steppe (suite)
La faune
Comme les plantes, les animaux vivant dans les steppes sont adaptés aux conditions rigoureuses du biotope (climat alternativement froid et chaud, avec un déficit hydrique non négligeable et un taux assez faible de ressources alimentaires). Aussi la faune se compose-t-elle de grands herbivores capables d’effectuer des déplacements importants, réglés par la quête quotidienne de la nourriture et de l’eau ainsi que par le rythme annuel des climats : Equus, Gazelle, Antilope, Chameau en Asie et Bison en Amérique. Ils sont accompagnés d’Oiseaux et d’Insectes migrateurs (Grues, Sauterelles) ; ces dernières, en troupes innombrables, peuvent provoquer des destructions considérables du tapis végétal. Un certain nombre d’animaux sont fouisseurs, transformant parfois le sol en véritables éponges peu solides à cause de l’importance des galeries : Rongeurs (Hamster, Gerboise, Lapin, Spermophile...), petits carnivores (Chien de prairie) ; ils ont une vie active la nuit et sont tous cantonnés dans leurs terriers pendant le jour ; quelques-uns entrent en hibernation plus ou moins totale pendant la saison froide. Les Lézards et les Serpents sont aussi très fréquents dans ces formations et, en Afrique, la présence de ces espèces conditionne la vie d’un Oiseau, le Serpentaire, qui se nourrit surtout de Reptiles. Un rôle important est imparti aux Insectes, en particulier aux Fourmis, aux Abeilles, aux Guêpes, qui creusent de nombreuses galeries et jouent ainsi un rôle dans la structure des sols.
Quelques grandes steppes
Les steppes de la région aralo-caspienne sont très riches en espèces végétales, souvent endémiques : surtout des Graminacées, des Chénopodiacées, des Légumineuses, des Polygonacées et des Composées. Il en est de même pour la faune, qui est extrêmement particulière. Au fur et à mesure que l’on va vers l’ouest, on rencontre des colonies isolées de plus en plus réduites et floristiquement pauvres ; cette fragmentation aurait une origine paléoclimatique (glaciations).
En Amérique du Nord, les steppes couvrent de très grandes surfaces et constituent la « grande prairie », avec des Agropyrum et des Stipa (communs à l’Ancien Monde), mais aussi avec des espèces endémiques et des genres spéciaux (Bouteloua). Elles possèdent des conditions climatiques très variées, la pluviosité, très réduite, pouvant être répartie seulement pendant quelques mois et les températures étant très froides dans le Nord (Manitoba), à la frontière canadienne, et chaudes dans le Sud (18 °C de moyenne annuelle vers le Texas). Ainsi le couvert végétal n’est-il pas uniforme sur toute son étendue. On pense que ces steppes se sont établies dans ces régions à la faveur de l’époque xérothermique postglaciaire et qu’elles s’y sont maintenues par suite des pratiques agricoles et des feux. Dans les montagnes Rocheuses (Grand Bassin), il existe des formations buissonnantes à Artemisia tridentata (Sagebrush) qui peuvent être assimilées à des steppes à Armoises.
En Amérique du Sud, la pampa argentine serait également une survivance de formations anciennes qui ne subsisteraient que par suite d’une exploitation intensive ; en Patagonie, les steppes subissent un climat froid et humide, et possèdent d’importants peuplements d’épineux tels que Berberis et Lycium...
Les steppes ont été exploitées assez tardivement par l’Homme ; elles lui ont fourni parfois d’excellentes terres pour des cultures (Blé, Maïs), mais le plus souvent des étendues pour un pâturage extensif semi-nomade, exigeant d’immenses surfaces, que les paysans sédentaires n’ont cessé de contester et de rogner à leur profit. Le surpâturage et la culture intensive trop répétés produisent aujourd’hui un déséquilibre profond dans le peuplement, certaines espèces naturelles disparaissant, d’autres, au contraire, pullulant ; l’abandon, lui, conduit bien souvent à une désertification irréversible.
J.-M. T. et F. T.
➙ Végétation.
D. N. Kachkarov et E. P. Korovine, la Vie dans les déserts (trad. du russe, Payot, 1942).