Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Teilhard de Chardin (Pierre) (suite)

Penseur indépendant, au vocabulaire très personnel, Teilhard rappelle de loin la pensée de saint Irénée, la théologie franciscaine, Leibniz (idée d’une indéfinie gradation dans l’échelle des êtres), Bergson (primat du temps et refus du formalisme kantien), Maurice Blondel (primat de l’action ; panchristisme qui met en valeur, à la fois, dans le Christ, l’universel et le personnel), E. Mounier (personnalisme), A.-N. Whitehead (effort pour construire une nouvelle cosmologie, organicité de l’univers, doué d’un centre spirituel foyer de liberté qui par attraction suscite nos libertés), Nietzsche (avec transposition du surhomme individuel sur le plan social de l’ultra-humain). Chez Teilhard, qui synthétise genèse et structure, dialectique et angoisse existentielle, la grande hardiesse métaphysique s’allie à la rectitude de grande orthodoxie dynamique.

C. C.

 C. Cuénot, Pierre Teilhard de Chardin (Plon, 1958) ; Nouveau Lexique Teilhard de Chardin (Éd. du Seuil, 1968) ; Ce que Teilhard a vraiment dit (Stock, 1972). / M. Barthélemy-Madaule, Bergson et Teilhard de Chardin (Éd. du Seuil, 1963) ; la Personne et le drame humain chez Teilhard de Chardin (Éd. du Seuil, 1967). / H. de Lubac, l’Éternel Féminin (Aubier, 1968) ; Teilhard et noire temps (Éd. du Cerf, 1971). / F. Bravo, la Vision de l’histoire chez Teilhard de Chardin (Éd. du Cerf, 1970). / P. Schellenbaum, le Christ dans l’énergétique teilhardienne. Étude génétique (Éd. du Cerf, 1971). / J. Laberge, Pierre Teilhard de Chardin et Ignace de Loyola (Desclée De Brouwer, 1973).

teinture et apprêts

Ensemble des traitements qui, appliqués aux étoffes (tissus, tricots, non-tissés), ont pour but de leur donner un aspect par la coloration (teinture et impression) ou des propriétés particulières par les apprêts.


Dans l’industrie textile, la branche « teinture et apprêts », comprenant le blanchiment, la teinture, l’impression et l’apprêtage, était autrefois désignée sous le nom de manutention ; elle est maintenant souvent appelée ennoblissement, ce qui correspond à l’allemand « Veredelung », alors qu’en anglais le terme « finishing » (finissage) correspond plus spécialement aux apprêts. Il y a une distinction qu’il convient de faire.


Teinture

La teinture est l’opération consistant à fixer par pénétration dans une matière textile ou autre, préparée ou non, un colorant soluble, solubilisé ou dispersé. Il n’y a teinture que si la coloration a pénétré dans la matière textile et s’y est fixée ; un produit chimique dont la solution dans l’eau est fortement colorée ne constitue pas une matière colorante pour le textile si la coloration est facilement éliminée, par exemple par un simple rinçage à l’eau. Un colorant donné ne se fixe pas indifféremment sur toutes les sortes de textiles : il n’y a pas de colorant polyvalent. Il faut donc choisir le ou les colorants en fonction du ou des textiles à teindre.


Caractères d’une teinture

1. La teinture doit donner au textile un aspect régulier et uniforme : on dit que la pièce teinte doit avoir un bon unisson.

2. La teinture doit être conforme, c’est-à-dire qu’elle doit reproduire la nuance exacte d’un échantillon considéré comme type.

3. Enfin, la teinture doit résister dans les conditions normales d’emploi et d’entretien de l’article teint : on dit alors que la teinture est solide.


Solidité des teintures

À la notion de solidité des teintures, on peut associer celle d’aptitude à l’emploi pour les solidités d’usage. La coloration du textile teint doit résister aux multiples facteurs de dégradation qui peuvent l’altérer en cours d’utilisation, comme la lumière solaire, les intempéries pour les articles exposés à la pluie et à des variations d’humidité, la transpiration pour les articles d’habillement, le frottement, etc. Dans les conditions normales d’emploi, il faut englober aussi l’entretien : lavage, chlorage, nettoyage à sec, repassage. Ces solidités d’usage intéressent le consommateur pour l’article qu’il a acheté. Mais le fabricant doit tenir compte de la solidité de la teinture au cours des traitements ultérieurs d’apprêt ou de finissage, qui diffèrent suivant les articles et suivant les fibres ; il faut donc aussi prendre en considération les solidités de fabrication.

La solidité d’une teinture (ou d’une impression) dépend du colorant choisi et de la fibre textile sur laquelle il est appliqué. Elle dépend aussi de l’intensité de la coloration, ou profondeur de teinte, qui augmente avec la quantité de colorant fixé sur la fibre. La solidité dépend bien entendu aussi de la façon dont le traitement de teinture a été appliqué. Les méthodes d’essais de solidité des teintures correspondent autant que possible à ce qui se passe dans la réalité. Elles sont reproductibles d’un laboratoire à l’autre et elles donnent des résultats précis et chiffrables.

Pour les solidités à la lumière et aux intempéries, on utilise une gamme étalon qui comprend huit notes appelées indices de solidités et s’échelonnant de 1 (très faible solidité) à 8 (très haute solidité). À chaque indice correspond un étalon matérialisé par un tissu de laine teint en bleu avec un colorant dont la solidité est bien connue. Une gamme est nécessaire pour chaque essai. Exposés en même temps qu’une ou plusieurs éprouvettes, les étalons bleus se dégradent et c’est en comparant la dégradation d’une éprouvette avec celle des étalons bleus qu’on lui attribue un indice de solidité. Pour les autres solidités, on utilise des échelles de gris, l’une pour les dégradations, l’autre pour les dégorgements : l’échelle de dégradation comprend cinq échelons, de 1 (fort contraste) à 5 (pas de contraste). Le dégorgement est ce qui peut se produire quand on lave un tissu teint avec un tissu blanc ; celui-ci se trouve parfois taché par la coloration du tissu teint. Au cours des essais, le dégorgement s’observe sur des tissus témoins blancs qui, avec l’éprouvette de tissu teint, forment une éprouvette composée. L’échelle pour l’évaluation des dégorgements comprend, comme celle des dégradations, cinq échelons.