Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tabac (suite)

Techniques culturales

Le tabac est sensible à l’excès d’eau, qui asphyxie la racine (où est synthétisée la nicotine) ; le drainage de la terre doit être correct, et la structure donnée par l’interaction travail du sol-climat assez perméable. C’est pourquoi les engrais verts sont utiles avant plantation, en particulier sur les sols à structure instable (battants).

Le semis se fait dès que la température atteint 12 °C environ, en pépinière et à une densité de l’ordre de 1 000 à 2 000 graines au mètre carré. Pour gagner du temps, les pépinières sont parfois installées sur couche. Le repiquage se réalise quand les plantes ont six feuilles environ (soit de 4 à 10 semaines selon le mode de culture). Il est nécessaire de stériliser les couches si la pépinière est toujours faite au même endroit.

Le repiquage est fait à une densité de 30 000 à 40 000 pieds à l’hectare. Une forte densité entraîne une meilleure qualité des feuilles (plus minces et plus grandes), mais une teneur en nicotine plus faible.

Ultérieurement, les techniques spécifiques du tabac concernent la suppression de certains organes. Les feuilles de base, sans valeur, sont supprimées. On pince le bouton floral pour avoir une meilleure teneur en nicotine et une plus grande homogénéité de la dimension des feuilles. Le nombre de feuilles conservées est décidé en fonction du type de tabac recherché. Après cet écimage, la dominance sur les bourgeons axillaires est levée ; aussi l’ébourgeonnement est-il nécessaire. Cette opération est faite manuellement ou chimiquement ; mais ce dernier traitement peut modifier les qualités. Les parasites sont multiples ; le plus grave actuellement est le mildiou (Peronospora tabacina). Les viroses sont bien connues ; la fertilisation azotée est favorable au rendement et à la teneur en nicotine ; mais un excès d’azote gêne la maturité et favorise la reprise des bourgeons axillaires après écimage. La fertilisation potassique doit se faire en limitant les apports de chlore, qui nuit à la combustibilité : les doses courantes sont de 60 à 100 kg d’azote, de 10 à 50 kg d’acide phosphorique et de 80 à 120 kg de potasse.


Récolte

La date est choisie par rapport à la couleur des feuilles ainsi qu’à une odeur spécifique. La récolte se fait feuille à feuille, ce qui accroît le renment mais est coûteux ; la qualité est souvent bien meilleure, car on peut regrouper les feuilles de même maturité. Si l’on procède tige par tige, le travail est simplifié.


Conservation

Il faut d’abord qu’il y ait séchage ; il y a jaunissement, en atmosphère assez sèche, puis brunissement. La dessiccation rapide laisse des feuilles jaunes (Virginie) ; lorsqu’elle est lente, elle donne des feuilles noires. La « dépente » se fait quand l’humidité est de 20 à 30 p. 100. Ensuite, les feuilles sont mises en masse pour la fermentation, qui va homogénéiser la couleur. Toutes ces opérations impliquent un contrôle assez précis pour conduire le séchage sans dessiccation excessive, ni moisissure. Enfin, on trie et l’on met en manoques (25 feuilles), pressées en balles de 200 et livrées.

A. F.


Fabrication


Produits à fumer

Il s’agit des tabacs pour pipes, des cigarettes, des cigarillos et des cigares. Séchés et fermentes après récolte, les tabacs parviennent aux manufactures en balles sous toiles ou autres enveloppes souples, en caisses ou en boucauts en bois. Ils se présentent en feuilles entières groupées en bouquets (manoques) ou en fragments de parenchyme obtenus par un battage qui élimine les côtes, livrées à part pour emploi après laminage. Cet apprêt avant livraison, de création assez récente, tend à se généraliser dans de nombreux pays producteurs pour des motifs techniques ou fiscaux. Mais, dans tous les cas, la bonne conservation de la matière première avant mise en œuvre exige un taux d’humidité nettement inférieur à celui qui donne la souplesse requise pour les manipulations initiales en usine, dites « préparations générales ».

