Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Scarlatti (Domenico) (suite)

L’on n’a pas, jusqu’à ce jour, découvert un seul manuscrit autographe de Domenico Scarlatti. Il existe par contre de nombreuses copies de pièces destinées à Maria Barbara. Aucune de ses œuvres ne fut publiée en Italie de son vivant, mais ses Essercizi furent réédités à Londres en 1739 par Roseingrave. Par la suite, d’autres publications anglaises furent réimprimées en Hollande et en France. En 1839, Karl Czerny (1791-1857) fit connaître, dans divers recueils, plus de 200 sonates, ce qui permit de se rendre compte de l’étendue de l’œuvre de Scarlatti. De nos jours, Ralph Kirkpatrick a établi une chronologie qui met en valeur l’évolution de son style.

A. V.

 A. Longo, Domenico Scarlatti e la sua figura nella storia della musica (Naples, 1913). / W. Gerstenberg, Die Klavierkompositionen Domenico Scarlattis (Ratisbonne, 1953). / S. Sitwell, A Background for Domenico Scarlatti (Londres, 1935). / C. Valabrega, Il clavicembalista Domenico Scarlatti, il suo secolo, la sua opera (Modène, 1937 ; 2e éd., Bologne, 1955). / S. A. Luciani, Domenico Scarlatti (Turin, 1939). / H. M. Siccardi, Domenico Scarlatti a través de sus sonatas (Buenos Aires, 1945). / R. Kirkpatrick, D. Scarlatti (Princeton, 1953 ; 3e éd., New York, 1962). / M. Bogianchino, L’Arte clavicembalistica di Domenico Scarlatti (Rome, 1956). / H. Keller, Domenico Scarlatti. Ein Meister des Klaviers (Leipzig, 1957).

scénaristes

Personnes chargées de développer le sujet d’un film dont elles ne sont pas nécessairement l’auteur.


Le scénario est un exposé détaillé des événements et des situations du film. Il peut être original ou être l’adaptation d’un roman, d’une nouvelle, d’une pièce de théâtre.

D’abord, le cinéma fut image, et image seule. Que ce soit chez Thomas A. Edison ou chez Louis Lumière, il eut presque exclusivement pour but de photographier la réalité et d’en restituer le mouvement. Un cheval sautant, un danseur de corde ou la sortie des employés d’usine furent parmi les sujets pris sur le vif que traitèrent les inventeurs du cinématographe. Sujets, mais non point scénarios : la durée de chacun de ces premiers films ne permettait guère un développement. Ensuite apparurent les « scènes de genre », et enfin les « actualités ». On photographiait le music-hall et le théâtre. On imitait beaucoup, on n’inventait pas encore.

Avec Ferdinand Zecca apparurent les premières adaptations de romans : les Victimes de l’alcoolisme (1902) transposaient à l’écran quelques-uns des plus célèbres épisodes de l’Assommoir de Zola. Tout en reconnaissant l’importance d’un Georges Méliès, qui a bel et bien donné ses lettres de noblesse au film narratif, dont les procédés furent par la suite utilisés aux États-Unis par le cinéaste Edwin S. Porter (le Vol du grand rapide, 1903), et si les compagnies Vitagraph et Biograph alternèrent scènes de la vie réelle et mise en film de pièces célèbres (celles de Shakespeare par exemple), il faut bien avouer que le scénario n’existait alors encore qu’à l’état embryonnaire. Les premiers véritables scénaristes furent le producteur et réalisateur Thomas H. Ince* et son collaborateur attitré Gardner Sullivan. Ce dernier fut le premier à établir en Amérique un manuscrit détaillé plan par plan et qui comportait de minutieuses indications. Ce travail achevé, il confiait la direction de la mise en scène à des assistants qui avaient pour tâche principale de se conformer aux instructions écrites. Ainsi naquirent scénario et découpage.

Par la suite, la plupart des films tournés étant des adaptations de romans ou de pièces, les scénaristes furent avant tout des « adaptateurs », se contentant de mettre au point une continuité dont le metteur en scène ferait lui-même le découpage. Fait curieux, ce travail fut à l’époque un travail de femmes. Parmi les scénaristes alors en vogue, on peut citer June Mathis, Sonya Levien et surtout Frances Marion, qui travailla pour des comédiens particuliers, Mary Pickford d’abord, Rudolph Valentino ensuite, Greta Garbo enfin. Le scénario « original », construit et découpé par un auteur, ne se développa guère avant 1922, soit que les films se contentent de transposer des œuvres existant déjà, soit que le metteur en scène soit lui-même son propre scénariste.

David W. Griffith*, lorsqu’il tournait, assurait, outre la mise en scène, le décor, la photographie, la musique et le scénario, qui n’était à vrai dire qu’un schéma, le découpage étant en partie improvisé sur le terrain. Quant à Charles Chaplin*, il était lui aussi son propre fournisseur de « scripts », réduits pour la plupart à de brefs synopsis.

Les premiers scénaristes attitrés de l’époque du muet firent leur apparition autour des années 20-22. Henrik Galeen, en Allemagne, fut le collaborateur de Paul Wegener, le second filmant le scénario du premier. De leur association naquit le cinéma expressionniste : le Golem (1914). Toujours en Allemagne, Carl Mayer et Hans Kräly opposèrent aux adaptations théâtrales d’Ernst Lubitsch un style d’écriture cinématographique alors complètement inconnu. La collaboration de Mayer avec Friedrich Wilhelm Murnau ou Lupu-Pick, celle de Jules Furthman avec Josef von Sternberg aux États-Unis révolutionnèrent la conception du scénario d’une part, celle d’une production de film d’autre part. Les équipes scénaristes - metteurs en scène étaient nées.

Jusqu’à l’arrivée du parlant, le cinéma français méconnut presque totalement la fonction du scénariste. Dans la grande majorité des cas, des cinéastes comme Marcel L’Herbier (El Dorado, 1921) ou Abel Gance* (qui avait débuté comme « scénariste » chez Pathé en 1914) écrivirent eux-mêmes leurs films. Ce fut seulement dans les années 30 qu’en France comme aux États-Unis, en Italie ou au Japon débuta la grande période des scénaristes. En France, on leur doit la naissance du réalisme poétique. Charles Spaak travailla avec Jacques Feyder et Julien Duvivier ; Jean Aurenche et Pierre Bost firent très longtemps équipe avec Claude Autant-Lara, Jacques Prévert écrivit des films pour Jean Renoir* et surtout pour Marcel Carné*. À qui, du scénariste ou du metteur en scène, reviennent aujourd’hui les mérites de la Belle Équipe (1936) ou des Enfants du paradis (1944) ? À l’étroite association des deux, sans aucun doute.