Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Ruanda (suite)

 P. Gourou, la Densité de la population au Ruanda-Urundi (Institut royal colonial belge, Bruxelles, 1953). / J.-J. Maquet, le Système des relations sociales dans le Rwanda ancien (Musée royal du Congo belge, Tervuren, 1955). / P. Leurquin, le Niveau de vie des populations rurales au Ruanda-Urundi (Nauwelaerts, Louvain, 1961). / J. Vansina, l’Évolution du royaume Rwanda des origines à 1900 (Acad. royale des sciences d’outre-mer, Bruxelles, 1962). / M. d’Hertefelt, A. Trouwborst et J. H. Scherer, les Anciens Royaumes de la zone interlacustre méridionale : Rwanda, Burundi, Buha (Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, 1964). / K. H. Hausner et B. Jezic, Rwanda, Burundi (Bonn, 1968). / R. Lemarchand, Rwanda and Burundi (New York, 1970). / A. Kagame, Un abrégé de l’ethnohistoire du Rwanda (Butare, 1972).

Rubens (Petrus Paulus)

Peintre flamand (Siegen, Westphalie, 1577 - Anvers 1640).


Né d’une famille de la bourgeoisie anversoise réfugiée en Allemagne à la suite des troubles religieux qui agitèrent les Pays-Bas, Rubens vécut pendant plusieurs années à Cologne. Après la mort du père en 1587, Maria Pypelinckx, la mère, rentre à Anvers avec ses enfants. Le jeune Rubens est placé dans une école privée, où il rencontre Balthasar Moretus (1574-1641), le petit-fils de Christophe Plantin, dont il deviendra l’ami et parfois le collaborateur, puis il fait sou apprentissage de peintre chez trois artistes secondaires : Tobias Verhaecht (1561-1631), Adam Van Noort (1562-1641), également maître de Jacob Jordaens*, et Otto Vaenius (1558-1629). Ce dernier, qui avait séjourné plus de cinq ans en Italie, était entièrement conquis à l’art des maîtres transalpins du xvie s.


L’Italie, Mantoue, Rome, l’Espagne

Reçu franc-maître à la gilde de Saint-Luc en 1598, inscrit comme « Peeter Rubbens », le jeune homme entreprend à son tour, en 1600, le traditionnel voyage « au-delà des monts », selon la formule en usage chez les peintres flamands. Après avoir visite plusieurs villes, dont Florence, où il assiste au mariage par procuration de Marie de Médicis, il entre au service de Vincent de Gonzague, duc de Mantoue, personnage brillant, collectionneur d’œuvres d’art, comme d’animaux réputés sauvages, et protecteur des artistes : Claudio Monteverdi* est son maître de chapelle, et Frans Pourbus le Jeune (1569-1622) le peintre de sa cour. Engagé pour copier des tableaux. Rubens réussit, au bout de quelques mois, a se faire envoyer a Rome sous prétexte de parfaire ses études. Il y fait ses débuts en peignant trois tableaux d’autel pour l’église Santa Croce in Gerusalemme : Sainte Hélène, le Couronnement d’épines et l’Érection de la croix (auj. à l’hôpital du Petit-Paris, Grasse), très influencés par les maîtres italiens. En 1603, le duc de Mantoue le charge de convoyer en Espagne des présents destinés à Philippe III, lesquels sont remis au roi par le résident mantouan, au grand dépit du peintre, dont le rôle se limite à remplacer un « Démocrite » et un « Héraclite » endommagés au cours du voyage. Néanmoins, Rubens réussit à peindre un portrait équestre du Premier ministre, le tout-puissant duc de Lerma.

De retour à Mantoue, il y peint trois grands tableaux pour l’église des Jésuites, dont un Baptême du Christ (musée d’Anvers) et la Transfiguration du Christ (musée de Nancy). Puis, de nouveau à Rome, il peint également trois grands tableaux (sur ardoise) pour l’église Santa Maria in Valicella, dite Chiesa Nuova. Toutes ces œuvres sont fortement influencées par les maîtres italiens.


Le retour à Anvers

Ayant reçu de mauvaises nouvelles de sa mère. Rubens quitte précipitamment Rome pour Anvers (1608), mais cette femme admirable est morte quand il arrive. Aussitôt, des efforts sont entrepris pour garder Rubens au pays. Les archiducs Albert (1599-1621) et Isabelle (1599-1633), qui règnent sur les Pays-Bas espagnols, le nomment peintre de leur hôtel et lui commandent leur portrait. À Anvers, Rubens est accueilli dans la confrérie des romanistes, dont Jan Bruegel*, dit « de Velours », est le doyen — fonction qu’il exercera lui-même en 1613 —, et la municipalité lui commande une Adoration des Mages (Prado, Madrid), destinée à décorer l’hôtel de ville. Rubens restera à Anvers, et le souvenir de l’Italie ne se retrouvera que dans sa signature, qui ne changera jamais : « Pietro Paolo Rubens ».

Il se marie en 1609 avec Isabella Brant (ou Brandt), qui lui donnera une fille, Clara Serena, morte à douze ans, en 1623, et deux fils, Albert et Nicolas (baptisés en 1614 et en 1618). Anvers ne cessera de le combler. En 1610, Rubens est dispensé du paiement d’impôts, et il sera exempté de l’obligation d’inscrire ses élèves à la gilde de Saint-Luc.

Dès lors va se développer une carrière exceptionnelle, tant par l’abondance de l’œuvre que par un succès persistant. Ce succès s’explique par un style qui répond aux conceptions esthétiques de la Contre-Réforme*, issues du concile de Trente*. Prenant le contre-pied de la rigueur calviniste, la religion catholique se veut séduisante. Rubens répond à cette tendance par un baroquisme éloquent, qui transforme les épisodes les plus dramatiques en pages chatoyantes.

Deux nouvelles commandes (1610-11) vont asseoir définitivement sa réputation : l’Érection de la croix et la Descente de croix (cathédrale d’Anvers), œuvres qui ne sont pas exemptes de souvenir caravagesque, mais qui affirment la personnalité du peintre par la fougue du dessin et par ce goût, qui lui est propre, des puissantes musculatures. Cependant, s’il demeure le fournisseur infatigable de sujets religieux, Rubens accuse ses goûts humanistes par de nombreux emprunts à la mythologie — « Vénus et Adonis », « la toilette de Vénus », « Vénus, Amor, Bacchus et Mars » et tant d’autres —, qui sont prétextes à peindre des nus. C’est la grande dilection du peintre, avec une préférence marquée pour le nu féminin, et, comme les sujets religieux ne s’y prêtent guère — la chaste Suzanne est une des rares exceptions —. Rubens fait sans cesse appel aux dieux de l’Olympe.