Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sciatiques (nerf et névralgie) (suite)

• Manifestations cliniques. La sciatique vertébrale commune est une maladie de l’adulte entre trente et cinquante ans. Elle débute souvent, à la suite d’un effort de soulèvement, par des douleurs lombaires médianes ou latérales d’intensité variable (lombalgie simple ou courbature, ou lumbago aigu) ; puis apparaît la douleur sciatique, d’intensité variable, simple tiraillement ou, au contraire, douleur très vive dans la fesse ou le mollet.

Cette douleur est exagérée par la station debout, la marche, la toux, les efforts de poussée abdominale.

L’étude attentive de son trajet permet de préciser la racine atteinte, suivant que la douleur adopte un trajet postérieur ou latéral à la cuisse et à la jambe.

Le plus souvent, la douleur s’accompagne d’impression de fourmillement, de picotement, de pied mort.

À l’examen clinique, on note des modifications de la statique, des attitudes antalgiques (pour réduire la douleur), une limitation des mouvements de la colonne vertébrale.

L’examen du membre inférieur permet de mettre en évidence le signe de Lasègue : le malade étant couché sur le dos, on réveille plus ou moins la douleur sciatique en soulevant son membre inférieur, genou en extension ; cette manœuvre provoque un étirement de la racine du nerf où siège l’inflammation. On s’explique aisément que la douleur provoquée arrête le mouvement du membre, qui ne peut pas être amené à angle droit par rapport au tronc.

L’exploration de la sensibilité cutanée, des réflexes, de la motricité permet de faire la différence entre la sciatique par lésion de la racine L5 et la sciatique par lésion de la racine S1 (fig. 3). Toute sciatique bilatérale doit être considérée a priori comme une sciatique dite « symptomatique », c’est-à-dire consécutive à une autre maladie.

Enfin, il est des sciatiques paralysantes dues à une atteinte des fibres motrices, dont le pronostic est plus grave.

Les radiographies facilitent le diagnostic de la sciatique en montrant des modifications des espaces intervertébraux (tassement ou bâillement). L’évolution de la sciatique est des plus variables : en règle générale, avec le traitement médical, elle doit guérir en moins de trois mois, mais elle peut récidiver à l’occasion d’efforts plus ou moins importants, et, devant une sciatique qui ne guérit pas au bout de six mois, il est de règle d’envisager une intervention chirurgicale ayant pour objet de libérer les racines comprimées.


Les sciatiques symptomatiques

Si la plupart des sciatiques sont dues à un conflit disco-radiculaire, il existe cependant des causes plus rares : les malformations congénitales du rachis lombaire, la tuberculose du rachis ou mal de Pott, les cancers secondaires des os, les tumeurs nerveuses.

Les manifestations de ces différentes affections ressemblent à celles de la sciatique commune, mais divers signes, telle la bilatéralité de l’atteinte, ou la présence d’autres anomalies attirent l’attention, et la radiographie, sans préparation ou après injection de produit de contraste dans le canal rachidien, permet le diagnostic. Le traitement est alors celui de l’affection en cause.

J. E. et C. V.

 J. R. Armstrong, Lumbar Disc Lesions. Pathogenesis and Treatment of Low Back Pain and Sciatics (Baltimore, 1952 ; 3e éd., 1965). / J.-B. Paolaggi, Que faire devant une sciatique ? (Masson, 1973).

science

Ensemble des connaissances acquises par la découverte des lois des phénomènes, l’épistémologie visant à fonder ces connaissances.



Le concept d’« histoire des sciences »

Malgré son « droit de cité » conquis de haute lutte au xviiie s. parmi les disciplines scientifiques, l’histoire des sciences n’en laisse pas moins d’être problématique.

C’est qu’elle recouvre le domaine de l’histoire en même temps que celui de la science ; c’est qu’elle doit être attentive aux exigences de l’historien sans ignorer les revendications du savant. Pour mieux dire, elle ne doit pas sacrifier la « comédie des erreurs » au « sérieux de la vérité ».

« Vérité », « erreur » — lot quotidien de l’historien des sciences — ne s’offrent-elles pas comme les concepts privilégiés de la réflexion philosophique ou de l’épistémologie ?

Autant dire que l’historien des sciences ne peut éviter d’aborder les problèmes philosophiques ou, plus précisément, épistémologiques.

Deux remarques suffiront à révéler l’acuité de ce type d’interrogation :
— Comment dresser la liste des théories scientifiques sans connaître la qualité de l’événement scientifique, sans avoir, au préalable, explicité les critères de la scientificité ?
— Si l’historien des sciences ne saurait négliger les erreurs de l’esprit scientifique, il doit pouvoir en juger pour les reconnaître comme telles.

Du même coup, l’historien des sciences se trouve légitimé : non pas produire l’histoire des sciences, mais projeter une histoire de l’histoire des sciences, une histoire exemplaire contenant et rendant compte de la diversité des prises de position épistémologiques des historiens des sciences. Exemplaire puisqu’il s’agit d’expliciter le sens de l’« histoire des sciences » et d’interroger le concept même d’« histoire des sciences ».

L’histoire des sciences comme discipline indépendante et pourvue d’une méthodologie propre s’impose au xviiie s. Elle revient à manifester le progrès de l’esprit humain. Si le xviiie s. a inventé ou, tout au moins, systématisé la notion de « progrès », c’est qu’il importait aux philosophes de ce siècle de préserver un acquis théorique considéré comme définitif : la science newtonienne. On recueillera l’aveu de cette illusion progressiste en commentant l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1795) de Condorcet*.

La philosophie du xixe s., loin de naître du « succès » — ou d’une conscience de succès —, surgit à l’occasion d’une crise : la Révolution française.