Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Satie (Erik) (suite)

Henri Sauguet (de son nom véritable, Henri Poupard) [Bordeaux 1901] est le plus prolifique du groupe d’Arcueil : une sensibilité, une spontanéité et un lyrisme naturels lui ont permis de réussir dans tous les domaines (symphonies, concertos, quatuors, mélodies), mais surtout dans les ouvrages pour la scène : opéras (la Chartreuse de Parme, 1939 ; les Caprices de Marianne, 1954), ballets (la Chatte, 1927 ; les Mirages, 1943 ; les Forains, 1945 ; la Dame aux camélias, 1957), pièces de Büchner, de Giraudoux, de Supervielle et films de M. L’Herbier, de G. Rouquier.

Y. G.

 D. Milhaud, Études (André Delpeuch, 1928). / P. D. Templier, Erik Satie (Rieder, 1933). / A. Cortot, la Musique française de piano, t. III : les Six et le piano (P. U. F., 1944). / R. Myers, Erik Satie (Londres, 1948 ; trad. fr., Gallimard, 1959). / Erik Satie. Son temps et ses amis, numéro spécial de la Revue musicale (Richard Masse, 1952). / C. Rostand, la Musique française contemporaine (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 4e éd., 1971). / P. Collaer, la Musique moderne (Elsevier, 1955 ; nouv. éd., Meddens, Bruxelles, 1964). / V. Jankelevitch, le Nocturne. Fauré, Chopin et la nuit. Satie et le matin (A. Michel, 1957). / J. Roy, Musique française (nouv. éd., Debresse, 1962). / Roger Désormière et son temps (Éd. du Rocher, Monaco, 1966). / A. Rey, Erik Satie (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1974).

saumâtre

Se dit des eaux salées lorsque leur salinité est inférieure à celle des océans.


Si, dans le langage courant, le terme de saumâtre s’applique à tout ce qui a goût d’eau de mer, les biologistes se sont accordés pour le réserver aux eaux dont la salinité* est intermédiaire entre l’eau douce et l’eau salée à 35 p. 1 000 environ, caractéristique des océans.

Une eau saumâtre peut donc être considérée dans tous les cas comme un mélange d’eau douce (pure) et d’eau marine en proportions variables. Suivant ces proportions, des classes d’eaux saumâtres ont été distinguées. Les plus couramment acceptées sont les suivantes :
— milieu hyperhalin, de salinité supérieure à 40 p. 1 000 (on dit parfois métahalin) ;
— milieu euhalin, de salinité comprise entre 30 et 40 p. 1 000 ;
— milieu mixopolyhalin, de salinité comprise entre 18 et 30 p. 1 000 ;
— milieu mixomésohalin, de salinité comprise entre 5 et 18 p. 1 000 ;
— milieu mixo-oligohalin, de salinité comprise entre 0,5 et 5 p. 1 000 ;
— milieu limnique, de salinité inférieure à 0,5 p. 1 000.

Le domaine mixomésohalin est, d’autre part, divisé en α-mésohalin (de 10 à 18 p. 1 000 de salinité) et β-mésohalin (de 5 à 10 p. 1 000).

Il y a par ailleurs deux types de milieux saumâtres : les milieux homoïohalins, qui sont relativement constants et les milieux poïkilohalins, qui présentent des variations de salinité importantes dans le temps, soit par suite des apports d’eau douce ou salée, soit pour des raisons d’ordre climatique.

Dans les zones arides à climat tempéré ou chaud, la salinité des eaux est due non pas à des apports d’eau de mer, mais à la concentration des sels contenus dans les eaux continentales affluentes. Ces milieux sont hétérohalins.

Du point de vue écologique, on peut distinguer deux types de milieux d’eaux saumâtres : les milieux ouverts, embouchures de fleuves, baies profondes à apports importants d’eaux continentales, certains lacs littoraux largement ouverts sur la mer (lac Maracaibo au Venezuela) et certains lacs et mers intérieurs (Caspienne, Baltique, mer Noire, etc.) ; les milieux fermés, lagunes, lacs plus ou moins temporaires, dont les variations de salinité sont le plus souvent assez rapides et en relation soit avec un phénomène climatique (assèchement, augmentation de salure), soit avec un phénomène hydrologique (apports d’eaux douces et d’eaux salées, précipitations).

Les premiers sont le plus souvent homoïohalins, tandis que les seconds sont généralement poïkilohalins.

Les organismes adaptés à la vie en milieu saumâtre sont dits « halobiontes ». Ils sont de plusieurs catégories : ceux qui, euryhalins, proviennent soit de l’eau de mer, soit des eaux douces et ceux qui sont plus spécialement inféodés aux eaux à salinité faible (eaux homoïohalines). À l’intérieur d’un même genre zoologique, certaines espèces préfèrent des milieux plus ou moins constamment salés. Ainsi, les petits Mollusques du genre Hydrobia se répartissent en fonction d’une salinité décroissante de la manière suivante : H. ulvæ (de 33 à 10 p. 1 000), H. neglecta (de 24 à 10 p. 1 000), H. ventrosa (de 20 à 6 p. 1 000). D’autres espèces passent volontiers du milieu marin au milieu limnique en colonisant tous les milieux intermédiaires, tel le Crabe chinois (Eriocheir sinensis), qui grandit en eau douce, pond en eau saumâtre, va incuber ses œufs en eau marine, revient vers les eaux dessalées, où les œufs éclosent et donnent des larves, dont le dernier stade remonte vers l’eau douce.

De nombreux Vers (Polychètes, Nématodes, Turbellariés), des Bryozoaires et des Crustacés d’origine marine colonisent le milieu saumâtre. Parmi ces derniers, les Amphipodes (notamment Corophium), les Isopodes (Sphæroma, Cyathura, Idothea) et certains Copépodes (Laophonte, Cletocamptus, Onychocamptus) y occupent une place particulière. Les organismes provenant des eaux douces sont représentés par des Rotifères, dont Filinia longiseta, plusieurs Keratella, des Brachionus, et un certain nombre d’Infusoires ciliés (Euplotes, Holophrya...). S’y ajoutent des Phanérogames, telles les Utriculaires, des Cladocères et d’autres Branchiopodes (Artemia), des larves d’Insectes (Diptères, Chironomides, Odonates), etc.

Les eaux saumâtres, tout particulièrement les eaux poïkilohalines, se caractérisent par leur pauvreté en espèces (rares, en effet, sont les formes adaptées aux variations de salinité) et par le nombre souvent colossal d’individus qui les représentent (plus de 50 000 Amphipodes ou Isopodes au mètre carré dans les milieux saumâtres littoraux français atlantiques).

Certains milieux homoïohalins sont assez constants et particuliers pour permettre la survie d’espèces endémiques adaptées. L’Isopode Idothea entomon vit ainsi en mer Baltique et dans quelques lacs voisins, en compagnie du Poisson Cottus quadricornis. Le Polychète Hypania invalida peuple la mer Noire.

La salinité plus ou moins forte et variable des milieux saumâtres non seulement influence la répartition des espèces, mais aussi exerce une action sur la forme des individus. Chez le Crustacé Artemia salina par exemple, la « furca » est d’autant plus courte que la salinité du milieu est plus importante (v. Branchiopodes).

B. D.

 B. Dussart, Limnologie. L’étude des eaux continentales (Gauthier-Villars, 1966). / G. H. Lauff (sous la dir. de), Estuaries (New York, 1967).