Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

soif (suite)

Physiologie

Plusieurs facteurs peuvent déclencher la sensation de soif.


Facteurs humoraux

La soif apparaît normalement lorsque l’organisme se trouve dans un état de déficit hydrique, que ce soit par manque réel de liquide (insuffisance d’apport ou pertes trop abondantes) ou par surcharge osmotique (quantité trop importante d’ions [de sel] dans les liquides de l’organisme et surtout dans les cellules, essentiellement dans les états dits « de déshydratation cellulaire »).


Facteurs locaux

La conception traditionnelle de la soif est celle d’une sensation prenant naissance dans la région bucco-pharyngée. L’expérience de chacun montre bien l’importance de ce facteur local, la soif étant perçue comme une sensation de sécheresse bucco-pharyngée désagréable motivant l’ingestion de liquide qui la soulage immédiatement, avant toute absorption intestinale. Le stimulus local déclenchant la sensation de soif paraît bien être cette sécheresse de la muqueuse bucco-pharyngée qui résulte d’une réduction du débit salivaire reflétant le déficit hydrique de l’organisme. Les informations partant de la bouche vers le système nerveux ont un rôle très important dans le phénomène de la satiété. Chez l’animal, dont l’œsophage est abouché à l’extérieur de telle sorte que les ingestions hydriques ne peuvent plus corriger le déficit hydrique, l’absorption de liquide entraîne une sensation de satiété. Mais cela est bref, et l’animal recommence à boire toutes les dix à quinze minutes. De toute façon, la sécheresse de la bouche n’est pas un facteur déterminant de l’équilibre hydrique de l’organisme. Ainsi, certains malades chez qui manquent les glandes salivaires ont une consommation de liquide normale bien qu’ayant une bouche très sèche.


Régulation centrale de la soif

Actuellement, tous les travaux tendent à démontrer l’existence d’une mise en jeu centrale (au niveau du cerveau) des mécanismes de la soif à partir d’informations réflexes venant de récepteurs osmotiques situés dans l’hypothalamus. Des injections directes de sérum salé hypertonique dans l’hypothalamus, de la chèvre provoquent des ingestions hydriques considérables. Anatomiquement, les centres hypothalamiques de la soif se trouveraient entre l’hypothalamus dorsal et l’hypothalamus ventral. La stimulation électrique de cette zone détermine, selon le lieu d’excitation, soit une diminution de la quantité d’urines émises avec apparition d’une soif vive, soit une soif vive seulement. Chez le rat, la destruction de ces régions détermine une adipsie (absence de soif). Il faut noter que c’est dans l’hypothalamus que se situe la zone de sécrétion de l’hormone antidiurétique et que celle-ci intervient dans les états de déshydratation pour bloquer la diurèse.

D’autre part, la régulation de la soif s’intègre dans un ensemble physiologique complexe, où interviennent par exemple la faim et la régulation thermique. Finalement, il existe une régulation locale de la soif, qui joue chez l’individu normal un rôle important, mais qui n’est ni indispensable, ni suffisante. Il n’en est pas de même de la régulation hypothalamique, qui est seule capable d’adapter précisément les ingestions hydriques en fonction de la concentration du plasma, de la température corporelle et, sans doute, du volume sanguin circulant.


Pathologie de la soif


Soif excessive

Le syndrome polyurie-polydipsie est l’association d’une émission d’urines abondantes et d’une soif intense.

Il peut s’agir soit d’un diabète* insipide, soit d’une polydipsie primaire. Le diabète insipide est dû à un manque d’hormone antidiurétique. Le sujet urine abondamment (parfois plus de 15 litres par jour) et compense cela en buvant l’équivalent. La polydipsie primaire est un trouble primitif de la soif, qui se voit chez certains névropathes atteints de potomanie. Néanmoins, il existe quelques observations de polydipsies primaires au cours de lésions de l’hypothalamus.

Il existe encore d’autres maladies où il y a polydipsie : le diabète sucré (ici la perte de sucre entraîne une perte d’eau) et les diabètes insipides néphrogéniques (d’origine rénale), où le rein ne peut plus retenir l’eau. Dans les deux cas, le sujet compense ses pertes en buvant.

• Épreuve de la soif. C’est une épreuve utilisée en milieu hospitalier pour faire la différence entre un potomane et un sujet atteint de diabète insipide vrai. Elle consiste à priver le sujet d’eau. Au bout d’un certain temps, le potomane cesse d’uriner. Par contre, le sujet atteint de diabète insipide continue à perdre son capital hydrique. Des précautions sont à prendre pour éviter les conséquences d’une perte d’eau trop abondante.


Soif insuffisante

L’adipsie peut s’observer chez des sujets normaux qui boivent des quantités minimes de liquides pendant des jours, voire des semaines. Chez le vieillard, où, fréquente et en rapport avec des perturbations de l’hypothalamus dues à l’artériosclérose, elle entraîne une déshydratation néfaste pour le fonctionnement du rein.

On observe également des adipsies au cours des névropathies et dans les cas d’anorexie mentale, perte grave de l’appétit sous la dépendance de troubles nerveux où l’hypothalamus joue un rôle important.

J. C. D.

 A. V. Wolf, Thirst (Sprinfield, Illinois, 1958). / J. Bachy, la Soif (Impr. Foulon, 1960). / J. Cotte », la Soif (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1976).

soins

Ensemble des gestes médicaux ou infirmiers destinés à faire bénéficier les malades ou les blessés des traitements convenables permettant de pallier tous les désordres, petits ou grands, qu’ils présentent avant que le diagnostic précis soit posé et après qu’il ait été affirmé et confirmé.


Les principes sur lesquels les soins sont fondés sont pratiquement univoques, mais les modalités d’application sont aussi variées que les lésions ou les affections pathologiques rencontrées chez l’homme ou chez l’animal.