Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Atlantique (océan) (suite)

Toutefois, les réserves alimentaires de surface s’épuisent vite : aussi, les régions de l’Atlantique où la production organique primaire est le plus importante sont celles où les eaux froides profondes (de fond ou intermédiaires), plus riches en oxygène, en nitrates et en phosphates, peuvent remonter vers la surface et y entretenir une éclosion planctonique permanente ou saisonnière. Les aires marines soumises au brassage par convection thermique (comme dans les moyennes latitudes), à l’upwelling (courants des Canaries ou de Benguela) ou aux phénomènes de divergences (équatoriales et antarctiques) constituent des zones de pêche activement prospectées.

Largement brassées, les plates-formes de l’Atlantique sont recouvertes de sédiments détritiques terrigènes (en partie quaternaires), complétés par des apports actuels remaniés par les houles et les courants. Mais, en dessous de 200 m, les fonds sont alimentés par une pluie continuelle de particules terrigènes ou planctoniques. Parmi les premières, il convient de signaler les sables transportés par les alizés, puis par les courants jusqu’à la dorsale, ou les produits volcaniques, donnant des boues spéciales, comme dans les parages des grands archipels (les Canaries, les Açores ou les îles du Cap-Vert).

Les tests d’organismes pélagiques tombés sur le fond constituent des boues biogènes, regroupées en deux catégories. Les unes sont calcaires, essentiellement représentées par des boues à globigérines abondantes dans l’Atlantique oriental ; les boues à ptéropodes sont rares. Les autres boues sont siliceuses, faites de tests de diatomées, dont l’extension est restreinte à une zone virtuellement continue dans les régions tempérées australes. Dans les bassins occidentaux, plus profonds et parcourus par des eaux polaires, les tests calcaires sont dissous avant d’atteindre le fond et forment une boue brunâtre connue sous le nom d’argile rouge.

Au pied des précontinents, les sédiments terrigènes remis en suspension par des éboulements, des secousses telluriques ou des apports turbides de grands fleuves sont entraînés par des courants de boue et déposés en lits alternant avec des dépôts pélagiques : ce sont les turbidites.

L’Atlantique offre un intérêt humain considérable. Son riche plancton permet une pêche active, dont les prises représentent la moitié de toutes celles qui sont effectuées dans les mers du globe. En grande partie localisées dans les eaux précontinentales, les grandes zones de pêche se répartissent comme suit : Atlantique du Nord-Est, 48 p. 100 ; mers bordant l’Amérique du Nord, 26 p. 100 ; Atlantique oriental, 15 p. 100 ; Atlantique austral, 11 p. 100. Mais l’océan Atlantique unit surtout des civilisations ayant entre elles des affinités qui tiennent à une histoire commune (coloniale pour partie) et à l’interpénétration croissante des relations et des systèmes économiques et sociaux.

Dans l’Atlantique Nord, bordé de régions très peuplées et industrialisées, s’est donc établie la plus intense circulation maritime et aérienne du monde à partir d’un très dense réseau de ports et d’aérodromes. Sur ce grand axe de l’économie mondiale viennent se greffer d’autres routes, entre autres celles qui proviennent de régions tropicales alimentant en produits agricoles et miniers les grands foyers industriels de l’hémisphère Nord. Ce trafic, qui représente 70 p. 100 des échanges mondiaux maritimes, bénéficie de conditions extrêmement favorables : équipement et capacité des flottes maritimes et aériennes, extension des chaînes de radionavigation, perfectionnement du réseau de télécommunications (câbles téléphoniques, satellites artificiels), installation d’un réseau de surveillance et de prévisions météorologiques assurant la sécurité des routes.

La surveillance de l’Atlantique

La connaissance du comportement de l’Atlantique et de son atmosphère est nécessaire pour assurer la sécurité des routes maritimes et aériennes. Sur l’Atlantique, les observations sont recueillies par :

• les services hydrographiques des pays riverains, dont le plus actif est l’United States Coast Guard and Geodetic Survey (U S C G S), qui s’occupe d’océanographie physique (houles, glaces), médicale (pollution, marée noire) et même militaire ;

• l’Organisation météorologique mondiale (O. M. M.), qui fournit aux navigateurs la prédiction des types de temps et des états de la mer.

Traditionnellement, les données nécessaires sont recueillies à l’aide de navires. Pour sa part, l’U S C G S en possède 400, dont une partie est affectée à la Patrouille des glaces (Ice Patrol), chargée de la surveillance des icebergs dans l’Atlantique du Nord-Ouest. L’O. M. M. utilise les services de plusieurs centaines de navires sélectionnés et gère le fonctionnement des N. M. S. (navires météorologiques stationnaires), qui croisent en permanence autour de neuf positions remarquables de l’Atlantique Nord (points A, B, C, D, E, I, J, K et M). Il n’en existe pas dans l’hémisphère Sud : seuls les garde-côtes américains y effectuent quelques stations de longue durée.

La suppression de N. M. S. en 1975 est le signe d’un profond changement dans les méthodes océanographiques. Pour les eaux côtières, on a mouillé des bateaux-feux (comme en Baltique ou en mer du Nord) et, plus récemment, des plates-formes (comme au large des États-Unis, où douze sont prévues). Mais de nombreux renseignements complémentaires sont fournis par des avions : 150 sont affectés par l’U S C G S à l’étude des glaces et à leur dérive. L’Oceanographic Air Survey Unit est une escadrille spécialement organisée pour la recherche océanographique et notamment pour mesurer la température des eaux, à l’aide d’un thermomètre infrarouge. L’United States Oceanographic Office publie à l’intention des navigateurs un bulletin mensuel, The Gulf Stream, qui donne la position du courant au début et à la fin de chaque mois, et les tracés moyens au cours de cette période. Dans les régions tropicales, l’escadrille des « chasseurs de cyclones » est chargée de surveiller le dynamisme et le déplacement des ouragans ; c’est à elle que furent confiées les diverses tentatives faites au large des Grandes Antilles pour réduire par ensemencement l’instabilité des cyclones. De plus en plus, on a recours aux satellites artificiels, dont le réseau sera complété par celui de bouées automatiques. Toutes les données sur l’Atlantique sont transmises au Centre océanographique de Washington, qui en assure l’archivage sous forme d’enregistrements magnétiques.