Song (époque) (suite)
Tout autre est l’art officiel et académique que patronne la cour de Kaifeng (K’ai-fong). Il est dominé par Li Longmian (Li Long-mien, v. 1040-1106), peintre archaïsant, fidèle au cerne. À l’exemple de l’empereur Huizong (Houei-tsong, 1101-1125), esthète, collectionneur et lui-même peintre de talent, cette école se signale par des peintures d’oiseaux et de fleurs, précises et délicatement colorées. Après le transfert de la cour à Hangzhou (Hang-tcheou) en 1127, cette tendance renaît avec Li Di (Li Ti). Le monochrome revit dans un esprit romantique : Ma Yuan* (v. 1190-1225) réduit les paysages à quelques éléments axés en diagonale, Xia Gui (Hia Kouei*) ponctue les siens de traits nerveux et hachés. Loin de la cour, les moines Muqi (Mou-k’i) et Liang Kai (Leang K’ai), adeptes du chan (tch’an*, zen en japonais), peignent des personnages et des animaux dans un style elliptique et intuitif.
L’époque Song est aussi l’âge d’or de la céramique, art sobre et raffiné caractérisé par des formes harmonieuses, des couvertes monochromes onctueuses et subtiles. Parmi une production abondante et très variée, signalons, sous les Song du Nord, les ding (ting) translucides, aux tons ivoirins, finement gravés ; les rares ru (jou), d’un bleu-gris délicat ; les jun (kiun) bleus, tachés de pourpre ; les céladons du Nord vert olive, où jouent les ombres d’un décor incisé ; les robustes ci (ts’eu) aux décors peints, gravés ou champlevés, auxquels on rattache les noirs du Henan (Ho-nan). Sous les Song du Sud, les précieux guan (kouan) officiels, à la couverte savamment craquelée ; les céladons de Longquan (Long-ts’iuan), d’un vert bleuté profond ; les bols à thé temmoku, noirs à reflets métalliques, du Fujian (Foukien) ; les qingbai (ts’ing-pai), fines porcelaines délicatement bleutées du Jiangxi (Kiang-si). Un commerce maritime actif répand la porcelaine dans toute l’Asie du Sud-Est ainsi qu’au Japon, où elle exercera une influence considérable.
Les autres formes d’art, mis à part un renouveau dans les techniques des laques et des soieries, offrent moins d’originalité. L’architecture se signale par un recours accru à l’ornement et à la couleur, un goût de la verticalité, le début de l’incurvation des toits ; la sculpture, par des recherches d’effets quasi picturaux : dans ses guanyin (kouan-yin) en bois peint, l’accent est mis sur la grâce alanguie des attitudes et sur la souplesse des draperies où joue la lumière. La passion de l’archéologie, suscitée par les fouilles entreprises par Huizong (Houei-tsong) à Anyang (Ngan-yang), a cantonné les arts du bronze et du jade dans des imitations, souvent mal comprises, de pièces archaïques.
D. L.-G.
➙ Chine.
B. Gray, Early Chinese Pottery and Porcelain (Londres, 1953). / D. Lion-Goldschmidt, les Poteries et porcelaines chinoises (P. U. F., 1957). / P. C. Swann, la Peinture chinoise (trad. de l’angl., Tisné, 1958). / J. F. Cahill, la Peinture chinoise (trad. de l’angl., Skira, Genève, 1960). / M. David et D. Lion-Goldschmidt, Arts asiatiques, t. III : Céramique chinoise (Éd. des Musées nationaux, 1963).