Saumur (suite)
Bien tracée, avenante dans la tonalité claire de ses maisons de tuffeau, reconstruite dans un goût sobre après les meurtriers combats de juin 1940 (quartier des Ponts dans l’île Offard, faubourg de la Croix-Verte sur la rive droite), elle a gardé dans ses quartiers centraux ses commerces, ses services et sa mentalité bourgeoise. Le contraste est total avec la ville nouvelle, qui, au sud, abrite dans la Z. U. P. du Chemin Vert toute une population ouvrière. Trois zones industrielles, au Clos-Bonnet, à Chacé et à Saint-Lambert-des-Levées, totalisent 71 ha. Même s’il reste beaucoup à faire (insuffisances de l’emploi et de la formation professionnelle, déficit migratoire, lenteur de l’accroissement [3 p. 100 entre 1962 et 1968], coupures des vallées inondables nuisant à l’unité du plan), la constitution d’un district de sept communes en 1965 et la fusion de cinq d’entre elles en 1973 reflètent bien pour Saumur une orientation nouvelle (50 000 habitants prévus pour 1985).
Y. B.
L’art à Saumur
Aux portes de la ville, l’allée couverte de Bagneux témoigne d’une occupation préhistorique, tandis que le couvent moderne du Bon-Pasteur à Saint-Hilaire-Saint-Florent conserve des éléments (crypte romane, porche de style gothique angevin transformé en chapelle) de l’ancienne abbaye de Saint-Florent, fondée au xie s.
Dominant Saumur, le château fut élevé dans la seconde moitié du xive s. pour Louis Ier de Sicile, duc d’Anjou, sur les parties basses de la forteresse antérieure. Remanié par le roi René Ier* le Bon, cet ensemble, d’un style gothique raffiné, abrite aujourd’hui deux musées municipaux, dont l’un consacré au Cheval. Le musée des Arts décoratifs regroupe dans une présentation agréable des collections préhistoriques et gallo-romaines, des objets d’art du Moyen Âge et de la Renaissance, des meubles, des tapisseries et un remarquable ensemble de faïences (Nevers, Rouen) et de porcelaines.
Édifice roman que Louis XI fit augmenter d’une chapelle de style flamboyant, l’église Notre-Dame-de-Nantilly possède plus de vingt tapisseries, exposées par roulement ou déposées au musée des Arts décoratifs : Couronnement de Vespasien et Siège de Jérusalem (Tournai, 3e tiers du xve s.), Bal des Sauvages, Arbre de Jessé (1529), diverses scènes de la Vie de la Vierge (xvie s.), de la Vie du Christ et de la Vie de saint Pierre (xviie s.)... L’église Saint-Pierre, dont la nef présente des voûtes gothiques bombées de type angevin conserve d’autres tapisseries, notamment une tenture de la Vie de saint Florent (six pièces, 1524).
L’hôtel de ville est un bâtiment gothique du début du xvie s. (additions du xixe), dont la façade tournée vers la Loire, surmontée de mâchicoulis et d’échauguettes, faisait à l’origine partie de l’enceinte fortifiée de Saumur. Tout à côté se trouve la chapelle Saint-Jean, construite au début du xiiie s. par les frères Hospitaliers, avec d’élégantes voûtes angevines. Un autre édifice gothique, sur l’île Offard, est la maison de la reine de Sicile, construite au début du xve s. pour Yolande d’Aragon, épouse de Louis II de Sicile et mère du roi René Ier.
De l’âge classique, Saumur possède, outre les bâtiments de son école de cavalerie, l’église Notre-Dame-des-Ardilliers, construite pour l’essentiel dans la seconde moitié du xviie s. (à une époque où cette « capitale du protestantisme » va avoir à souffrir de la révocation de l’édit de Nantes), sur un lieu de pèlerinage situé au bord du fleuve, en amont de la ville. Sa belle rotonde de 20 m de diamètre, à deux étages de pilastres corinthiens soutenant une coupole à lanternon, a été parfaitement restaurée après les bombardements de 1940.
G. G.
➙ Anjou / Loire (Pays de la) / Maine-et-Loire.