Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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stéarinerie (suite)

Le procédé mis au point dans le laboratoire de l’Institut des corps gras préconise l’emploi de dichloréthane symétrique, solvant ininflammable, facile à récupérer, mais qui exige un séjour prolongé du mélange acides gras-solvant dans la chambre froide. Son avantage essentiel est de fournir la phase cristalline sous la forme de fines aiguilles aisées à filtrer, alors que la structure feuilletée, plus commune, est beaucoup plus délicate à séparer. La matière première, mise sous la forme de copeaux granulés, est placée dans une tour, où elle subit une aspersion avec le solvant choisi : acétone, alcool à 95°, hexane technique, mais de préférence dichloréthane symétrique.

• Autres méthodes originales. Un brevet relativement récent utilise une solution aqueuse d’un composé tensio-actif, comme le lauryl-sulfate de sodium, qui a pour effet de décoller les films liquides des particules concrètes qui leur servent de support.

Une autre méthode consiste à provoquer la formation de complexes qui associent urée et acides gras. Lorsque ceux-ci sont saturés et en chaîne droite, le dépôt cristallin, qui se forme immédiatement, est facile à recueillir et à dissocier ; il suffit de disposer de petites quantités d’acide chlorhydrique. Ce procédé s’applique aux acides gras eux-mêmes, mais, de préférence, à leurs esters méthyliques ; il se recommande par la rapidité et la facilité de son exécution, qui permet d’opérer à une température voisine de celle du point de fusion du mélange initial.

Ces méthodes de fractionnement correspondent à la production de matières premières industrielles, sans parvenir à fournir des composés assez purs pour constituer des témoins susceptibles d’être utilisés dans les techniques analytiques modernes, comme les différentes applications de la chromatographie. Mais il faut admettre la grande utilité de ces premières approches, qui, ensuite, facilitent considérablement l’obtention de produits purs.


Purification du glycérol

Jusqu’en 1948, année où la synthèse chimique du glycérol a enfin été réalisée, la savonnerie et la stéarinerie ont été les seules sources d’approvisionnement tant de l’industrie pharmaceutique que des manufactures consacrées à la production des explosifs. L’extraction du glycérol des solutions plus ou moins concentrées qui le contiennent est, en principe, une opération classique, puisqu’une simple distillation, de préférence sous pression réduite, permet d’éliminer l’eau, puis d’obtenir un glycérol dont la densité reste comprise entre des limites assez étroites et dont la teneur en eau ne doit pas dépasser 3 p. 100 (au moins lorsqu’il s’agit d’emploi thérapeutique, le glycérol figurant comme solvant dans de nombreuses formules). Les impuretés sont retenues dans la chambre de l’appareil distillatoire et constituent le résidu de l’opération.


Usages de matières premières issues de la stéarinerie

• Glycérol. La glycérine est inscrite dans les pharmacopées qui l’utilisent comme excipient en cosmétologie et pour la fabrication de savons spéciaux. Son emploi a pris dans l’industrie une ampleur importante qui, partant de la fabrication des explosifs, s’étend jusqu’à la production de résines* synthétiques, de peintures* glycérophtaliques et de revêtements cellulosiques, qui, en 1954, absorbait déjà le tiers de la production de glycérol. Cette évolution s’explique par l’emploi de ces produits dans la composition de tous les revêtements utilisés dans la construction automobile, dans celle des wagons de chemin de fer, des réfrigérateurs, de tout l’outillage ménager, du mobilier, etc.

• Acides gras. Les acides gras, eux aussi, ont pris place dans l’industrie à côté de leurs utilisations traditionnelles : savonnerie et fabrication des bougies. Si l’éclairage à la bougie est devenu une fantaisie à la mode et si le savon a tendance à céder le pas aux détersifs de synthèse, il n’existe pour la stéarinerie aucun risque de récession, bien au contraire. La fabrication des détergents* absorbe obligatoirement les acides gras et les alcools aliphatiques auxquels ils peuvent donner naissance, les uns et les autres constituant, à l’heure actuelle, la seule matière première capable de fournir les produits biodégradables conformes à la réglementation.

De plus, les acides gras peuvent subir diverses transformations qui autorisent leur emploi dans des domaines variés : lubrification en filature et en métallurgie, protection contre la corrosion, fabrication de peintures, de pigments, de vernis, de caoutchouc, flottation des minerais, additifs pour la construction routière en qualité de dopes d’adhésivité ou comme émulsifiants pour les liants de revêtements. D’autre part, après dimérisation, ils peuvent participer à l’élaboration de mousses de polyuréthanes. Enfin, l’alimentation présente un important débouché. Parmi les divers esters préparés, les monoglycérides sont particulièrement recherchés comme agents émulsifs et stabilisateurs d’émulsions, en particulier pour la fabrication et la conservation des margarines* et des shortenings. Ils sont également utilisés en boulangerie, en pâtisserie et en chocolaterie.

M.-Th. F.

➙ Glycérol ou glycérine / Savon.

 W. W. Klenke, Candelmaking (Peoria, Illinois, 1946). / E. S. Pattison, Industrial Fatty Acids and Their Application (New York, 1959).

Stégocéphales

Amphibiens fossiles du Primaire et du Trias, à crâne particulièrement bien ossifié, formant en quelque sorte un toit osseux sur la tête.


Parfois le mot est pris dans un sens plus restreint, celui de Labyrinthodontes (c’est-à-dire d’Amphibiens fossiles à ivoire dentaire plissé en méandres). Les Stégocéphales sont surtout remarquables par leur développement : tandis que les Amphibiens actuels sont presque tous de petites formes (à part la grande Salamandre du Japon), de nombreux Stégocéphales fossiles dépassaient 1 m de longueur ; les Amphibiens apparaissent donc dans la nature actuelle comme un groupe régressé. Le premier Stégocéphale connu a été découvert en 1824 dans le Trias du Wurtemberg : c’est le genre Mastodonsaurus. Mais il fallait attendre le milieu du xixe s. pour que les Stégocéphales fussent interprétés comme étant non pas des Reptiles, mais des Amphibiens. Pour quelle raison les Stégocéphales apparaissent-ils aujourd’hui comme des Amphibiens incontestables ? Les Amphibiens actuels se distinguent des Reptiles par leur dépendance plus étroite à l’égard du milieu aquatique ; leurs embryons et leurs larves se développent (à part quelques rares vivipares) toujours dans l’eau ; au contraire, les Reptiles — même les Reptiles aquatiques telles les Tortues marines — viennent pondre leurs œufs à terre. Mais ce critère ne peut être appliqué aux Stégocéphales, dont nous ne connaissons naturellement pas le mode de développement. Cependant, il existe sur la tête des Stégocéphales des sillons sensoriels correspondant par leur position aux canaux du système de la ligne latérale des Poissons ; de tels sillons ne peuvent exister que dans des formes aquatiques, et les Stégocéphales sont donc des Amphibiens ; cependant, tous les Stégocéphales ne présentent pas de tels sillons, mais les formes dépourvues de sillons ont une anatomie absolument identique à celle des Stégocéphales à sillons, si bien que l’on ne peut les séparer zoologiquement de ces derniers.