres de France depuis l’année 1161 jusques à présent (Prault, 1735). / C. Nuitter et E. Thoinan, les Origines de l’opéra français (Plon, 1886). / A. Ademollo, I Teatri di Roma nel secolo decimosettimo (Rome, 1888). / B. Croce, I Teatri di Napoli (Naples, 1891 ; 4e éd., Bari, 1947). / T. Wiel, I Teatri musicali veneziani del Settecento (Venise, 1897). / H. de Curzon, l’Évolution lyrique au théâtre dans les différents pays (Fischbacher, 1908). / O. Bie, Die Oper (Berlin, 1913 ; 2e éd., 1923). / P. Stetan-Gruenfeldt, Die Wiener Oper (Vienne, 1922). / A. Nicoll, The Development of the Theater (New York, 1927 ; nouv. éd., Theater, 1937). / H. Prunières, Cavalli et l’opéra vénitien au xviie siècle (Rieder, 1931). / R. Dumesnil, Histoire illustrée du théâtre lyrique (Plon, 1953). / G. Gavazzani, La Musica e il teatro (Pise, 1954). / F. Schlitzer, Mondo teatrale dell’Ottocento (Naples, 1954).

Thèbes

En gr. Thêbai, v. de Grèce, en Béotie.



Les origines

Thèbes naquit au début du IIe millénaire av. J.-C. au sommet d’une colline où fut construite une citadelle (la Cadmée) qui dominait de près de cent mètres une région prospère : une plaine humide, extrêmement riche, où, près des marécages du lac Kôpaïs, paissaient les meilleurs chevaux de la Grèce et qui produisait le blé le plus lourd et le plus nourrissant du pays. Cité de paysans, la ville fut glorieuse quand la Grèce archaïque ne s’était pas encore affinée : durant l’âge classique, elle souffrit du mépris des Athéniens, trop fiers de leurs qualités intellectuelles, avant de savoir, au début du ive s. av. J.-C., faire taire les rieurs quand les autres cités de Grèce se furent épuisées dans leurs luttes perpétuelles.

La ville était riche dans le courant des xive et xiiie s. av. J.-C., à l’époque achéenne, alors que ses premiers siècles d’existence avaient été quelque peu éclipsés par la puissance de sa voisine, Orchomène. C’est l’époque où naquirent les légendes de sa fondation, car Thèbes — qu’aurait fondée Cadmos — jouissait parmi toutes les cités grecques de l’originalité de posséder une mythologie qui lui était propre.

L’invasion dorienne transforma la cité. Thèbes fut peuplée d’Éoliens qui s’associèrent au vieux fond de population ionienne. Autour des sanctuaires de la plaine béotienne commença de se réunir une sorte de communauté culturelle : à Onchestos, où l’on honorait Poséidon, à Coronée, au temple d’Athéna Itônia ; l’influence de Thèbes grandit aux dépens d’Orchomène, trop isolée au nord-ouest du lac Kôpaïs.