Il y a donc dans tout début de fabrication une humidification, faite jadis à l’eau tiède par immersion ou aspersion et maintenant par cheminement dans des tunnels où de la vapeur est envoyée à travers les lits de feuilles, ou, mieux encore, pour les tabacs demandant une forte prise d’eau, par des alternances de jets de vapeur et d’aspersions d’eau. C’est très mouillées que les côtes doivent être laminées et que les côtes laminées et les parenchymes peuvent être hachés en lanières de la largeur désirée, fine pour les cigarettes et les scaferlatis à rouler à la main en cigarettes, plus épaisse pour les scaferlatis destinés à la pipe ou aux intérieurs des cigares et pour les tabacs à transformer en poudre à priser. Il n’y a pas de hachage pour les feuilles à filer en cordes au moyen de rouets pour être chiquées, mais seulement un écôtage pour supprimer la côte entre les deux demi-feuilles. Le hachage, qui se faisait autrefois sur des mélanges de feuilles froides, a lieu maintenant sur des tabacs encore tièdes à la sortie du dernier humidificateur à vapeur. Le tabac est ainsi suffisamment souple, avec un taux d’humidité plus faible, ce qui rend plus simple et plus économique sa dessiccation partielle, étant amené au taux voulu tout à la fois pour sa bonne conservation et pour l’utilisation sur les machines à paqueter les scaferlatis et à confectionner les cigarettes. Il en est de même pour les intérieurs hachés des cigares, que les machines vont envelopper de grands fragments de feuilles constituant leurs sous-capes et leurs capes (ou robes).

• Cas particulier des scaferlatis. Ceux-ci se font en diverses variétés. En France, celles-ci étaient jadis de compositions très voisines de celles des différentes sortes de cigarettes. C’est encore vrai pour le Caporal normal (naguère baptisé ordinaire) et le Jean-Bart, mélange blond de goût américain. Il y a également analogie avec le Caporal pour le Saint-Claude, le Bergerac, le Caporal export, le Caporal coupe fine, le Caporal pour pipe et le Caporal doux, en tabacs bruns. Au Caporal supérieur avaient correspondu autrefois des cigarettes actuellement disparues. Cependant, inversement, il n’y a plus de scaferlatis Maryland, alors que se vendent encore dans ce goût des cigarettes Gauloises. Sans qu’il y ait de cigarettes de goût très proche, sont fabriqués les scaferlatis Ranelagh (brun, légèrement aromatisé), Narval Virginie, Narval et Amsterdamer (blond, assez fortement aromatisé). Pour les tabacs bruns, après les « préparations générales », le tabac est torréfié au sortir du hachage. Pour les tabacs blonds, il est séché à plus basse température, après addition des parties non volatiles de la sauce aromatique et, bien entendu, avant celle des substances volatiles. Le paquetage se fait mécaniquement. Sauf pour le Caporal (normal), l’enveloppe est aussi complètement que possible imperméable aux échanges hygroscopiques. Pour les variétés aromatisées, sauf le Jean-Bart, et aussi pour quelques variantes du Caporal, le paquetage de forme traditionnelle est remplacé par des blagues en matière plastique très souple. Le Caporal coupe fine est destiné aux fumeurs roulant eux-mêmes leurs cigarettes, comme l’était le Caporal superfin, actuellement disparu. Le Caporal normal, le Caporal doux, le Caporal supérieur, le Bergerac et le Caporal export ont des largeurs de brins compatibles à la fois avec cette utilisation et le bourrage dans la pipe. Les autres, vu leur coupe forte et, pour certains, leur aromatisation puissante, ne conviennent qu’à la consommation en pipe. Pour cet usage, il est à remarquer qu’il est possible aux fumeurs de procéder eux-mêmes, selon leur goût, à des mélanges de scaferlatis différents.