Sculpteur français d’origine italo-allemande (Constance 1911).
Jusqu’à vingt ans, il habite Winterthur et Zurich, apprenant le métier de typographe et suivant les cours de la Kunstgewerbeschule. En 1931, il vient à Paris, où il est l’élève de Charles Malfray, et, à l’académie Ranson, rencontre Maillol* et se lie d’amitié avec Étienne-Martin*. Engagé en 1940, naturalisé français, il vit ensuite en province, notamment à Oppède, auprès de l’architecte Bernard Zehrfuss. Il expose au Salon de mai à partir de 1946. En 1949, il s’installe à Meudon, où il construit sa maison et son atelier.
Pierre, bronze, aluminium, acier inoxydable, béton... Stahly a utilisé des matériaux très divers, mais celui avec lequel il a montré le plus d’affinité est le bois, surtout dans ses œuvres anciennes, dont l’inspiration reste proche de certaines formes biologiques. Stahly est l’un des représentants les plus significatifs du courant non figuratif en sculpture, qui s’est développé en France parallèlement aux recherches des peintres. Mais, tandis qu’Antoine Poncet (né en 1928) reste plus proche des « Concrétions humaines » d’Arp*, qu’Agustín Cárdenas (né en 1927) et Alicia Penalba (née en 1918) s’inspirent plutôt des germinations et des croissances végétales, lui, sans négliger complètement ce type d’évocation (Vénus, 1958-1966 ; Arbre mère, 1961-62), s’est plus souvent laissé guider par les formes de la racine, proche en cela de son ami Étienne-Martin (Serpent de feu, 1953 ; Fête, 1959-60 ; Combat d’oiseaux, 1960 ; bois, tous trois tirés en bronze). Autre référence importante : le lieu sacré (du type, par exemple, de Stonehenge) ; l’espace est scandé par des formes verticales, à la fois structurées et mystérieuses, évoquant des totems ou des sanctuaires sans icônes : la Forêt de Tacoma (1961-1966), l’Été de la forêt (1964-1966), Palo Alto (1965), la Pyramide (1965-66).
À ces sculptures, Stahly n’assigne que rarement un environnement naturel (Grande Fleur, à Aspen, Colorado, 1961). Il a, au contraire, le souci de les intégrer dans l’espace urbain, de les faire jouer en opposition avec les lignes orthogonales du verre et du béton. En 1958, il crée un atelier collectif à Meudon, centre d’échange et de collaboration fécond. Plutôt que de cultiver dans le secret d’un atelier les raffinements d’une sensibilité, il a choisi l’ouverture vers la collectivité, et donc la collaboration avec les architectes. Il a voulu, dans des zones névralgiques de la cité, apporter une humanisation, réserver leur place à des préoccupations qui ne soient pas uniquement financières ou fonctionnelles. Le portique (maison de la Radio, Paris, 1962-63), la colonne (Dallas, 1965-1967), le signal (autoroute du Sud, à la sortie de Paris, 1955-1960 ; centre commercial de Hayward, près de San Francisco, 1962-63) et surtout la fontaine (Seattle et Los Angeles, 1962 ; Saint-Gall, 1962-63 ; San Francisco, 1962-65 ; le Point du Jour, à Boulogne, 1964-65 ; parc floral de Vincennes, 1964-65) sont des structures monumentales qui permettent au sculpteur d’utiliser son vocabulaire propre dans le cadre des schémas traditionnels. Il peut en résulter, comme pour la cheminée du chauffage urbain du front de Seine, à Paris, un effacement très marqué des moyens d’expression personnelle ou, au contraire, leur affirmation accrue, comme c’est le cas pour les « labyrinthes », réalisations qui synthétisent toutes les préoccupations de Stahly dans les domaines de la forme, de l’espace, de l’édification d’un lieu privilégié. Celui de Paris (nouvelle faculté des sciences de la Halle aux Vins, 1965-66) est malheureusement trop encaissé dans le cadre architectural. Celui d’Albany (parc du Capitole de l’État de New York, 1969-1971) est l’œuvre la plus vaste que l’artiste ait réalisée (100 × 50 m) ; avec ses blocs équarris servant de points forts, ses portiques, ses sculptures-bancs, il s’y précise une orientation, déjà amorcée dans les années précédentes, vers des formes plus compactes, disposées selon une ordonnance stricte, mais aérée.
Il faut signaler également une série de tentures murales réalisées par Stahly, à partir de 1964, en collaboration avec sa femme Claude, transpositions dans les deux dimensions de certains éléments des portiques et de la Forêt de Tacoma.
M. E.
François Stahly, catalogue de l’exposition du musée des Arts décoratifs, Paris (Union centrale des arts décoratifs, 1966). / P. Descargues et F. Stahly, François Stahly (la Connaissance, Bruxelles, 1974).