Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sole (suite)

La Sole (Solea vulgaris), comme toutes les espèces de la famille des Soléidés, est dite « dextre » ; cela signifie qu’elle est couchée sur son flanc gauche, aveugle et dépigmenté, tandis que le flanc droit présente les deux yeux. La bouche est dissymétrique ; la pectorale gauche est plus petite que la droite et peut manquer dans certains genres. La dorsale et l’anale, très longues et uniquement formées de rayons mous, bordent le contour ovalaire du corps, du dessus de la tête à la caudale dorsalement et de l’anus (très antérieur) à la caudale ventralement. Ce sont les ondulations de ces deux nageoires qui permettent à la Sole de nager au-dessus des fonds sableux, où elle vit. Elle est sédentaire et prédatrice ; elle se nourrit de proies cachées dans le sable. L’homochromie de la face zénithale est remarquable, et de nombreux Poissons plats peuvent adapter leur coloration à celle du fond. Au moment de la reproduction, les Soles gagnent les eaux plus profondes du plateau continental et pondent un grand nombre d’œufs flottants, qui libèrent à l’éclosion des larves pélagiques et symétriques, microphages ; ces dernières s’enfoncent vers le plateau continental au moment de la métamorphose (ou « verse »), dont le fait le plus spectaculaire est la migration de l’œil gauche vers le flanc droit. La croissance de la Sole est très rapide.


Espèces voisines

Comme la Sole, tous les Pleuronectiformes sont couchés sur un flanc droit ou gauche suivant les familles et même parfois suivant les individus de la même espèce. Il semble que les Poissons plats proviennent de Téléostéens Perciformes. Tous sont benthiques et prédateurs, et la plupart sont sédentaires, mais on trouve des espèces migratrices, et l’une d’elles, le Flet (Platichthys flesus), remonte les rivières pour se nourrir.

On divise les Pleuronectiformes en trois sous-ordres et en cinq familles principales. Les Psettodoïdes sont les plus primitifs, et leurs nageoires ont encore des rayons épineux. Ce sous-ordre comprend une seule famille (Psettodides) et un seul genre (Psettodes) dont les individus des trois espèces connues se couchent indifféremment sur le flanc gauche ou sur le flanc droit.

Les Pleuronectoïdes ont des côtes ; les pectorales de l’adulte sont celles de la larve. On distingue deux familles dans ce sous-ordre. Les Bothidés, ou Turbots, sont sénestres ; leur bouche est symétrique, et leur corps souvent très large. Citons sur nos côtes le Turbot (Psetta maximus), mangeur de coquillages et de Crustacés, la Barbue (Scophthalmus rhombus) et la fausse Limande (Arnoglossus laterna). Les Pleuronectidés, ou Plies, sont dextres ; leur bouche est dissymétrique, et leur corps plus allongé que celui des Bothidés. Citons sur nos côtes le Carrelet (Pleuronectes platessa), la Limande (Limanda limanda), le Flet, aux migrations amphibiotiques, et le Flétan (Hippoglossus hippoglossus). Ce dernier, avec ses 4 m et ses 300 kg, est le géant des Poissons plats ; sa ponte a lieu en profondeur, au large des côtes d’Écosse, de Norvège ou du Groënland ; sa croissance, lente, donne des géniteurs sexuellement mûrs vers douze ans ; sa longévité est d’une quarantaine d’années. Les Flétans effectuent de longues migrations et sont activement péchés, notamment pour l’huile de leur foie, très riche en vitamines.

Les Soléoïdes n’ont pas de côtes, et leurs pectorales sont des néo-formations qui apparaissent au moment de la métamorphose. Ce sont des Poissons de faible taille. On y distingue les Soléidés, dextres, et les Cynoglossidés, sénestres. Citons au voisinage de la Sole le Séteau (Dicologoglossa cuneata) et parmi les Cynoglossidés l’espèce commune sur nos côtes, surtout en Méditerranée, Symphurus lacteus. Signalons qu’on vend en France sous le nom de Sole bien des Poissons plats qui n’appartiennent ni au genre Solea ni même à la famille des Soléidés.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons », dans Traité de zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).

Soleil

Étoile de la Voie lactée, autour de laquelle gravite un cortège d’astres, dont l’un d’eux, la Terre, occupe une position privilégiée permettant la vie.


Pour les astronomes, le Soleil est une étoile naine de la série principale de type spectral G2V. C’est la seule étoile assez proche de la Terre pour qu’on puisse étudier de façon détaillée sa surface, ses enveloppes successives et les phénomènes qui s’y déroulent. On peut ainsi y vérifier les théories relatives aux atmosphères stellaires, où l’observation directe est encore impossible. Le Soleil se présente comme un véritable laboratoire, et on lui doit notamment la découverte de l’hélium, des tests de relativité générale, des progrès en spectroscopie, etc.

Un spécialiste de l’étude du Soleil

Henri Deslandres

Astronome français (Paris 1853 - id. 1948). Sorti de l’École polytechnique en 1875 et entré au corps d’état-major, il donne sa démission en 1881, poussé par une vocation irrésistible vers l’astronomie. Astronome adjoint à l’observatoire de Paris (1889), il est chargé d’y organiser un service de spectroscopie. En 1891, il étudie, en même temps que Hale aux États-Unis, les deux raies H et K du calcium ionisé (Ca+) à la limite de l’ultraviolet dans la chromosphère solaire. Il cherche alors à obtenir des photographies rigoureusement monochromatiques des protubérances de la chromosphère, ce qui avait été vainement tenté jusqu’alors. Il choisit justement les longueurs d’onde relatives à ces radiations particulières, après avoir précisé que ces radiations sont émises par la chromosphère tout entière. Il réalise un appareil auquel il donne le nom de spectrohéliographe, qui permet de photographier régulièrement la chromosphère. Nommé astronome titulaire à l’observatoire de Meudon (1897), dont il assumera la direction de 1908 à 1929, il réussit, malgré de grandes difficultés expérimentales, à obtenir, au moment des éclipses, le spectre ultraviolet de la couronne et à constater ses variations en étendue et en intensité, qui dépendent de l’activité générale solaire. L’un des premiers à supposer un rayonnement électromagnétique de certaines couches du Soleil, il est amené à examiner les conséquences d’un rayonnement cathodique de cet astre, qui expliquerait les particularités de la couronne, des queues cométaires, des aurores boréales et des variations du magnétisme terrestre. Aussi étudie-t-il longuement les taches du Soleil et les phénomènes complexes qui accompagnent leur évolution, en particulier les éruptions solaires, qui se manifestent à l’intérieur de certaines plages faculaires. Il met en évidence leurs relations avec les phénomènes magnétiques terrestres, particulièrement avec les orages magnétiques, les aurores polaires et certaines irrégularités dans la transmission des ondes radiotélégraphiques. Dans un autre ordre d’idées, il réussit à mesurer la vitesse radiale de nombreux astres d’après le principe de Doppler-Fizeau. Pour l’étude de la rotation des planètes, il imagine la méthode de l’inclinaison des raies, qui lui permet de découvrir la rotation d’Uranus et de ses satellites dans le sens rétrograde.

En 1927, il est appelé à la direction de l’observatoire de Paris, qu’il assure jusqu’en 1929, conjointement avec celle de l’observatoire de Meudon.

J. D. et P. T.