Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sikkim (suite)

Le Sikkim a peu de chose à exporter. Les graines de cardamomes représentent 60 p. 100 de ses exportations. Ses gisements métallifères (cuivre, bismuth, antimoine, galène) sont inexploités. Le manque de communications a retardé son développement ; on ne compte que 1 083 km de routes, dont 273 carrossables ; le trafic caravanier reste donc prépondérant. Mais le pays a pris de l’importance par les routes qui mènent au Tibet, ce qui explique l’emprise politique accrue de l’Inde.

J. D.


L’histoire

Ce petit État himalayen constitue en fait une double marche de l’aire culturelle tibétaine face au monde indien, et vice versa. Il convient, pour être précis, de distinguer deux Sikkim : la région historique correspondant au bassin de la Tīsta et aux marges méridionales que constituent les districts méridionaux de Darjīling et de Kālimpong, et le Sikkim actuel, réduit pour l’essentiel au bassin de la Tīsta.

La famille régnante, dont l’origine tibétaine semble certaine, prétend descendre des Gyalpo du Tibet oriental. Rien ne peut être affirmé de façon catégorique. Si l’on s’en réfère aux chroniques officielles, c’est vers 1641 que ses ancêtres, venus de la région de Lhassa, auraient renversé les Lepchas qui régnaient jusqu’alors au Sikkim. Cet événement eut deux conséquences essentielles : la constitution au Sikkim d’un véritable protectorat tibétain et l’introduction du bouddhisme en tant que religion d’État.

En 1816 le piémont, région de l’actuel district de Darjīling, occupé par les Népalais, est restitué au Sikkim par les Britanniques. Ce « cadeau » devait d’ailleurs être éphémère puisqu’en 1849 la Grande-Bretagne annexera l’ensemble de cette bordure méridionale que l’on appelle le Terai (Tarāi).

Dès lors et jusqu’au début du xxe s., l’histoire des relations entre la Grande-Bretagne et le Sikkim ressemble fort au jeu du chat et la souris. L’un cherche à établir un protectorat plus ou moins officiel, l’autre tente d’y échapper.

En 1861, les Britanniques envoient une mission militaire pour obtenir un traité sinon d’amitié, du moins de bonnes relations. C’est un échec, le souverain s’étant enfui au Tibet, d’où il lancera un certain nombre d’opérations de harcèlement au Sikkim. Cette petite guerre dure jusqu’en 1890, année où une convention met le Sikkim sous protectorat britannique et en fixe les frontières.

En 1893 est installé un conseiller politique anglais auprès du souverain (fonction analogue à celle qui était en vigueur dans les « native states »). Ce nouvel empiétement britannique entraîne un ultime sursaut du souverain du Sikkim, qui va, mais en vain, tenter une dernière résistance.

Avec l’accession de l’Inde à l’indépendance en 1947 a lieu un transfert de pouvoirs des Britanniques : le nouveau gouvernement du pandit Nehru se voit chargé des relations diplomatiques, des voies de communication et de la défense du Sikkim. Le souverain du Sikkim, Tashi Namgyal, ayant en 1949 appelé les troupes indiennes pour maintenir l’ordre, le Sikkim passe en 1950 sous protectorat indien.

Ensuite, l’évolution du Sikkim n’est plus que la recherche d’un nouvel équilibre entre ses deux puissants voisins, notamment par le biais d’un désengagement au moins relatif par rapport à l’Inde.

Mais en mars 1973 de violentes manifestations conduisent le souverain à demander l’aide de l’Inde et, le 8 mai, un accord remet l’administration du territoire à un Indien, une Assemblée législative devant être élue. Après les élections d’avril 1974, une nouvelle Constitution est promulguée qui ne laisse plus qu’un rôle honorifique au souverain et renforce l’autorité de New Delhi sur le pays. Ce processus d’intégration à l’Inde est confirmée en septembre 1974 avec l’adoption d’un amendement constitutionnel donnant au Sikkim le statut d’État associé. Finalement, en mai 1975, par un autre amendement constitutionnel, le Sikkim devient le 22e État de l’Inde et la monarchie y est abolie.

J. K.

➙ Himālaya / Inde.

 G. E. S. Gorer, Himalayan Village. An Account of the Lepchas of Sikkim (Londres, 1938). / J. Morris, Living with Lepchas (Londres, 1938). / P. P. Karan et W. M. Jenkins, The Himalayan Kingdoms : Bhutan, Sikkim and Nepal (Princeton, 1963). / J. Dupuis, l’Himalaya (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).

Silésie

Région de l’Europe centrale, aux confins de la Pologne et de la Tchécoslovaquie.


Ancienne province des Habsbourg d’Autriche, puis de la Prusse, la Silésie a été découpée par les traités qui ont suivi la Première Guerre mondiale. Le nom de Silésie demeure comme terme géographique plus qu’administratif et s’applique à trois régions.

• La Silésie tchèque, autour de la ville d’Ostrava*, fait partie de la région de la haute Moravie, mais avec des caractères spécifiques : primauté de l’extraction de la nouille (dont la majeure partie est cokéfiable) ; présence d’aciéries ; paysages traditionnels de corons et de terrils, mais aussi villes nouvelles de grande taille conçues pour les mineurs. Elle n’a pas de rapport avec la haute Silésie polonaise, les couches de charbon s’ensevelissant ou s’interrompant, mais elle pourrait améliorer ses relations, surtout commerciales, avec la construction du canal Danube-Odra, qui la traversera et facilitera les échanges avec les provinces industrielles voisines.

• La basse Silésie polonaise (en polon. Śląska Nizina) se développe de chaque côté de la rivière Odra, essentiellement dans le district d’Opole. Elle est loin d’avoir la même importance économique que la haute Silésie. Belle plaine alluviale, bordée de terrasses couvertes de lœss, c’est une terre d’agriculture, de villes petites et moyennes, dominées par la capitale de voïévodie, Opole.

• La troisième Silésie, la haute Silésie polonaise (en polon. Śląska Wiżyna), est la seule qui sera traitée ici. Elle correspond à ce qu’on nomme communément aujourd’hui « Silésie ». De l’ancienne Silésie historique, c’est de loin le territoire le plus peuplé, le plus actif.