Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tarn. 81 (suite)

Le département est le plus industrialisé de la Région Midi-Pyrénées (41 p. 100 de la population active employée dans le secteur secondaire) et le plus urbanisé après la Haute-Garonne. Il est aussi très varié. La moitié orientale, sur le massif ancien, est bien arrosée (plus de 1 000 mm de pluies et, sur les hauteurs, plus de 1 500 mm) et verdoyante : l’élevage des bovins et celui des brebis laitières (pour Roquefort) sont, avec l’exploitation de la forêt, les ressources fondamentales ; mais sont aussi exploités les minéralisations du massif ancien et le potentiel hydro-électrique ; partout, le tourisme se développe, modestement toutefois.

Au sud, dans la montagne Noire (1 100 m), des lacs de retenue ont été aménagés dès le xviie s. pour alimenter le canal du Midi. Entre le Thoré et l’Agout, d’autres lacs (alimentant les hydrocentrales de l’Agout) ont été constitués dans les solitudes pastorales et forestières du plateau d’Anglès (vers 800 m), qui se prolonge à l’ouest par le pittoresque Sidobre et ses chaos granitiques. Tout à fait à l’est du département, les monts de Lacaune (1 260 m), terre traditionnelle d’élevage ovin, ont une tonalité nettement montagnarde. Plus au nord, de l’Agout au Viaur, s’étendent les Ségalas tarnais. Ces amples plateaux, dont l’altitude s’élève peu à peu vers l’est, sont entaillés par les gorges profondes et pittoresques du Dadou, du Tarn (site d’Ambialet) et du Viaur (enjambé par un viaduc à Tanus). Sans avoir été aussi profonde que dans le Ségala du Rouergue, la révolution agricole a permis le développement des emblavements et des cultures fourragères, qui, avec les prairies naturelles, sont les fondements de l’élevage. À l’extrémité nord-occidentale du département, la forêt, assez dégradée, de la Grésigne est au cœur d’une région très complexe, qui, aux portes d’Albi, attire par la beauté de ses sites (gorges de l’Aveyron moyen, Cordes).

Dans l’ouest du département, qui est aquitain, plusieurs ensembles de collines, souvent chapeautées de formations calcaires, sont isolés par les larges avenues de l’Agout, du Dadou et surtout du Tarn ; un front de côte se dessine en outre au-dessus d’une dépression qui borde le massif ancien au sud du Tarn. L’Albigeois (au nord du Dadou) et le Castrais (au sud) sont des pays peu arrosés, où les précipitations estivales sont souvent indigentes : le terrefort, celui du Castrais surtout, est alors brûlé par le soleil. Aussi la polyculture céréalière (blé surtout) est-elle caractéristique de ces collines ; le blé, culture largement dominante au sud (autour de Puylaurens), est associé en particulier à la vigne de part et d’autre du Tarn en aval d’Albi : 1 Mhl de vin sont ainsi récoltés (vins blancs d’appellation Gaillac, mais aussi vins rouges de qualité courante). Le long du Tarn, jalonné d’hydrocentrales au fil de l’eau, les cultures spécialisées progressent. Rabastens, en aval, et Gaillac (10 912 hab.), en amont, sont les deux marchés de cette vallée.

La vie urbaine s’organise essentiellement dans la dépression, discontinue et morcelée au pied du Massif central. Mazamet (14 874 hab.) et Graulhet (14 110 hab.), cette dernière sur le Dadou, au milieu des terreforts, sont marquées par l’industrie. Capitale mondiale du délainage depuis le milieu du xixe s., Mazamet possède aussi des industries textiles et a accueilli récemment la métallurgie : l’industrie l’anime ainsi que les petites vallées du Thoré et de l’Arnette. Graulhet, qui a une vieille tradition de travail du cuir, s’est spécialisée dans la mégisserie. Castres (47 527 hab.) est un gros marché de produits agricoles (silos, laiteries), un actif centre industriel (l’industrie pharmaceutique et la métallurgie de transformation y ont pris le relais d’un travail de laine ancien, mais en déclin) et un centre touristique (musée Goya) aux portes du Sidobre : la ville anime tout le sud du département, alors que le nord de celui-ci est dans l’orbite d’Albi. La « ville rouge » est au cœur d’une région industrielle dont l’essor est lié à l’hydro-électricité du Tarn (saut du Tarn et Saint-Juéry) et à la présence de charbon sous les premiers plateaux du Ségala : 1 Mt de charbon son extraites à proximité de Carmaux, utilisées pour la production d’électricité et par les usines chimiques.

S. L.

➙ Albi / Midi-Pyrénées.

Tarn-et-Garonne. 82

Départ. de la Région Midi-Pyrénées ; 3 716 km2 ; 183 314 hab. Ch.-l. Montauban. S.-pr. Castelsarrasin.


Le département de Tarn-et-Garonne appartient à l’ensemble des pays de la moyenne Garonne, notamment par la place qu’y tiennent les cultures spécialisées, légumières et fruitières. Mais, bien plus encore, et cette tendance ne cesse de se renforcer, il gravite dans la zone d’influence de Toulouse.

À l’image de toute l’Aquitaine centrale et orientale, la dépopulation a été sévère et continue jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les effectifs tombant de 253 000 habitants en 1861 à 165 000 en 1936. Un léger renouveau s’est ébauché jusqu’en 1968, traduisant essentiellement la croissance des villes (particulièrement celle de Montauban) : 176 000 habitants en 1962 et 183 572 en 1968. De 1901 à 1975, les effectifs de la population active ont été réduits de 96 800 à 68 900, ce recul traduisant essentiellement une forte diminution de la main-d’œuvre agricole (de 60 500 à 21 600), le repli d’une industrie qui a toujours été très faible (de 20 000 à 18 300 travailleurs) et les progrès des emplois tertiaires (de 16 300 à 29 000).

Dans cette large aire de confluence, vers laquelle se dirigent en particulier le Tarn et la Garonne, les précipitations n’excèdent 700 mm que sur la frange nord du département et sont plus abondantes au printemps ; les étés sont chauds et secs, et souvent se fait sentir l’haleine de l’autan. L’habitat dispersé domine, les hommes vivant en fermes isolées au milieu de terroirs consacrés à la polyculture.