Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Song (époque) (suite)

Tout autre est l’art officiel et académique que patronne la cour de Kaifeng (K’ai-fong). Il est dominé par Li Longmian (Li Long-mien, v. 1040-1106), peintre archaïsant, fidèle au cerne. À l’exemple de l’empereur Huizong (Houei-tsong, 1101-1125), esthète, collectionneur et lui-même peintre de talent, cette école se signale par des peintures d’oiseaux et de fleurs, précises et délicatement colorées. Après le transfert de la cour à Hangzhou (Hang-tcheou) en 1127, cette tendance renaît avec Li Di (Li Ti). Le monochrome revit dans un esprit romantique : Ma Yuan* (v. 1190-1225) réduit les paysages à quelques éléments axés en diagonale, Xia Gui (Hia Kouei*) ponctue les siens de traits nerveux et hachés. Loin de la cour, les moines Muqi (Mou-k’i) et Liang Kai (Leang K’ai), adeptes du chan (tch’an*, zen en japonais), peignent des personnages et des animaux dans un style elliptique et intuitif.

L’époque Song est aussi l’âge d’or de la céramique, art sobre et raffiné caractérisé par des formes harmonieuses, des couvertes monochromes onctueuses et subtiles. Parmi une production abondante et très variée, signalons, sous les Song du Nord, les ding (ting) translucides, aux tons ivoirins, finement gravés ; les rares ru (jou), d’un bleu-gris délicat ; les jun (kiun) bleus, tachés de pourpre ; les céladons du Nord vert olive, où jouent les ombres d’un décor incisé ; les robustes ci (ts’eu) aux décors peints, gravés ou champlevés, auxquels on rattache les noirs du Henan (Ho-nan). Sous les Song du Sud, les précieux guan (kouan) officiels, à la couverte savamment craquelée ; les céladons de Longquan (Long-ts’iuan), d’un vert bleuté profond ; les bols à thé temmoku, noirs à reflets métalliques, du Fujian (Foukien) ; les qingbai (ts’ing-pai), fines porcelaines délicatement bleutées du Jiangxi (Kiang-si). Un commerce maritime actif répand la porcelaine dans toute l’Asie du Sud-Est ainsi qu’au Japon, où elle exercera une influence considérable.

Les autres formes d’art, mis à part un renouveau dans les techniques des laques et des soieries, offrent moins d’originalité. L’architecture se signale par un recours accru à l’ornement et à la couleur, un goût de la verticalité, le début de l’incurvation des toits ; la sculpture, par des recherches d’effets quasi picturaux : dans ses guanyin (kouan-yin) en bois peint, l’accent est mis sur la grâce alanguie des attitudes et sur la souplesse des draperies où joue la lumière. La passion de l’archéologie, suscitée par les fouilles entreprises par Huizong (Houei-tsong) à Anyang (Ngan-yang), a cantonné les arts du bronze et du jade dans des imitations, souvent mal comprises, de pièces archaïques.

D. L.-G.

➙ Chine.

 B. Gray, Early Chinese Pottery and Porcelain (Londres, 1953). / D. Lion-Goldschmidt, les Poteries et porcelaines chinoises (P. U. F., 1957). / P. C. Swann, la Peinture chinoise (trad. de l’angl., Tisné, 1958). / J. F. Cahill, la Peinture chinoise (trad. de l’angl., Skira, Genève, 1960). / M. David et D. Lion-Goldschmidt, Arts asiatiques, t. III : Céramique chinoise (Éd. des Musées nationaux, 1963).

Songhaïs ou Songhays

Ethnie du Niger qui occupe un pays plat correspondant au nord de la boucle du Niger, sous climat sahélien.



La vie des Songhaïs

Les sols sont peu favorables aux cultures (latérisation). Les bonnes terres sont limitées à la vallée du Niger. Les Songhaïs représentent environ 650 000 personnes. L’emploi ancien du songhaï par les pêcheurs et les bateliers du Niger en a fait une langue très diffusée.

La majorité des Songhaïs sont agriculteurs. Le mil est la culture principale ; s’y ajoutent le riz, des cultures d’appoint (blé, maïs, manioc, niébé, arachide) et le coton le long du fleuve. Autour des cases, certaines cultures (gombo, piment, oignons, tabac) se font dans des jardins. Les travaux agricoles s’effectuent collectivement. Parfois, les Songhaïs élèvent des ovins et des caprins, mais leur spécialité est l’élevage des chevaux. Le cheval est réservé aux personnages importants.

Les Sorkos, sous-groupe des Songhaïs, chassent les hippopotames et pêchent. Le poisson séché et fumé est échangé sur place contre du mil ou revendu jusqu’en Nigeria. Seuls les Gows, autre sous-groupe des Songhaïs, pratiquent la chasse. Les travaux artisanaux sont associés au système des castes. Les forgerons (qui fabriquent des outils agricoles et des bijoux), les menuisiers (qui fabriquent les pirogues), les travailleurs du cuir (sandales, bottes), du coton (teinturiers spécialistes) subsistent toujours. Les femmes réalisent des poteries à usage domestique.

Autrefois, le pays des Songhaïs était riche ; aujourd’hui, l’absence des ressources du sous-sol, l’insuffisance des sols, qui ne peuvent nourrir la population, obligent les Songhaïs à émigrer vers le Ghāna.

La société des Songhaïs ne présente pas une division par clans, mais par grandes familles : les dumi ; la grande famille regroupe les descendants de l’ancêtre commun qui fut son héros fondateur. Elle est endogame de préférence. Cependant, s’il y a alliance entre deux grandes familles, les descendants sont officiellement rattachés au groupe paternel et officieusement au groupe maternel.

On observe les règles de l’islām au mariage, et la polygamie est un signe de richesse.

L’ensemble de la société des Songhaïs est composé des esclaves (anciens prisonniers de guerre, main-d’œuvre agricole), des captifs (descendants des esclaves), des artisans castés, des griots, des hommes libres (la masse des cultivateurs) et des chefs (les nobles : meyga). Ces derniers servent d’intermédiaires entre l’administration et le peuple. La terre est propriété indivise et collective.

Les Songhaïs sont apparemment islamisés, mais ils pratiquent des cultes particuliers à certaines divinités pour les affaires de ce monde. Le culte des ancêtres et surtout celui des holey (génies) ainsi que les danses de possession sont très répandus. Les tenants de l’islām et du culte des ancêtres s’adonnent occasionnellement à la magie (fabrication de charmes), qui remporte des succès au-delà du pays des Songhaïs.

J. C.