Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Swinburne (Algernon Charles) (suite)

Il se trouve, cependant, que le « jeune homme démoniaque » — comme le baptise John Ruskin dans sa lettre à C. E. Norton (28 janv. 1866) —, dans la bonne tradition de ses frères sataniques en littérature, se dresse également contre les tyrans en général et la monarchie en particulier. Délaissant le genre qui voit s’épanouir son talent et qui produit ses plus belles fleurs — même si vénéneuses — de musique des mots et de splendeur des images, il s’intéresse à l’Italie. Il s’engage dans les chemins arides de la poésie politique. Après A Song of Italy (1867) viennent Songs before Sunrise (1871), d’où émergent « Hertha », « Genesis » ou « Hymn of Man », poèmes qui font apparaître son antithéisme, sa conception de l’homme, roi de la création, avec sa liberté intrinsèque à la nature.

En 1879, sous l’influence très décriée d’un homme de loi, Walter Theodore Watts-Dunton (1832-1914), Swinburne rentre dans la « respectabilité », l’abstinence et embouche les trompettes de l’orthodoxie impérialiste (The Commonweal, a Song for Unionists, 1886 ; The Jubilee, 1887...). Désormais, la note nostalgique imprègne ses poèmes, tels « A Vision of Spring in Winter » (Poems and Ballads, 1878), « On the Cliff » (Songs of the Springtides, 1880), The Tale of Balen (1896), « To a Seamew » (Poems and Ballads, third series, 1889), tandis qu’il s’adonne de plus en plus à la critique littéraire, dominée par son Study of Shakespeare (1880). Mais, par la brèche ouverte, le vent de la libération de l’art soufflant de France semait les graines de l’esthétisme en Angleterre avant de repartir vers le continent influencer la littérature « fin de siècle ».

D. S.-F.

 R. L. Peters, The Crowns of Apollo : Swinburne’s Principles of Literature and Art (Detroit, 1965). / J. O. Fuller, Swinburne, a Critical Biography (Londres, 1968). / C. K. Hyder (sous la dir. de), Swinburne, the Critical Heritage (Londres, 1970).

Sydney

V. d’Australie, capit. de la Nouvelle-Galles du Sud ; 2 717 000 hab.



Le développement

Sydney est la plus ancienne ville d’Australie : le célèbre capitaine Cook explora toute la côte sud-est en 1770 ; l’Angleterre décida alors d’en prendre possession et d’y installer une colonie pénitentiaire : le premier convoi (the first fleet), comportant 200 marins et 700 forçats (convicts), arriva à Botany Bay le 18 janvier 1788, mais le chef de l’expédition, le capitaine Arthur Phillip (1738-1814), préféra s’établir dans une petite anse qu’il appela Sydney Cove, située à l’intérieur de la profonde baie ramifiée de Port Jackson : le mouillage était excellent, et les ressources en eau potable étaient abondantes. La petite colonie, très éloignée de la mère patrie, eut des débuts difficiles, mais, dès 1793, les premiers colons libres commencèrent à débarquer. Tandis que les pionniers s’enfonçaient vers l’intérieur du pays et multipliaient les troupeaux de moutons introduits dès 1797 par le capitaine John Macarthur, de nouveaux postes étaient créés sur la côte australienne. Certains furent ensuite détachés de Sydney et de la Nouvelle-Galles pour constituer de nouvelles colonies (la terre de Van Diemen, future Tasmanie, 1825 ; Australie-Méridionale, 1834 ; Victoria, 1851 ; Queensland, 1859), mais Sydney conserva un rôle essentiel d’intermédiaire pour les relations avec le reste du monde. La ruée vers l’or à partir de 1850 amena un afflux considérable d’immigrants, mais profita plus encore à Melbourne* qu’à Sydney. La ville continua, cependant, à s’étendre et connut une nouvelle impulsion lorsque la voie ferrée franchit la Cordillère australienne (1868) : le port concentra l’exportation des produits agricoles (blé, laine) d’un vaste territoire. Son dynamisme lui permit de reprendre alors la première place parmi les villes australiennes, devant Melbourne, et, à l’heure actuelle, l’agglomération de Sydney groupe à elle seule près de 60 p. 100 de la population de la Nouvelle-Galles du Sud et plus de 20 p. 100 des habitants de toute l’Australie. Sydney est devenue une grande métropole parce qu’elle a été la première fondation anglaise en Australie et parce que son port est remarquable ; par contre, l’arrière-pays immédiat est assez médiocre au point de vue agricole : la plaine argileuse de Wianamatta n’est pas très étendue et est encadrée de plateaux gréseux peu fertiles.


L’espace urbain

Comme dans toutes les grandes villes australiennes, le centre des affaires (City) s’oppose aux quartiers industriels et résidentiels. La City de Sydney correspond exactement à la ville primitive, créée au fond de la Sydney Cove ; entre le port et le jardin botanique, une série de rues parallèles, assez étroites et aujourd’hui fort embouteillées, regroupent les grands magasins, les bureaux des sociétés, les banques, les cinémas, les théâtres (Pitt Street, Elizabeth Street, George Street). Les bâtiments administratifs sont surtout nombreux de part et d’autre de Macquarie Street et en bordure du jardin botanique. De l’autre côté, entre York Street et les installations portuaires (Darling Harbour), les entrepôts se multiplient et les encombrements de camions succèdent à ceux des voitures. Dans tout ce Central Business District, les gratte-ciel se sont multipliés au cours des dernières années. Le Skywalk a 200 m de haut. Toutes les activités tertiaires de Sydney ne peuvent être concentrées dans la seule City ; c’est le cas, par exemple, des trois universités, University of Sydney, University of New South Wales, Macquarie University, installées dans la périphérie.

Les quartiers de résidence sont extrêmement étalés. À proximité de la City, l’habitat est assez dense : ainsi à Kingscross, à Newtown, à Redfern, etc. ; fréquemment, des groupes de maisons mitoyennes assez médiocres alternent avec des établissements industriels ; les immigrants récents (new Australians) sont nombreux dans ces secteurs, où la rénovation urbaine se marque par l’apparition d’immeubles à appartements. Au-delà commence l’immense banlieue résidentielle, constituée essentiellement de petites maisons individuelles avec jardins. Vers l’est, l’agglomération de Sydney s’étend jusqu’à la côte avec les belles maisons de Darling Point ou de Double Bay et la plage animée de Bondi. Vers le sud, les quartiers résidentiels vont jusqu’à Botany Bay, au moins dans les secteurs non marécageux (Mascot, Ramsgate). Mais c’est vers le sud-ouest et l’ouest que les petites maisons ont couvert d’énormes territoires, les voies ferrées et, plus récemment, les axes routiers ayant permis à la banlieue de s’étendre jusqu’à plus de 30 km du centre. C’est d’abord Enfield, Croydon, Strathfield, Bankstown, puis Merrylands, Cabramatta, Seven Hills, Blacktown. Le vieux noyau urbain de Parramatta, à 23 km de la City, est aujourd’hui encerclé par la banlieue.