Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tamilnād ou Tamil Nadu (suite)

Le climat est tropical, à longue saison sèche. Les pluies sont provoquées principalement par les cyclones de la mousson du sud-est, d’octobre à décembre ; c’est donc un climat particulier, à mousson retardée. Les moyennes pluviométriques, assez élevées dans les montagnes (1 800 mm dans les Nīlgiri), sont beaucoup plus faibles sur les plateaux (de 500 à 1 000 mm selon les régions), mais se relèvent dans le secteur maritime du Nord-Est (de 1 200 à 1 500 mm). Le climat du Tamilnād est donc très ensoleillé, avec une cinquantaine de jours pluvieux par an.

La végétation naturelle des plateaux est une forêt décidue avec prédominance d’Albizzia amara ; mais le déboisement, poursuivi depuis des millénaires, a substitué à cette forêt des formations épineuses. Seuls les massifs montagneux ont conservé d’importantes forêts, notamment les Nīlgiri et les Palni avec leurs formations d’Anogeissus latifolia et de Tectona grandis (teck). Les sols des plateaux sont généralement des sols ferrugineux rouges ; mais d’importantes plaques de sols noirs à coton (regar) existent dans les régions de Coimbatore et de Tirunelveli (ou Tinnevelly).

Les principaux fleuves, la Kāviri, longue de 785 km, et la Tāmbraparnī, longue de 120 km, ont des cours d’eau pérennes, parce que leurs cours supérieurs sont situés dans la région des Ghāts occidentaux. La Kāviri, en amont du barrage de Mettūr, a un débit en crue de 7 000 à 8 000 m3/s. En revanche, les moyens cours d’eau, comme le Pālār, la Vaigai, le Ponnaiyār et, à plus forte raison, les petits cours d’eau, soumis au climat subaride, sont intermittents et très irréguliers.


La population

Le Tamilnād est essentiellement peuplé de Mélano-Indiens, au teint foncé. Mais des migrations, venues du nord de l’Inde à certaines époques, ont engendré des différences entre les castes. Les castes supérieures, notamment les brahmanes, ont le teint plus clair ; les castes inférieures, particulièrement les paraiyar (parias), ont le teint très foncé. De plus, des éléments veddiddes (ou proto-australoïdes) subsistent dans diverses tribus. La langue dominante est une langue dravidienne, le tamoul (78 p. 100) ; d’importantes minorités parlent telugu (15 p. 100) et urdū (2 p. 100), cette dernière langue étant celle d’une partie des musulmans. La grosse majorité de la population est hindoue (91,4 p. 100). Il y a des minorités musulmane (4,8 p. 100) et chrétienne (3,5 p. 100).

En 1871, le Tamilnād n’avait que 16 millions d’habitants. La croissance démographique, qui était faible au xixe s., s’est accélérée depuis 1921. Dans la décennie 1961-1971, la population du pays s’est accrue de 7 616 000 individus, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de près de 2,3 p. 100. La densité est passée à 316 habitants au kilomètre carré (256 en 1961). Le taux d’alphabétisation s’est élevé à 39,4 p. 100 en 1971 (31,4 en 1961). Dans cette population aux trois quarts rurale, la société présente l’organisation hiérarchisée qui caractérise le monde hindou. Au sommet, les brahmanes sont devenus en grande majorité une classe urbaine. À la différence de l’Inde du Nord, on ne voit point de kṣatriya (sauf quelques éléments immigrés). Aussi, une place importante est-elle tenue par d’autres castes, comme les chettiar (commerçants). La grande masse de la population est constituée par des castes de cultivateurs : les vellālar et, à un niveau plus modeste, les vanniyar. À la base sont les anciennes communautés d’intouchables, principalement les paraiyar. Plus ou moins en marge vivent des tribus comme les Chenchu, les Kurumbar, les Koravar.

À l’exception de Madras (2 470 000 hab.), qui reste plus ou moins la métropole des pays dravidiens, la population urbaine vit surtout dans des bourgades et des villes moyennes qui se disposent au cœur des régions agricoles à proximité des cours d’eau. Kānchīpuram (100 000 hab.), vieille de plus de deux mille ans, est la ville sainte du brahmanisme, célèbre par ses temples. Madurai (548 000 hab.), également ancienne, joint à son caractère religieux celui de second centre d’industrie textile du Tamilnād. Les autres villes importantes sont Coimbatore (Koyampattūr) [353 000 hab.], Salem (Sēlam) [308 000 hab.], Tiruchirapalli (306 000 hab.).


L’économie

Sauf dans les massifs montagneux, l’agriculture dépend très largement de l’irrigation. Celle-ci est assurée par le système original des tanks (réservoirs) et par l’aménagement des fleuves, notamment de la Kāviri, dont les eaux sont utilisées par l’agriculture dans la proportion exceptionnelle de 82 p. 100. Favorisées par l’irrigation, les zones fluviales et deltaïques sont plus riches et ont déterminé le développement des villes les plus importantes, tandis que les interfluves sont généralement assez pauvres. Parmi les cultures vivrières, la grande culture est celle du riz (plus de 3 Mt), qui peut donner deux et même trois récoltes par an si l’on dispose d’une quantité d’eau suffisante. Mais, sur les terroirs non irrigués, les paysans produisent divers millets, notamment le sorgho (Sorghum vulgare), le mil chandelle (Pennisetum typhoides) et l’éleusine (Eleusine coracana) : les millets nourrissent un quart de la population, la fraction la plus pauvre. Parmi les cultures commerciales, les plus importantes sont la canne à sucre, l’arachide, le coton, le piment. Les Nīlgiri ont des plantations de café, de thé et d’eucalyptus. Le cheptel compte environ 10 millions de bœufs et vaches, 2 millions de buffles et bufflesses, 7 millions de moutons, 3,7 millions de chèvres, 0,5 million de porcs.

L’industrie comprend une grande masse d’artisanats d’implantation villageoise ou urbaine, notamment la fabrication de khādi (cotonnade blanche) et de madras (cotonnade imprimée), la soierie de Kānchīpuram, la fabrication des « bidi » (petites cigarettes), les huileries et sucreries de campagne, la poterie, le travail des métaux. L’industrie moderne a pu se développer dans plusieurs villes grâce à l’énergie hydro-électrique fournie par divers barrages, principalement ceux de Mettūr, sur la Kāviri, et de Kunda, dans les Nīlgiri, auxquels l’exploitation des lignites de Neyveli a permis d’adjoindre une importante centrale thermique. Les richesses minérales comprennent les minerais de fer de Salem (300 Mt de réserves à teneur de 36 p. 100), la bauxite des monts Shevaroy (6,7 Mt de réserves), les dépôts de magnésite de Salem (les plus importants de l’Inde : 82 Mt), l’exploitation de marais salants. La principale industrie est celle des filatures et tissages de coton (Coimbatore, Madras, Madurai, Salem, Tirunelveli). La tannerie (principalement cuir demi-tanné) est concentrée dans la banlieue de Madras et les petites villes voisines. Des industries chimiques (allumettes) et métallurgiques (wagons, bicyclettes, automobiles, camions) sont groupées surtout à Madras et à proximité. Les industries alimentaires sont très dispersées (sucreries, huileries, décorticage du riz, factoreries de café et de thé). Le Tamilnād constitue ainsi une région industrielle qui est, en y adjoignant celle du Mysore, la troisième de l’Inde, mais dont les implantations sont beaucoup plus dispersées que dans les régions de Calcutta et de Bombay.

J. D.

➙ Madras.